Le jeune âge est un facteur indépendant du risque de cancer du sein. Dans cette catégorie d'âge, une biologie tumorale plus agressive et l'absence de programmes de dépistage aggravent le pronostic. Un certain nombre de recommandations et d'idées fausses ont été discutées durant l'ESMO Breast Cancer 2023.
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L'âge d'une patiente souffrant d'un cancer du sein ne doit pas influencer la tactique chirurgicale. Ce sont les résultats de la biopsie qui déterminent, entre autres, si la patiente doit être opérée immédiatement ou si elle doit d'abord être soumise à une thérapie néoadjuvante. Par ailleurs, il a été démontré que pour les tumeurs du sein diagnostiquées à un stade précoce chez les femmes âgées de 18 à 35 ans, la mastectomie n'offre pas d'avantage en termes de survie par rapport à la chirurgie conservatrice du sein. Pour optimiser les résultats de cette dernière, il est utile de procéder à une IRM préopératoire.Les tests génétiques jouent un rôle majeur dans les décisions relatives au traitement local et aux procédures de réduction des risques telles que la mastectomie controlatérale. Les mutations germinales les plus fréquentes chez les jeunes patientes atteintes d'un cancer du sein (<40 ans) sont les mutations pathogènes des gènes BRCA1 et BRCA2. Il faut également prendre en compte une mutation rare, la p53, chez les femmes de moins de 30 ans. Dans ce cas, la radiothérapie est contre-indiquée. D'autres gènes non-BRCA, à pénétrance modérément élevée, représentent un défi majeur. De nombreuses femmes subissent des mastectomies bilatérales, indépendamment du type de mutation pathogène et du risque de développer un nouveau cancer du sein. Est-ce parce que les médecins ou les patientes surestiment ce risque ? Cette décision radicale ne doit pas être guidée par la peur. Le "primum non nocere" reste une priorité.En ce qui concerne la thérapie endocrinienne, le tamoxifène a longtemps été le principal traitement du cancer du sein hormono-sensible. Plus le traitement est long, mieux c'est. Les traitements antihormonaux et la suppression ovarienne peuvent cependant entraîner des effets secondaires invalidants, en particulier chez les jeunes femmes. Elles peuvent souffrir de symptômes vasomoteurs, de plaintes gynécologiques et de problèmes sexuels, de douleurs musculosquelettiques et de fatigue. La télémédecine et la télésurveillance (ePROMS (1)) peuvent améliorer le suivi et la gestion de la toxicité liée au traitement.L'oncofertilité est également un aspect essentiel du traitement de ces femmes. Toute patiente en âge de procréer devrait recevoir, le plus tôt possible, des informations sur la préservation de la fertilité, le risque d'insuffisance ovarienne prématurée due à la chimiothérapie, etc. La cryoconservation des ovocytes et des embryons est préférable à celle du tissu ovarien, surtout en cas de cancer héréditaire. Longtemps, après un diagnostic de cancer du sein, on a eu peur de la stimulation hormonale des ovaires, mais celle-ci s'avère sûre. En outre, le fait de tomber enceinte après un traitement contre le cancer du sein n'a pas d'effet négatif sur le pronostic de la patiente (2), et cela vaut également pour les porteuses de la mutation BRCA.(1) Electronic Patient Reported Outcome Measures (2) Pour autant qu'on tienne compte du timing autorisé : au moins un an après la fin de la chimiothérapie, 7 mois après un traitement aux anticorps monoclonaux et 3 à 6 mois après l'administration de tamoxifène. On ne connaît pas encore précisément le délai requis après un traitement à l'olaparib.