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Le Pr Bossi a décrit trois scénarios structurés dans lesquels la brachythérapie joue un rôle en cas de cancer de la prostate. Il a commencé par une étude de cohorte rétrospective dans laquelle Kishan et al. ont analysé, en 2018, les données de plus de 1800 patients souffrant d'un cancer prostatique à haut risque (Gleason 9-10), traités par prostatectomie radicale, radiothérapie externe (EBRT) ou la combinaison d'EBRT et d'un brachy boost. C'est ce dernier groupe qui a été suivi le plus longtemps (plus de six ans), et qui a obtenu les meilleurs résultats en termes de survie spécifique du cancer prostatique et de délai d'apparition de métastases à distance. Tilki et al. ont effectué une analyse similaire, et leurs données indiquent également que la radiothérapie joue un rôle crucial dans le traitement des patients à haut risque, ayant un score de Gleason de 9-10. Des résultats similaires en termes de survie ont été observés chez les patients traités par prostatectomie radicale, EBRT adjuvante et hormonothérapie (maxRP) comparativement aux patients traités par EBRT, brachy boost et hormonothérapie (maxRT). Le Pr Bossi a souligné que, bien que ces données soient source d'hypothèses, l'on décèle tout de même un rôle clair pour la brachythérapie à dose élevée dans ce groupe de patients. Les critiques qui ne croient pas en cette approche et qui argumentent par exemple que la qualité de vie et les complications doivent constituer une priorité dans le choix du traitement, ont reçu une réponse sans appel du Pr Bossi, étant donné que la combinaison EBRT + brachy boost donne de meilleurs résultats sur le plan des complications urinaires que la combinaison EBRT + prostatectomie radicale, comme l'ont démontré Jarosek et al. en 2015. Une méta-analyse récemment publiée (JCO 2020) a également montré que dans la combinaison EBRT + brachy boost, le traitement de déprivation androgénique (ADT) joue toujours un rôle. À cet égard, les résultats de l'étude RADAR sont intéressants, selon le spécialiste. Quatre doses de radiothérapie différentes ont été administrées : plus la dose est élevée, meilleurs sont les résultats sur le plan du contrôle de la maladie. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il ne semblait pas y avoir de différence entre 18 et 6 mois d'ADT chez les patients traités par brachy boost + EBRT. Sur base de ces données, le Pr Bossi a conclu que 6 mois d'ADT suffisaient dans la combinaison, en faveur de la qualité de vie pour le patient. Le Pr Bossi souhaitait par ailleurs souligner que la brachythérapie permettait un gain de temps. Seules quatre fractions sont nécessaires avec la brachy-monothérapie chez les patients souffrant d'un cancer prostatique à risque intermédiaire et, récemment, Morton et al. ont publié des données indiquant que deux fractions suffisaient déjà. Pour terminer, le Pr Bossi a discuté de ses propres données, présentées lors de l'ASTRO 2019 et actuellement en cours d'impression, qui montrent que la brachythérapie a un rôle à jouer en tant que traitement de sauvetage chez les patients qui rechutent après une radiothérapie. Bien que portant sur seulement 51 patients, ces données montrent toutefois une bonne tolérance de ce traitement. Lors du sondage qui a suivi l'exposé, 2 médecins sur 3 ont indiqué qu'ils envisageraient la brachythérapie à dose élevée pour un groupe de patients sélectionnés. Lors de la discussion, le constat selon lequel davantage de centres seraient nécessaires en Belgique pour administrer ce traitement a également été noté, tout comme la nécessité de prévoir un remboursement et des subsides.