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Au 31 décembre 2024, la Belgique comptait officiellement 78.196 médecins reconnus, mais seuls 64.521 d'entre eux exercent effectivement sur le territoire national. Cette différence importante s'explique par un exode partiel vers l'étranger, notamment chez les jeunes diplômés. La Belgique compte 691.284 professionnels de soins " (kinés, infirmières, logopèdes, etc.), un chiffre considérable, preuve du poids gigantesque de la santé dans la société belge.Parmi les médecins, la majorité détient un diplôme belge, mais on constate une proportion croissante de diplômes délivrés à l'étranger - en particulier dans des pays membres de l'Union européenne. Le système belge reconnaît automatiquement les diplômes issus des États de l'UE (directive 2005/36/CE), tandis que ceux venant de pays tiers doivent obtenir une équivalence explicite du roi.La profession médicale vieillit. 35,5 % des généralistes et 28,1 % des spécialistes ont plus de 65 ans et près de la moitié ont dépassé la cinquantaine. Une évolution qui met sous pression le système de soins, avec des départs à la retraite imminents et un renouvellement insuffisant.La féminisation progresse, mais elle reste inégalement répartie : 48 % des médecins généralistes sont des femmes, mais elles représentent plus de 60 % chez les moins de 35 ans, contre à peine 36 % dans les disciplines chirurgicales (chirurgie générale 26 %, orthopédie 14 %, urologie 20 %). Globalement, les femmes représentent aujourd'hui 49,1 % de l'ensemble des médecins, une proportion qui grimpe à plus de 60 % chez les moins de 35 ans.Les chiffres indiquent que plus de 2.000 nouveaux médecins sont diplômés chaque année, dont, on l'a dit, un nombre croissant issus de facultés à l'étranger. A tel point qu'en médecine générale comme en spécialité, la Belgique reste dépendante de diplômés formés hors du territoire national. A contrario, la Belgique forme plus de médecins qu'elle n'en emploie effectivement sur son territoire (si on fait la différence entre les 78.196 (droit d'exercer) vs 64.521 (domiciliés en Belgique)).Certains domaines sont en surcharge -- comme la médecine générale dans les grandes villes -- tandis que d'autres souffrent de pénuries chroniques : gynécologie, anesthésie, chirurgie orthopédique. Le rapport pointe aussi un déséquilibre linguistique, avec une surreprésentation marquée des médecins francophones dans certaines spécialités, ce qui complique la planification des soins à l'échelle nationale.En 2024, le rapport met en lumière un chiffre révélateur : environ 40 % des médecins généralistes francophones actifs ont plus de 60 ans, contre 29 % côté néerlandophone si l'on observe la pyramide des âges par Région. La relève francophone ne suit pas.Le tableau général est préoccupant : un corps médical vieillissant, des disparités régionales et linguistiques marquées, une féminisation accélérée mais incomplète, et une dépendance croissante aux diplômés étrangers. L'État belge devra faire des choix clairs s'il veut garantir à l'avenir une couverture médicale de qualité, sur tout le territoire. S'il faut tirer une conclusion, c'est que la médecine belge souffre des phénomènes sociétaux généraux : crise des vocations, pénuries, démographie, immigration. Il faudra plus que jamais anticiper pour ne pas subir dans un contexte de soins de santé sous tension.https://organesdeconcertation.sante.belgique.be/sites/default/files/documents/statan_2024_fr.pdf