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Après les avoir soumis à 25 confrères pour avis, il en a retenu six qui leur ont paru particulièrement dignes d'intérêt. Deux d'entre eux concernaient l'asthme chez l'enfant.Le premier article évoque une intervention destinée à vérifier l'impact, sur la sévérité de l'asthme chez des enfants de milieux modestes à très modestes de la région de Baltimore, aux Etats-Unis, d'un programme appelé BRHP leur permettant de déménager vers un quartier plus favorisé. Il s'agissait de 123 enfants âgés entre 5 et 17 ans et porteurs d'un asthme chronique. Ils ont été appariés à 115 enfants d'une cohorte contrôle (URECA) pour l'analyse des résultats, qui consistaient principalement dans le nombre d'exacerbations réclamant un traitement corticoïde oral ou parentéral.Le déménagement était associé à un risque d'exacerbations abaissé de 54 %, avec une diminution de 59 % du nombre de jours avec présentation d'une symptomatologie asthmatique. Il est intéressant de noter que la réduction de l'exposition aux allergènes et à la pollution intérieure n'était pas associée à ces améliorations, mais bien celle du tabagisme passif (- 7,1 %) et, surtout, celle du stress ressenti par l'enfant (entre -28,7 % et -34,9 %). En conclusion, et sous réserve d'éventuels biais liés notamment au caractère non randomisé de l'étude, il apparait pour les auteurs qu'une intervention visant à améliorer le milieu de vie familial pourrait limiter autant le nombre d'exacerbations que ne le ferait la prescription d'agents biologiques chez l'enfant.Le deuxième article explore le lien entre l'infection par le virus respiratoire syncytial et l'asthme chez l'enfant. On sait que ce virus affecte peu ou prou la quasi-totalité des enfants jusqu'à l'âge de 3 ans et qu'il est une cause importante de morbidité chez les petits. On sait aussi que la bronchiolite par VRS est associée à l'asthme infantile, mais seulement environ 40 % des infections par le VRS provoquent une bronchiolite. L'association méritait d'être précisée car les études réalisées jusqu'ici ne s'intéressaient qu'aux cas d'infections nécessitant une hospitalisation. L'équipe de Rosas-Salazar a voulu inclure toutes les infections, donc également celles de grade léger ou modéré, au travers de l'étude prospective de cohorte INSPIRE [2].L'infection par le VRS était identifiée par la clinique ou par méthode moléculaire/sérologique. À cinq ans de suivi et après ajustement pour différents facteurs de biais potentiels, la proportion d'enfants ayant développé un asthme était significativement (p = 0,016) inférieure chez ceux qui n'avaient pas été infectés par le VRS : 16 % versus 21 %, ce qui correspond à une diminution de 25 % du risque. À noter que l'association était d'autant plus forte que l'infection survenait tôt dans la vie, et/ou qu'elle était sévère (+24 % de risque d'asthme dans ce cas).Au bilan, les auteurs estiment qu'environ 15 % des nouveaux cas d'asthme de cette étude auraient pu être évités en l'absence d'une infection par le VRS. Un bon argument supplémentaire, donc, pour la vaccination ou l'administration d'anticorps spécifiques contre ce virus, alors que la prévalence de l'asthme a globalement augmenté chez l'enfant au cours des dernières décennies.