Le comité de l'assurance de l'Inami examinera ce lundi une série de propositions de refinancement de la médecine générale du ministre Vandenbroucke pour un montant total de 55 millions d'euros tenant compte d'une partie du refinancement de la psychologie de 1ère ligne qui est censée collaborer au sein des cabinets des médecins généralistes... Mais il s'agit en réalité d'une série de promesses contenues dans l'accord médico-mut 2024-2025. L'Absym n'hésite pas à les qualifier de "poudre aux yeux" (lire encadré).
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La raison de ces investissements ? La pratique de médecine générale s'est complexifiée et alourdie avec l'augmentation de l'espérance de vie, ses problèmes chroniques associés et l'augmentation des personnes qui connaissent des problèmes psychologiques de toutes sortes. On peut ajouter que le sacerdoce médical a lentement disparu, la féminisation de la profession ayant convaincu les jeunes médecins hommes que l'équilibre avec la vie privée était tout aussi essentiel que pour les femmes-médecins. Du coup, le ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, estime que la première ligne MG doit encore être renforcée pour plus d'accessibilité.Il proposera ce lundi au comité de l'assurance quatre mesures pesant à elles-seules un investissement supplémentaire de 30 millions d'euros. A ce montant s'ajoutent 25 millions pour le renforcement de la première ligne en soins psychologiques avec des psychologues au cabinet du MG.Les 30 millions sont répartis comme suit :16,7 millions d'euros pour du personnel supplémentaire pour le soutien des MG. Cette délégation de tâche existe bien sûr depuis longtemps mais " pas partout ", souligne le ministre. Pour amorcer la pompe, Vandenbroucke propose une prime pour la première personne de soutien. Par exemple, une infirmière ou un infirmier qui commence à travailler dans le cabinet et qui prend en charge certaines tâches du médecin. " Il peut également s'agir d'un assistant de pratique, une nouvelle profession paramédicale, qui peut prendre en charge certains actes médicaux simples et d'assistance technique du médecin ou d'une infirmière du cabinet. " Que ferait cet assistant ? Il peut prélever des échantillons pour le laboratoire, accueillir les patients, réaliser des tâches administratives et logistiques, du secrétariat.Pour ce premier assistant de pratique, le MG recevra une intervention unique incluant les frais de formation appelée " intervention d'infrastructure ". " L'intervention dont le médecin ou le cabinet de médecine générale pourra bénéficier sera comprise entre 5.000 et 7.500 euros annuellement en fonction du nombre de demandes. Elle pourra être demandée et octroyée pour la première fois en 2024. On s'attend à ce que 4.872 cabinets individuels et 605 cabinets de groupe, soit 5.477 cabinets au total, puisent prétendre à cette prime, car ils n'ont pas encore engagé de personnel par le passé. "Une seconde intervention dite " de gestion du cabinet " est prévue pour les cabinets qui emploient déjà ce type de personnel. Elle se monte annuellement à 3.796 euros. Elle est prévue pour la gestion d'un assistant administratif ou d'un assistant de pratique avec un contrat de travail à durée indéterminée ou pour la gestion d'une infirmière de cabinet dans le cadre d'une collaboration permanente.L'idée de Vandenbroucke, en ces temps de pénurie, est que les MG utilisent leur temps de travail à ce qu'ils font de mieux : l'anamnèse, le diagnostic et le traitement. Et donc d'accepter en principe davantage de patients.Deuxième mesure : 2,26 millions pour orienter les jeunes MGF (médecins généralistes en formation) vers les régions qui manquent de généralistesCette somme sera allouée dès la prochaine rentrée académique via les CUMG (Centres universitaires de médecine générale). Elle se déclinera en diverses aides : des primes d'encouragement ou des indemnités de déplacement pour les MSF qui acceptent de travailler en zones de pénurie. Des indemnités supplémentaires sont prévues pour ces mêmes MSF assurant des gardes dans ces zones. Un CUMG en Wallonie et en Flandre définiront quelle zone est en pénurie.La Belgique compte quelque 2.100 MGF qui choisissent souvent de se former à proximité des villes universitaires. Ils ont tendance ensuite à s'y installer car ces centres urbains bénéficient de toute la panoplie d'offres notamment culturelles et les MSF y ont de nombreux amis.Troisièmement, 9,121 millions vont au doublement de l'honoraire de disponibilité pour les gardes (ils recevront désormais 15,2 euros par contact pendant les week-ends et jours fériés). C'est acté depuis le 1er janvier 2024 mais c'est maintenant inscrit dans la réglementation.En outre, 2,449 millions exactement iront à un meilleur suivi des patients chroniques. " Le suivi et la tenue du dossier des patients atteints de maladies chroniques demandent plus de travail. C'est pourquoi un DMG relevé à 67,12 euros avait déjà été prévu pour les patients ayant le statut de malade chronique et âgés de 30 à 85 ans. Aujourd'hui, des fonds sont débloqués pour augmenter de plus de 20 % le DMG pour les patients plus jeunes et plus âgés atteints de maladies chroniques, pour le porter à 44,24 euros. Il s'agit d'une augmentation pour 321.005 patients. Les versements commenceront en septembre. "Enfin, 25 million issus du budget Soins de Psychologie de Première Ligne, 25 millions d'euros alimentera la coopération entre psychologues et médecins généralistes : " Concrètement, cela signifie qu'un psychologue clinicien ou un orthopédagogue clinicien travaillera un certain nombre d'heures par semaine pour soutenir le médecin généraliste dans son cabinet. " Une consultation conjointe (médecin généraliste et psychologue réunis) est possible. La mesure s'inscrit dans la réforme de la psychologie de 1ère ligne qui concerne notamment 300.000 adolescents.Le CMG (Collège de médecine générale) et Domus Medica mèneront la concertation à ce sujet.L'opération séductions des MG par le ministre se poursuite puisque, rappelons-le, il a également relevé le quota de médecins de 61% au cours de sa mandature. Il a demandé aux entités fédérées de l'affecter en priorité aux spécialités en pénurie dont la médecine générale.