Ancien hôpital transformé en hôtel quatre étoiles, le Royal Hainaut est une adresse toute désignée pour les accros de la cardio cupidonesque dans la chef-lieu du Hainaut français: entre "Val-anciennes" et modernité.
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Bon d'accord, l'on peut trouver plus sexy au départ que Valenciennes comme destination: mais la capitale du Hainaut, occupée par les Allemands durant la Première Guerre et mutilée au cours de la Seconde, garde pourtant de beaux restes d'un passé riche, disséminé dans une ville meurtrie par la modernité d'après-guerre justement qui ne la pas non plus épargnée, mais dont le coeur de cité a gardé l'essentiel de l'architecture de son glorieux passé. L'un de ses fleurons, outre le Musée des Beaux-Arts en travaux actuellement, est l'hôtel Royal Hainaut, un quatre étoiles somptueux sis dans l'ancien hôpital général, véritable palais bâti au 18e siècle et qui avant de soigner "accueillait" surtout prostituées, mendiants, vieillards, aliénée et orphelins. Bâti en pierre bleue et briques couleur sang-de-boeuf, cette immense structure carrée aux allures de forteresse élégante et ajourée est en fait un "hôpital-palais" d'un style néo-classique sobre et harmonieux, dont le but était la rééducation de ses pensionnaires par le travail.... Désormais, c'est plutôt une incitation à la détente et au repos que ce lieu totalement réhabilité et transformé en hôtel depuis 2019. Respectant la structure du lieu et son aspect vénérable, une fois le porche franchi, la cour donne à voir l'atrium translucide accroché sur la façade avant de l'aile arrière dont se démarque l'ancienne horloge de l'hôpital. Façade qu'elle préserve ainsi, dégageant une aire contemporaine devant cette partie postérieure de l'immeuble qui accueille les chambres, tout comme l'une des ailes latérales sur deux étages, celle de droite se consacrant à la brasserie "La Galerie" (aussi témoin d'un petit déjeuner gargantuesque) au rez-de-chaussée où pilastres, arcades, lustres en verre de Murano de cristal (qui rythment les grands espaces publics de l'hôtel tout comme ses chambres) se répondent. Elle reçoit les convives dans des fauteuils et des banquettes profondes d'un pourpre moelleux. Plus chic encore, plus intime, une salle circulaire et... à colonnes accueillent un restaurant italien, La Storia aux ambitions gastronomiques et au service d'une chaleur transalpine: ce dernier propose un menu "Scopriamo la cucina", trois services, à 50 euros, 68 euros en incluant l'accord des vins (plus sophistiquée, mais toujours sur une base de trois, Cucina est proposé respectivement à 72 et 98 euros). Non loin de là, et dans le même style feutré cosy, et l'ambiance de club anglais cigare et whisky, le Royal Bar et son snooker arbore les allures distinguées d'un élégant club anglais (il y a même un club le Black Betty, fermé actuellement évidemment). Un design contemporain signe le grand espace translucide ainsi que les chambres, dans le même esprit respectant la noblesse du bâti (pierre bleue apparente) tout en jouant sur un confort moelleux procuré par un design de chrome et de verre signé d'une touche transatlantique. Le souci du détail est présent, notamment dans les longs couloirs éclairés par des appliques évoquant les torches d'alors. 42 suites et 37 chambres peuplent l'hôtel (alors que la partie avant de cet énorme édifice en carré accueille des appartements (161), le propriétaire (La Financière Vauban) des lieux étant un immobilier spécialisé, comme son nom le suggère, dans la réhabilitation de monuments historiques, lequel a investi 80 millions d'euros au cours d'un chantier long de cinq ans. Le nouveau complexe abrite encore l'ancienne chapelle et sa magnifique coupole son autel, ses stalles et deux magnifiques confessionnaux. Même l'orgue a été préservé, et repose dans un couloir non loin de là... D'ailleurs, ce lieu de culte désacralisé peut accueillir séminaires (il y a d'autres salles adjacentes, plus petites), colloques ou concerts et sera d'ailleurs le témoin d'un premier festival de musique classique ayant pour thème Schubert le dernier week-end de mars. L'ambition du nouveau directeur, Emmanuel Bequet, est de faire vivre le lieu (un marché de Noël s'est déroulé dans la vaste cour centrale récemment) dans une ville de Valenciennes connue pour son dynamisme culturel: on compte en effet outre le Musée des Beaux-Arts fermé pour travaux jusqu'en 2024, Le Phénix, scène nationale de théâtre, un festival de cinéma réputé qui se déroule désormais en septembre notamment, et celui des arts de la scène transfrontalier intitulé Next au printemps. Aux alentours, les musées abondent, comme la Chartreuse à Douai, le Louvre à Lens ou le musée Matisse à Cateau-Cambrésis, ou le Forum antique de Bavay dans l'Avesnois tout proche et qui rouvrira ses portes, après rénovation, en mai prochain. Mais le lieu n'est pas que spirituel, puisqu'un espace wellness comprenant sauna, hammam flambant neufs, des soins multiples proposent également une piscine époustouflante installée sous les chapiteaux et arcades de ce qui au sous-sol ressemble à une immense crypte sous la partie ancienne, et qui, en effet, a des allures d'énorme baptistère. Bref, on sort du Royal Hainaut... converti.