Une étude de phase 1, présentée lors de la CROI 2025 et simultanément publiée dans la revue The Lancet, révèle que le lénacapavir, administré une fois par an par voie intramusculaire, a le potentiel pharmacocinétique pour offrir une efficacité aussi élevée que le lénacapavir administré deux fois par an par voie sous-cutanée, ce qui constitue une nouvelle et prometteuse avancée de la PrEP.
Changement de paradigme : la PrEP à l'ère des traitements à longue durée d'action
...
Les antirétroviraux à action prolongée permettent de lever d'importants obstacles à l'efficacité de la PrEP tels que le manque d'observance ou la crainte de stigmatisons. Deux essais de phase 3 ont récemment démontré l'efficacité du lénacapavir administré deux fois par an en SC pour la prévention du VIH. Les résultats de l'étude PURPOSE-1 ont montré que la PrEP basée sur le lénacapavir administré par voie SC, deux fois par an, était efficace à 100% chez les jeunes femmes cisgenres en Afrique, ce qui est nettement plus que les résultats observés pour la prise orale quotidienne de comprimés associant emtricitabine et TDF. Les résultats de l'étude PURPOSE-2 ont, pour leur part, montré que des injections SC semestrielles de lénacapavir réduisaient le risque de contracter le VIH de 96% par rapport à l'incidence de base et de 89% par rapport au duo classique d'antirétroviraux administrés dans le cadre de la PrEP chez les hommes homosexuels, bisexuels ou transgenres aux USA et dans six autres pays. Dans ces deux essais, les injections semestrielles se sont révélées sûres et bien tolérées. Poursuivant les efforts en faveur de la PrEP à action prolongée, une équipe d'investigateurs a, cette fois, évalué la pharmacocinétique et l'innocuité de deux formulations de lénacapavir administrées une seule fois par an par voie intramusculaire. Cette étude de phase 1, menée en ouvert auprès de participants âgés de 18 à 55 ans non infectés par le virus du VIH, avait pour objectif d'évaluer la pharmacocinétique, l'innocuité et la tolérance de deux formulations de lénacapavir à longue durée d'action administrées par injection intramusculaire en une dose unique de 5.000 mg : formulation 1 avec 5% d'éthanol et formulation 2 avec 10% d'éthanol. Des échantillons pour l'évaluation pharmacocinétique ont été prélevés à des moments prédéfinis jusqu'à 56 semaines de suivi. Au total, 20 participants ont reçu la formulation 1 de lénacapavir et 20 ont reçu la formulation 2 de lénacapavir. Pour l'estimation des paramètres pharmacocinétiques, la taille de l'échantillon variait au fil du temps, avec au moins 13 participants (formulation 1) et au moins 19 participants (formulation 2) en raison d'arrêts prématurés pour des raisons non liées au médicament à l'étude. Après l'administration de lénacapavir intramusculaire, les concentrations ont augmenté rapidement, et le temps moyen jusqu'à atteindre la concentration maximale était de 84,1 jours pour la formulation 1 et de 69,9 jours pour la formulation 2. La concentration moyenne la plus élevée de lénacapavir en administration intramusculaire, une fois par an, était de 247,0 ng/ml pour la formulation 1 et de 336,0 ng/ml pour la formulation 2, ce qui est nettement supérieur à la concentration moyenne la plus élevée observée pour le lénacapavir administré par voie SC, deux fois par an, soit 67,3 ng/ml. La médiane de la concentration minimale observée à la fin de 56 semaines de suivi était de 57,0 ng/ml pour la formulation 1 et de 65,6 ng/ml pour la formulation 2, des chiffres qui, à nouveau, dépassent de loin la médiane de la concentration minimale du lénacapavir en administration SC, deux fois par an, qui était de 23,4 ng/ml. Enfin, l'AUC moyenne des jours 1 à 365 pour la formulation 1 et pour la formulation 2 se révèle également supérieure à celle constatée avec les injections semestrielles en SC. Les événements indésirables étaient principalement de grade 1 ou 2. Le plus fréquent était la douleur au niveau du site d'injection (80% des participants ayant reçu la formulation 1 et 75% des participants ayant reçu la formulation 2) qui était généralement légère, disparaissait en environ une semaine et était considérablement réduite par un traitement préalable de la zone d'injection avec de la glace. Après administration intramusculaire annuelle de lénacapavir, les concentrations plasmatiques moyennes, sur une période de suivi de 56 semaines, ont dépassé celles associées à l'efficacité virologique dans les études de phase 3, PURPOSE-1 et 2, portant sur l'administration sous-cutanée semestrielle de lénacapavir dans le cadre de la PrEP. Les deux formulations du lénacapavir se sont, de plus, révélées sûres et bien tolérées. Ces premières données démontrent tout le potentiel du lénacapavir administré annuellement par voie IM dans le cadre de la PrEP. Réf : Jogiraju V. et al. Abstract 154, CROI 2025, San Francisco. The Lancet 2025.