Alors que les salles du centre de congrès de Los Angeles se vident et que les ultimes participants grappillent les dernières informations interessantes, rencontre avec le Dr Dominique Dive (Neurologie, CHU Liège) qui dresse son bilan personnel dans la spécialité qu'il affectionne particulièrement, la sclérose en plaque. Au coeur de cet entretien, de nouveaux biomarqueurs et l'immunité dont l'étude approfondie permettra un jour de mieux comprendre l'origine d'une pathologie qui demeure encore et toujours mystérieuse.

Composant non psychogène du cannabis, le cannabidiol a reçu, à l'unanimité, le soutien du comité d'examen de la FDA ce qui laisse augurer de son autorisation toute prochaine, fin juin semble-t-il, pour le traitement de deux formes d'épilepsie rares, particulièrement sérieuses et hautement résistantes à la thérapeutique classique. Retour sur les études qui soutiennent ce dossier à la FDA ainsi que sur les preuves cliniques actuellement disponibles sur la tolérance et l'absence de risque d'assuétude du cannabidiol.

Les dernières recommandations de l'AAN pour le traitement de la SEP chez le patient adulte dataient de... 2002. C'est donc avec une certaine fébrilité et beaucoup d'intérêt que les participants au congrès ont suivi la présentation de ces recommandations quasi historiques. Priorité au traitement le plus précoce possible après le début des symptômes ou la découverte des lésions ainsi que l'importance d'un dialogue éclairé avec le patient pour proposer un traitement adapté et décidé en toute connaissance de cause ce qui participe à une meilleure adhérence thérapeutique constituent les deux grandes nouvelles de ces guidelines.

NEDA pour 'No Evidence of Disease Activity' est un concept clinique qui rassemble les principaux objectifs thérapeutiques à atteindre pour éviter la progression de la SEP rémittente. Actuellement, l'aspect neurodégénératif de la maladie était évalué par le BVL (Brain Volume Loss), un marqueur de la perte volumique cérébral. Le but de l'étude présentée à l'AAN était d'évaluer si le nouveau marqueur de la neurodégénérescence, les neurofilaments à chaîne légère (NfL), pouvait se substituer au BVL au sein du NEDA-4 sans en réduire la sensibilité voire mieux, en l'améliorant.

Notre compatriote Nicolas Dubuisson, actuellement à la London School of Medicine, Queen Mary University, a présenté les résultats concernant la validité d'une application pour smartphone qui permet une auto-évaluation de la fonction visuelle, entre autres, chez le patient SEP.

Lorsque la SEP demeure stable de façon prolongée, nombre de patients se posent la question légitime de l'intérêt ou non de poursuivre leur traitement d'autant que, dans la plupart des cas, ce dernier n'est pas exempt d'effets secondaires. Une étude américaine conclut qu'il vaut mieux continuer que stopper le traitement sous peine de voir le handicap progresser à nouveau.

Traiter précocement la SEP dès les premiers symptômes ou dès la découverte d'une lésion est l'une des recommandations cardinales des nouveaux guidelines de l'AAN. Mais pour quels bénéfices concrets ? Réponse avec une étude de cohorte danoise.

" Et moi, quel est mon avenir? Quel est mon risque de souffrir un jour aussi d'une maladie d'Alzheimer? Est-ce toujours héréditaire? " Telles sont les grandes interrogations, la grande crainte et l'angoisse des personnes dont un parent proche, surtout un père ou une mère, souffre de démence d'Alzheimer. A ces questionnements légitimes, une très intéressante étude américaine apporte quelques réponses mais encore aucune certitude.

Plus d'un tiers des épileptiques sont pharmaco-résistants c'est-à-dire qu'ils présentent toujours des crises malgré deux traitements anti-épileptiques différents correctement dosés et bien suivis. Pour ces patients, et en attendant que l'arsenal thérapeutique se renouvelle, la chirurgie est une solution de choix mais qui demeure nettement sous-utilisée. Une étude récente, menée aux USA, montre que seuls 2 à 6% des candidats potentiels se voient proposer cette solution.

Que ce soit Maryum Ali, la fille du légendaire Muhammad Ali, qui parle avec émotion de la longue lutte de son père contre la maladie de Parkinson ou la venue au congrès de l'AAN de l'homme qui, seul et parfois au péril de sa vie, a mis à genou la toute puissante Ligue National de Football américain (NFL), le Dr Bennet Omalu, les risques liés aux commotions cérébrales et traumatismes crâniens occasionnées par la pratiques de sports de contact violents ont tenu le haut du pavé au cours de ce congrès. Un exemple avec cette étude qui lie la maladie de Parkinson à la survenue d'une unique et légère commotion cérébrale.

Les 'affaires' n'épargnent pas la sphère thérapeutique. Dernière en date, celle concernant l'anti-épileptique valproate. Si ces affaires sont malheureuses pour les victimes, femmes et enfants, ainsi que pour la confiance dans le corps médical, les autorités sanitaires et l'industrie, elles ont aussi l'avantage de réveiller la vigilance des professionnels de la santé, ici les neurologues. Pour preuves, nombres de présentations lors des sessions dédiées à la prise en charge de l'épilepsie étaient consacrées à l'impact des traitements sur la grossesse. La preuve avec cette étude sur le risque d'avortements spontanés.

A trop se concentrer sur la lutte contre l'inflammation chronique et l'évolution des lésions et du handicap, on oublie que la présence d'une HTA ou d'une pathologie cardiaque chez des patients atteints de SEP peut aussi aggraver l'atteinte cérébrale en aggravant le phénomène d'atrophie et ce, de façon tout à fait indépendante. Une piqûre de rappel pour bien prendre en charge les facteurs de risque et les atteintes cardiovasculaires patentes chez ces patients.

Pour les nombreux patients atteints de migraines épisodiques et qui, depuis des années, errent sans succès d'un traitement préventif à l'autre, l'heure de la libération a peut-être sonné si on table sur les résultats observés lors de l'étude de phase 3b LIBERTY menée avec l'érénumab, un anticorps monoclonal entièrement humain administré par voie SC, inhibiteur spécifique des récepteurs CGRP, une nouvelle génération de traitements qui ouvrent enfin une porte vers la prévention des crises migraineuses tant attendue par les patients.

Une simple larme ou, plus exactement, certaines protéines qu'elles contiennent pourrait bien, dans un proche avenir, constituer un marqueur biologique fiable, peu coûteux et totalement non invasif permettant enfin de débusquer et, qui sait, de traiter la maladie de Parkinson à un stade encore précoce, bien avant que n'apparaissent les troubles moteurs.