La présentation des résultats de l'étude KEYNOTE-826, menée chez des femmes atteintes d'un cancer du col de l'utérus récidivant ou métastatique qui n'ont pas reçu de chimiothérapie systémique précédemment et qui n'entrent plus en compte pour des traitements curatifs, a marqué le symposium présidentiel de cet ESMO 2021.
Le Pr Nicoletta Colombo (University of Milan-Bicocca et European Institute of Oncology, Milan) a présenté ces résultats au nom de tous les chercheurs de l'étude KEYNOTE-826. 1
Immunothérapie dans le carcinome du col de l'utérus persistant, récidivant ou métastatique
Depuis des années, le traitement standard du cancer du col de l'utérus récidivant métastatique est une chimiothérapie basée sur le platine, selon un protocole qui associe platine, paclitaxel et bévacizumab et qui permet d'atteindre une survie médiane de 17,5 mois 2. Le pembrolizumab (pembro) a déjà montré qu'il est efficace dans le cancer du col de l'utérus progressif à un traitement antérieur. Dans l'étude KEYNOTE-158 de phase II, le pembro a présenté un taux de réponse de 14,3 % chez les femmes atteintes d'un cancer du col de l'utérus récidivant ou métastatique qui avaient reçu au moins un traitement par chimiothérapie 3.
Dans l'étude KEYNOTE-826, des patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus récidivant ou métastatique qui n'étaient plus éligibles à un traitement curatif et qui n'avaient pas reçu de chimiothérapie systémique précédemment ont été randomisées soit à un protocole de chimiothérapie (paclitaxel + cisplatine/carboplatine pendant 6 cycles), avec ou sans bévacizumab (à la discrétion de l'investigateur), plus pembro 200 mg toutes les 3 semaines pendant 35 cycles, soit au même protocole de chimiothérapie plus placebo (figure 1).
La combinaison comprenant le pembro a donné lieu à une PFS significativement plus longue (10,4 mois contre 8,2 mois, respectivement ; HR 0,65 ; IC à 95 % 0,53-0,79 ; p < 0,001). En outre, le traitement combiné de première intention comprenant le pembro a montré une amélioration statistiquement significative de 33 % de l'OS, par rapport au placebo (24,4 mois contre 16,5 mois, respectivement ; HR 0,67 ; IC à 95 % 0,54-0,84 ; p < 0,001) (fig. 2). Il est également important de souligner que les avantages de la combinaison comprenant le pembro sont observés indépendamment de l'utilisation de bévacizumab.
Dans son commentaire de ces résultats, le Pr Isabelle Ray-Coquard, de l'Université Claude Bernard (Lyon), a déclaré que les résultats de cette étude vont bouleverser la pratique médicale. Selon elle, les importantes améliorations d'OS observées sont nécessaires pour cette population fragile, pour laquelle aucun traitement réellement adéquat n'est encore disponible pour l'instant. Cette étude étaye de manière claire et nette l'immunothérapie en tant que nouvelle clé de voûte du traitement des patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus métastatique. Le Pr Ray-Coquard se demande même si ce protocole ne devrait pas être étudié dans la maladie localisée.
Références :
1. Colombo N. et al., ESMO Congress 2021, Abstract LBA2.
2. Tewari KS et al. N Engl J Med 2014;370:734-43.
3. Chung HC et al. J Clin Oncol 2019;37:1470-8.
Le Pr Nicoletta Colombo (University of Milan-Bicocca et European Institute of Oncology, Milan) a présenté ces résultats au nom de tous les chercheurs de l'étude KEYNOTE-826. 1Depuis des années, le traitement standard du cancer du col de l'utérus récidivant métastatique est une chimiothérapie basée sur le platine, selon un protocole qui associe platine, paclitaxel et bévacizumab et qui permet d'atteindre une survie médiane de 17,5 mois 2. Le pembrolizumab (pembro) a déjà montré qu'il est efficace dans le cancer du col de l'utérus progressif à un traitement antérieur. Dans l'étude KEYNOTE-158 de phase II, le pembro a présenté un taux de réponse de 14,3 % chez les femmes atteintes d'un cancer du col de l'utérus récidivant ou métastatique qui avaient reçu au moins un traitement par chimiothérapie 3.Dans l'étude KEYNOTE-826, des patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus récidivant ou métastatique qui n'étaient plus éligibles à un traitement curatif et qui n'avaient pas reçu de chimiothérapie systémique précédemment ont été randomisées soit à un protocole de chimiothérapie (paclitaxel + cisplatine/carboplatine pendant 6 cycles), avec ou sans bévacizumab (à la discrétion de l'investigateur), plus pembro 200 mg toutes les 3 semaines pendant 35 cycles, soit au même protocole de chimiothérapie plus placebo (figure 1).La combinaison comprenant le pembro a donné lieu à une PFS significativement plus longue (10,4 mois contre 8,2 mois, respectivement ; HR 0,65 ; IC à 95 % 0,53-0,79 ; p < 0,001). En outre, le traitement combiné de première intention comprenant le pembro a montré une amélioration statistiquement significative de 33 % de l'OS, par rapport au placebo (24,4 mois contre 16,5 mois, respectivement ; HR 0,67 ; IC à 95 % 0,54-0,84 ; p < 0,001) (fig. 2). Il est également important de souligner que les avantages de la combinaison comprenant le pembro sont observés indépendamment de l'utilisation de bévacizumab.Dans son commentaire de ces résultats, le Pr Isabelle Ray-Coquard, de l'Université Claude Bernard (Lyon), a déclaré que les résultats de cette étude vont bouleverser la pratique médicale. Selon elle, les importantes améliorations d'OS observées sont nécessaires pour cette population fragile, pour laquelle aucun traitement réellement adéquat n'est encore disponible pour l'instant. Cette étude étaye de manière claire et nette l'immunothérapie en tant que nouvelle clé de voûte du traitement des patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus métastatique. Le Pr Ray-Coquard se demande même si ce protocole ne devrait pas être étudié dans la maladie localisée.Références :1. Colombo N. et al., ESMO Congress 2021, Abstract LBA2.2. Tewari KS et al. N Engl J Med 2014;370:734-43.3. Chung HC et al. J Clin Oncol 2019;37:1470-8.