Les cancers cutanés non mélaniques (NMSC) sont en moyenne 65 fois plus fréquents chez les sujets ayant bénéficié d'une transplantation d'organe que dans la population générale et ce sont les carcinomes épidermoïdes aussi appelé spinocellulaires (SCC) qui sont les plus fréquents, environ 4 fois plus que les carcinomes basocellulaires (BCC), ce qui est l'inverse de ce qui est observé dans la population générale, avec des taux d'incidence 20 à 200 fois plus élevés que dans la population générale.
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En moyenne 14% de tous les sujets bénéficiant d'une greffe d'organe développent un cancer cutanée transplantés dans les 10 ans qui suivent la transplantation, le délai avant développement d'un SCC étant de l'ordre de 8 à 10 ans. Le travail présenté à Rome par une équipe bruxelloise avait pour mission d'identifier les facteurs de risque, en particulier l'exposition cumulée au soleil, associés au développement de ce type de cancer chez les transplantés rénaux de leur institution. Les investigateurs ont utilisé les données du registre des facteurs de risque de cancer de la peau "EUSCAP", qui recueille des informations sur les sujets subissant un dépistage du cancer de la peau à l'hôpital Erasme ou à l'institut Jules Bordet (521 personnes entre 2021 et 2023). Ce registre comporte notamment des renseignements démographiques et de style de vie, ainsi que des données issues de l'examen physique et d'éventuels résultats de pathologie. Ont été inclus dans l'analyse les données de 61 patients transplantés rénaux également inscrits dans le registre EUSCAP. Il s'agissait de 54% d'hommes, âge moyen 61 ans, âge moyen à la transplantation 47 ans, 82% étaient sous triple traitement immunosuppresseur (corticoïdes, inhibiteurs de la calcineurine, antimétabolites et/ou des inhibiteurs de mTOR et il s'agissait majoritairement de sujets d'origine ethnique blanche/caucasienne - 72 %).Au total, 22 de ces patients (36%) présentaient un SCC et à ce stade les principales différences par rapport aux 39 patients sans SCC étaient un âge plus avancé (70 vs 56 ans) ainsi qu'une plus forte prévalence de lésions de kératose actinique (64% vs 0%) et de présence d'au moins un BCC (50% vs 10%), deux circonstances déjà connues pour augmenter le risque ultérieur de survenue de cancers cutanés A noter que ces différences s'inscrivent dans un contexte d'une plus importante exposition solaire auto-rapportée chez les sujets sans SCC.Ce travail confirme donc le risque élevé de développement d'un cancer cutané de type SCC chez les transplantés rénaux, des résultats justifiant pleinement un dépistage régulier et une intervention précoce. Les investigateurs vont se concentrer sur les données concernant l'exposition au soleil chez les patients immunodéprimés pour mieux en comprendre l'impact sur l'accroissement du risque. Ils envisagent également de s'intéresser spécifiquement à l'impact de la durée de l'immunosuppression sur le développement d'un SCC au travers du suivi néphrologique post-greffe des patients transplantés rénaux. D'après la présentation orale de Judith Lipski.