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"Nous manquons d'informations et de directives par rapport à une suspicion de coronavirus", prévient le Dr Pleros, qui a pourtant bien reçu des instructions, comme tous les médecins généralistes du pays. "J'ai tourné en rond des heures durant pour essayer de comprendre où je pouvais envoyer mon patient suspect, et sans savoir quoi lui dire."Le généraliste a suivi les consignes du SPF Santé publique : il a joint la cellule de surveillance des maladies infectieuses à Bruxelles. "Je suis tombé sur une dame qui a appris son texte par coeur. Son récit : si le patient n'a pas été en contact avec une zone à risque dans les 14 derniers jours, il n'y a rien à faire.""Le problème est que les choses ont évolué depuis. On ne parle plus de 14 jours, mais de 27 jours." Effectivement, la période d'incubation varie de deux à 14 jours. Mais selon des publications récentes, des cas supérieurs à 14 jours ont été constatés. En Chine, un homme a ainsi contracté le coronavirus mais n'a développé les symptômes que 27 jours après."Nous avons donc appelé un second numéro renseigné par le SPF Santé publique, à savoir l'Institut de biologie clinique de l'ULB (IBC), qui nous a renvoyés vers l'hôpital militaire. Ce dernier s'est avéré difficile à joindre : l'accueil nous a transférés vers les urgences où personne n'a répondu. Nous avons donc appelé la direction qui nous a recommandé joindre le CHU Saint-Pierre. Lequel nous a envoyés à son tour vers le service auquel nous avions téléphoné en premier lieu... On nous a finalement adressé un infectiologue qui nous a confirmé que selon les instructions, la période d'incubation reste de 14 jours.""Nous étions donc face à un patient dont l'état était suspect. Nous avions notre possible, et nous ne savions pas quoi faire de plus, ni quoi dire au patient (qui est donc resté en consultation plus d'une heure, ndlr) . Il aurait dû passer au moins un test, mais nous étions dans l'impossibilité de le réaliser."De son côté, l'IBC se plaint de pas avoir de numéro vert distribué à tous les médecins. Et s'est étonné de la non-prise en charge du patient. "L'hôpital de référence doit accepter tout patient en cas de suspicion, même si le délai de 14 jours est dépassé. C'est une question de santé publique, il faut donc insister", nous indique une téléphoniste contactée.Malgré le risque potentiel d'un patient suspect courant les rues, ce dernier a finalement été envoyé au CHU St-Pierre pour procéder à un test. Test qu'il n'a finalement pas pu réaliser car cela fait plus de 14 jours qu'il a été en contact avec une zone à risque.Depuis le foyer découvert dans le nord de l'Italie, les demandes se multiplient. "Je crains réellement que la situation devienne ingérable au retour des vacances de Carnaval", estime le Dr Pleros.