Présentée dans le cadre de la première session des Late Breaking Clinical Trials de l'édition 2017 du congrès de l'ESC, jouée à guichets fermés, l'étude CASTLE, pilotée conjointement par l'américain Nasir F. Marrouche (CARMA Center, Salt Lake City, Utah, USA) et l'allemand Johannes Brachmann (Cobourg, Allemagne), clôt (momentanément?) un débat qui, depuis longtemps, agite le monde de la rythmologie, celui du traitement le plus bénéfique de la fibrillation auriculaire (FA) chez des patients présentant une décompensation cardiaque gauche.
En réduisant de façon significative tant la mortalité toute cause que les hospitalisations pour aggravation de la décompensation cardiaque, l'ablation de FA par radiofréquence s'impose devant le traitement pharmacologique traditionnel comme l'option à désormais privilégier chez les patients décompensés cardiaques présentant une FA.
FA et DC: un lien étroit
Rien qu'en Europe, la fibrillation auriculaire affecte près de 4,5 millions d'individus. Fréquent, ce trouble du rythme engendre aussi de lourdes conséquences puisqu'il accroît le risque d'AVC, réduit l'espérance de vie et impacte la qualité de vie des patients. FA et décompensation cardiaque sont doublement liés. D'abord parce que la FA, en désynchronisant oreillettes et ventricules, augmente la charge vasculaire pulmonaire favorisant l'évolution, à plus ou moins long terme, vers la décompensation gauche. Ensuite, parce qu'il est fréquent de voir un patient décompensé cardiaque développer une FA laquelle viendra réduire plus encore une fraction d'éjection déjà largement amputée.
Le casse-tête thérapeutique de la FA
Traditionnellement, l'approche thérapeutique de la FA consiste en l'administration de médicaments visant à régulariser au mieux tant le rythme que la fréquence cardiaque. Cependant, leurs effets secondaires sont nombreux et sévères menant, pour nombre de patients, à un arrêt du traitement. Une alternative, qui constitue aussi le seul traitement actuellement curatif de la FA, est le recours à l'ablation de FA par radiofréquence. S'il existe de nombreuses études cliniques attestant des avantages immédiats et à court terme de cette technique vs le traitement médical sur les symptômes, la fonction cardiaque et la qualité de vie des patients, on manque cruellement de données sur le long cours concernant la mortalité et les hospitalisations pour décompensation cardiaque, une situation qui engendre de nombreux débats. C'est pour combler ce vide que l'étude CASTLE-AF a été mise sur pied. Elle constitue la plus vaste étude clinique randomisée comparant, sur le long terme, l'ablation de FA par radiofréquence vs un traitement médical traditionnel chez des patients décompensés cardiaques présentant une FA.
CASTLE-AF
Pour cette étude, 3.000 patients ont été recrutés dans 30 centres à travers le monde et, au final, 397 ont été inclus et répartis de façon aléatoire pour être traités soit par une approche médicamenteuse traditionnelle, soit par ablation de FA par radiofréquence. Ces patients souffraient de FA symptomatique paroxystique ou persistante et d'une décompensation cardiaque de classe New York 2 ou supérieure avec une fraction d'éjection gauche <35%. Le critère d'évaluation primaire était un composite associant mortalité toute cause et hospitalisations non programmées pour aggravation de la décompensation cardiaque. Enfin, tous les patients étaient appareillés d'un défibrillateur automatique implantable (DAI) muni du système Home Monitoring permettant un contrôle continu à distance de la FA.
Mortalité, hospitalisations et coût à la baisse
Au terme des 38 mois de suivi, le recours à l'ablation de FA par radiofréquence sort gagnante de son match face à l'abord plus traditionnel et pharmacologique avec, en sa faveur, une diminution significative de 38% de la survenue du critère primaire composite (p= 0.007), de 47% de la mortalité toute cause (p=0.011) et de 44% des hospitalisations pour aggravation de la décompensation cardiaque (p=0.004). Au final, cette étude démontre l'intérêt de restaurer et maintenir un rythme cardiaque régulier via un traitement curatif par ablation de FA par radiofréquence et ce, tant sur le plan personnel du patient que pour la communauté puisque le coût de la maladie devrait diminuer aussi, le patient nécessitant un moindre recours à des soins hospitaliers souvent lourds.
Ref: Marrouche N. Hot Line. Late Breaking Clinical Trials 1, ESC 2017, Barcelone, 26/08/2017.
En réduisant de façon significative tant la mortalité toute cause que les hospitalisations pour aggravation de la décompensation cardiaque, l'ablation de FA par radiofréquence s'impose devant le traitement pharmacologique traditionnel comme l'option à désormais privilégier chez les patients décompensés cardiaques présentant une FA.FA et DC: un lien étroitRien qu'en Europe, la fibrillation auriculaire affecte près de 4,5 millions d'individus. Fréquent, ce trouble du rythme engendre aussi de lourdes conséquences puisqu'il accroît le risque d'AVC, réduit l'espérance de vie et impacte la qualité de vie des patients. FA et décompensation cardiaque sont doublement liés. D'abord parce que la FA, en désynchronisant oreillettes et ventricules, augmente la charge vasculaire pulmonaire favorisant l'évolution, à plus ou moins long terme, vers la décompensation gauche. Ensuite, parce qu'il est fréquent de voir un patient décompensé cardiaque développer une FA laquelle viendra réduire plus encore une fraction d'éjection déjà largement amputée. Le casse-tête thérapeutique de la FATraditionnellement, l'approche thérapeutique de la FA consiste en l'administration de médicaments visant à régulariser au mieux tant le rythme que la fréquence cardiaque. Cependant, leurs effets secondaires sont nombreux et sévères menant, pour nombre de patients, à un arrêt du traitement. Une alternative, qui constitue aussi le seul traitement actuellement curatif de la FA, est le recours à l'ablation de FA par radiofréquence. S'il existe de nombreuses études cliniques attestant des avantages immédiats et à court terme de cette technique vs le traitement médical sur les symptômes, la fonction cardiaque et la qualité de vie des patients, on manque cruellement de données sur le long cours concernant la mortalité et les hospitalisations pour décompensation cardiaque, une situation qui engendre de nombreux débats. C'est pour combler ce vide que l'étude CASTLE-AF a été mise sur pied. Elle constitue la plus vaste étude clinique randomisée comparant, sur le long terme, l'ablation de FA par radiofréquence vs un traitement médical traditionnel chez des patients décompensés cardiaques présentant une FA.CASTLE-AFPour cette étude, 3.000 patients ont été recrutés dans 30 centres à travers le monde et, au final, 397 ont été inclus et répartis de façon aléatoire pour être traités soit par une approche médicamenteuse traditionnelle, soit par ablation de FA par radiofréquence. Ces patients souffraient de FA symptomatique paroxystique ou persistante et d'une décompensation cardiaque de classe New York 2 ou supérieure avec une fraction d'éjection gauche <35%. Le critère d'évaluation primaire était un composite associant mortalité toute cause et hospitalisations non programmées pour aggravation de la décompensation cardiaque. Enfin, tous les patients étaient appareillés d'un défibrillateur automatique implantable (DAI) muni du système Home Monitoring permettant un contrôle continu à distance de la FA.Mortalité, hospitalisations et coût à la baisseAu terme des 38 mois de suivi, le recours à l'ablation de FA par radiofréquence sort gagnante de son match face à l'abord plus traditionnel et pharmacologique avec, en sa faveur, une diminution significative de 38% de la survenue du critère primaire composite (p= 0.007), de 47% de la mortalité toute cause (p=0.011) et de 44% des hospitalisations pour aggravation de la décompensation cardiaque (p=0.004). Au final, cette étude démontre l'intérêt de restaurer et maintenir un rythme cardiaque régulier via un traitement curatif par ablation de FA par radiofréquence et ce, tant sur le plan personnel du patient que pour la communauté puisque le coût de la maladie devrait diminuer aussi, le patient nécessitant un moindre recours à des soins hospitaliers souvent lourds.Ref: Marrouche N. Hot Line. Late Breaking Clinical Trials 1, ESC 2017, Barcelone, 26/08/2017.