Il est des études qui modifient profondément la perception que l'on peut avoir d'une maladie et d'un traitement. Il en est ainsi de l'étude CheckMate-214 dans le cancer rénal métastasé.
Cette étude de phase 3 a été présentée par Bernard Escudier (Villejuif, France). L'objectif était de comparer les effets sur les patients de la combinaison nivolumab+ipilimumab par rapport au sunitinib chez des patients n'ayant pas reçu de traitement au préalable pour un carcinome rénal avancé ou métastatique. L'étude de phase Ib CheckMate 016 avait vérifié l'intérêt de cette combinaison et avait conclu qu'elle était réaliste tant d'un point de vue antitumoral que de celui de la sécurité d'emploi. Ainsi, elle avait montré un taux de réponse global de 40%, la poursuite d'une réponse chez 42% des patients, une médiane de PFS de 7,7 mois et un taux de survie à deux ans de 67%.
Stratification
Les patients ont été randomisés en deux groupes équivalents, l'un traité par la combinaison de deux inhibiteurs de checkpoint immunitaire (3 mg/kg nivolumab IV + 1 mg/kg ipilimumab IV Q3W pour 4 doses, puis 3 mg/kg nivolumab IV Q2W) et l'autre par 50 mg de sunitinib (po, 1x/j, pour 4 semaines). Le traitement a été poursuivi jusqu'à la progression ou l'apparition d'une toxicité intolérable. Les patients ont été stratifiés pour leur risque selon le modèle de l'International Metastatic Renal Cell Carcinoma Database Consortium (IMDC).
Les résultats présentés ne concernent que les patients à faible risque et à risque intermédiaire. L'objectif primaire des auteurs pour cette population était de comparer le taux de réponse globale (ORR) selon un panel indépendant ainsi que la survie sans progression (PFS) et la survie globale (OS). Les objectifs secondaires concernaient les mêmes points, mais sur l'ensemble de la population traitée. En outre, les investigateurs ont également évalué, à titre exploratoire, le devenir des patients selon l'expression de PD-L1 par la tumeur, ainsi que la qualité de vie des patients, notamment.
L'étude a accueilli 425 patients bénéficiant du traitement combiné et 422 dans l'autre groupe. Sur l'ensemble, 79% des patients faisaient partie du groupe à risque intermédiaire, aucun avec un pronostic favorable. Dans le groupe traité par la combinaison, chez 74%, les tumeurs exprimaient à raison de moins de 1%, le PD-L1. Dans le groupe sunitinib, ils étaient 71%. Dans le groupe ITT, les patients étaient également bien répartis.
Résultats majeurs
Sur l'ensemble, 77% ont arrêté le traitement dans le groupe IPI/NIVO et 82% dans le groupe sunitinib en raison essentiellement d'une progression de la maladie. La durée médiane du traitement a été respectivement de 7,9 et 7,8 mois. Le suivi médian a été de 25,2 mois.
Les résultats montrent que le taux de réponse globale atteint 42% dans le groupe IPI+NIVO, dont 9,4% avec une réponse complète (CR), versus 27% d'ORR et 1% de CR dans l'autre groupe (p<0,0001). Par ailleurs, la durée médiane de réponse n'a pas pu être déterminée dans le groupe IPI+NIVO et elle est de 18,2 mois pour le sunitinib. L'objectif primaire est rencontré puisque la médiane de PFS est respectivement de 11,6 et 8,4 mois soit une diminution du risque de 18% (HR =0,82 ;95%CI=0,64-1,05 ; p=0,0331). De même, pour l'OS, la médiane n'a pas pu être atteinte et elle a été de 26 mois pour le sunitinib, soit une réduction du risque de 37% (HR=0,63 ;95%IC=0,44-0,89 ; p<0,0001).
Dans la population ITT, la survie médiane globale augmente de 32% (HR=0,68 ;95%IC=0,49-0,95 ; p=0,0003). L'ORR confirmée survient chez 39% contre 32% pour le sunitinib (p=0,0191). En revanche, il n'y a pas de différence significative concernant la PFS.
La stratification par sous-groupes en fonction du taux de PD-L1 est intéressante. Il s'avère que si le PD-L1 est inférieur à 1%, la différence pour la PFS entre les groupes de traitement n'est pas significative. En revanche, si PD-L1 dépasse 1%, la diminution du risque de progression est de 52% ! Le taux d'apparition des effets secondaires semble identique dans les groupes de traitement dans la population ITT. De l'avis même du principal investigateur, les effets secondaires sont demeurés parfaitement gérables. L'analyse de la QOL montre aussi une amélioration pour le patient, et ce tout au long du traitement.
"Ces résultats supportent donc l'idée que l'utilisation IPI+NIVO devienne le nouveau standard de soins pour les patients atteints par un carcinome rénal avancé ou métastatique", conclut Bernard Escudier.
Escudier B et al. CheckMate 214: Efficacy and Safety of Nivolumab Plus Ipilimumab vs Sunitinib for Treatment-Naïve Advanced or Metastatic Renal Cell Carcinoma, Including IMDC Risk and PD-L1 Expression Subgroups ESMO 2017 Abstract #LBA5.
Cette étude de phase 3 a été présentée par Bernard Escudier (Villejuif, France). L'objectif était de comparer les effets sur les patients de la combinaison nivolumab+ipilimumab par rapport au sunitinib chez des patients n'ayant pas reçu de traitement au préalable pour un carcinome rénal avancé ou métastatique. L'étude de phase Ib CheckMate 016 avait vérifié l'intérêt de cette combinaison et avait conclu qu'elle était réaliste tant d'un point de vue antitumoral que de celui de la sécurité d'emploi. Ainsi, elle avait montré un taux de réponse global de 40%, la poursuite d'une réponse chez 42% des patients, une médiane de PFS de 7,7 mois et un taux de survie à deux ans de 67%. StratificationLes patients ont été randomisés en deux groupes équivalents, l'un traité par la combinaison de deux inhibiteurs de checkpoint immunitaire (3 mg/kg nivolumab IV + 1 mg/kg ipilimumab IV Q3W pour 4 doses, puis 3 mg/kg nivolumab IV Q2W) et l'autre par 50 mg de sunitinib (po, 1x/j, pour 4 semaines). Le traitement a été poursuivi jusqu'à la progression ou l'apparition d'une toxicité intolérable. Les patients ont été stratifiés pour leur risque selon le modèle de l'International Metastatic Renal Cell Carcinoma Database Consortium (IMDC).Les résultats présentés ne concernent que les patients à faible risque et à risque intermédiaire. L'objectif primaire des auteurs pour cette population était de comparer le taux de réponse globale (ORR) selon un panel indépendant ainsi que la survie sans progression (PFS) et la survie globale (OS). Les objectifs secondaires concernaient les mêmes points, mais sur l'ensemble de la population traitée. En outre, les investigateurs ont également évalué, à titre exploratoire, le devenir des patients selon l'expression de PD-L1 par la tumeur, ainsi que la qualité de vie des patients, notamment. L'étude a accueilli 425 patients bénéficiant du traitement combiné et 422 dans l'autre groupe. Sur l'ensemble, 79% des patients faisaient partie du groupe à risque intermédiaire, aucun avec un pronostic favorable. Dans le groupe traité par la combinaison, chez 74%, les tumeurs exprimaient à raison de moins de 1%, le PD-L1. Dans le groupe sunitinib, ils étaient 71%. Dans le groupe ITT, les patients étaient également bien répartis. Résultats majeursSur l'ensemble, 77% ont arrêté le traitement dans le groupe IPI/NIVO et 82% dans le groupe sunitinib en raison essentiellement d'une progression de la maladie. La durée médiane du traitement a été respectivement de 7,9 et 7,8 mois. Le suivi médian a été de 25,2 mois. Les résultats montrent que le taux de réponse globale atteint 42% dans le groupe IPI+NIVO, dont 9,4% avec une réponse complète (CR), versus 27% d'ORR et 1% de CR dans l'autre groupe (p<0,0001). Par ailleurs, la durée médiane de réponse n'a pas pu être déterminée dans le groupe IPI+NIVO et elle est de 18,2 mois pour le sunitinib. L'objectif primaire est rencontré puisque la médiane de PFS est respectivement de 11,6 et 8,4 mois soit une diminution du risque de 18% (HR =0,82 ;95%CI=0,64-1,05 ; p=0,0331). De même, pour l'OS, la médiane n'a pas pu être atteinte et elle a été de 26 mois pour le sunitinib, soit une réduction du risque de 37% (HR=0,63 ;95%IC=0,44-0,89 ; p<0,0001). Dans la population ITT, la survie médiane globale augmente de 32% (HR=0,68 ;95%IC=0,49-0,95 ; p=0,0003). L'ORR confirmée survient chez 39% contre 32% pour le sunitinib (p=0,0191). En revanche, il n'y a pas de différence significative concernant la PFS. La stratification par sous-groupes en fonction du taux de PD-L1 est intéressante. Il s'avère que si le PD-L1 est inférieur à 1%, la différence pour la PFS entre les groupes de traitement n'est pas significative. En revanche, si PD-L1 dépasse 1%, la diminution du risque de progression est de 52% ! Le taux d'apparition des effets secondaires semble identique dans les groupes de traitement dans la population ITT. De l'avis même du principal investigateur, les effets secondaires sont demeurés parfaitement gérables. L'analyse de la QOL montre aussi une amélioration pour le patient, et ce tout au long du traitement. "Ces résultats supportent donc l'idée que l'utilisation IPI+NIVO devienne le nouveau standard de soins pour les patients atteints par un carcinome rénal avancé ou métastatique", conclut Bernard Escudier. Escudier B et al. CheckMate 214: Efficacy and Safety of Nivolumab Plus Ipilimumab vs Sunitinib for Treatment-Naïve Advanced or Metastatic Renal Cell Carcinoma, Including IMDC Risk and PD-L1 Expression Subgroups ESMO 2017 Abstract #LBA5.