Les cellules cancéreuses ont en général des caractéristiques qui les font reconnaître comme étrangères par le système immunitaire. Il existe cependant des tumeurs qui échappent plus ou moins à cette règle en raison de déficiences des cellules dendritiques myéloïdes conventionnelles (cDC).
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Il existe chez l'homme deux sous-ensembles distincts de cDC identifiés par l'expression différentielle de BDCA-1 (cDC2) ou BDCA-3 (cDC1) et pour faire simple disons que ces cDC participent à l'éradication tumorale d'une part en "autorisant" les lymphocytes T cytotoxiques du microenvironnement tumoral à détruire les cellules tumorales et d'autre part en présentant des antigènes tumoraux aux cellules T qui se trouvent dans les ganglions lymphatiques de drainage. Ces cDC dont la présence est nécessaire à l'obtention d'une réponse aux inhibiteurs de checkpoints de l'immunité sont déficientes dans les tumeurs métastatiques. Depuis quelques années une équipe de l'UZ Brussel mène des travaux visant à montrer que l'introduction intratumorale de cDC chez des sujets atteints de certains types de cancers dont le mélanome peut restaurer une réponse à l'immunothérapie. A Rome cette équipe a présenté des données d'un premier essai clinique humain concernant 8 patientes atteints de mélanome métastatique réfractaire aux inhibiteurs des points de contrôle de l'immunité (toutes avaient déjà reçu nivolumab et ipilimumab par voie systémique) et pour celles qui y étaient éligibles aux inhibiteurs de BRAF/MEK. Ces patientes ont été traitées par nivolumab (10 mg IV toutes les 2 semaines) et par administration intratumorale d'ipilimumab (10 mg toutes les 2 semaines) et d'un adjuvant vaccinal renforçant de façon locale et transitoire l'immunité innée (AS01B 50 μg toutes les 2 semaines) pour une durée maximale de 12 mois. A J2 les myDC autologues préalablement isolées par leucaphérèse ont été réintroduites en intra-tumoral en une seule injection dans une lésion métastatique. Ce traitement a été bien toléré et sans aucun événement indésirable inattendu.Sur les six patientes évaluables (un retrait du consentement et une patiente décédée suite à une hémorragie intracrânienne sans relation avec le traitement) :• 2 ont progressé rapidement sous traitement et sont décédées,• 2 ont obtenu une réponse pathologique complète au niveau de la lésion injectée (l'une a ensuite progressé dans une autre lésion injectée puis s'est stabilisée, la seconde est toujours en réponse pathologique complète),• 2 patientes ont obtenu une rémission complète. Des résultats qualifiés de cliniquement prometteurs, obtenus sans surprise désagréable et méritant d'être approfondis.D'après la présentation orale de Jens Tijtgat