Pourquoi les spécialistes n'ont-ils pas droit à une prime de pratique intégrée ? C'est une question que se posent plusieurs de nos lecteurs après l'ouverture de la période de demande d'octroi de la prime 2018 aux généralistes.
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Les généralistes peuvent demander jusqu'au 8 mars leur prime de pratique intégrée pour 2018 (lire JdM n° 2612). Pour rappel, cette prime a pour objectif de soutenir le fonctionnement de leur pratique et l'utilisation de e-services (Recip-e, MyCarenet, eFact, consentement éclairé...). Le forfait varie, de 1.000 euros à 6.000 euros, en fonction du seuil d'utilisation des outils e-santé. Le généraliste doit obligatoirement utiliser un des logiciels DMI acceptés par la commission médico-mutualiste.Au 1er janvier 2020, la prescription électronique des médicaments sera obligatoire pour les médecins, dentistes et sages-femmes. Quel ques exceptions sont prévues : l'âge du prestataire (64 ans au 1er janvier 2020), la visite à domicile et en cas de force majeure. Suite aux critiques des médecins qui n'utilisent pas de dossier médical informatisé, l'Inami a créé l'application Paris pour leur permettre de prescrire électroniquement en dehors du DMI.Les médecins hospitaliers peuvent utiliser le dossier patient informatisé de leur hôpital pour prescrire de façon électronique.Quid des médecins spécialistes extrahospitaliers ? Ils peuvent s'équiper d'un DMI complet, utiliser l'application Paris ou louer des solutions informatiques qui permettent, par exemple, de prescrire électroniquement via Recip-e sans avoir de dossier médical informatisé." Avec l'obligation de prescription électronique, nous devons utiliser et acheter des solutions informatiques que nous devons financer de nos propres deniers ", regrette un spécialiste extrahospitalier. " Les autorités considèrent vraisemblablement que nous gagnons assez d'argent pour nous équiper à nos frais sans le soutien de l'Inami. Or les dentistes, comme les généralistes, ont droit à une prime de prati ue intégrée. Cette différence de traitement est injuste. " " Les autorités oublient manifestement que de nombreux spécialistes hospitaliers, par exemple, les dermatologues, les pédiatres et les ophtalmologues, ont une pratique privée et qu'ils doivent donc s'équiper pour utiliser les e-services ", souligne un autre spécialiste." Nous avons fréquemment des demandes de la part des dermatologues pour l'octroi d'une intervention pour couvrir ces frais ", commente Béatrice De Donder, présidente de l'Union professionnelle belge de dermatologie et vénérologie. " Nous avons introduit, l'année dernière au Conseil technique médical, une demande de nomenclature pour la télédermatologie (téléexpertise et pas téléconsultation). Une demande de prime y était jointe. Nous pensons qu'une prime de base, comme les infirmières reçoivent, devrait être attribuée aux spécialistes. "L'Absym et le Groupement belge des spécialistes (GBS) sont conscients de cette problématique." La prime informatique pour les spécialistes fait partie des demandes insistantes de l'Absym depuis quatre ans et est encore dans les discussions en préparation au nouvel accord médico-mutualiste ", explique Françoise de Toeuf, juriste à l'Absym Bruxelles. " Malheureusement, les budgets manquent, et il faudrait utiliser une partie de l'index pour financer cette prime. Un auto-financement n'a pas de sens. Par contre, pour les généralistes, un budget supplémentaire avait bien été accordé. En réalité, le schéma e-santé du monde politique est centré sur la 1ère ligne (médecins généralistes mais aussi infirmiers). Dans ce concept, les spécialistes sont tous des hospitaliers. C'est donc à l'hôpital que l'informatique doit être organisée. Même pour les spécialistes extra-hospitaliers c'est un " niet " absolu ! L'ancien ministre flamand de la santé, Jo Vandeurzen, a d'ailleurs dit clairement que la place des spécialistes est dans l'hôpital. Ce concept est sousjacent chez Maggie De Block aussi. "" Nous avons déjà eu des demandes de la part de nos membres voulant obtenir des autorités une prime de pratique intégrée à l'instar des généralistes ", commente Fanny Vandamme, directrice du GBS.Au moment de boucler ces lignes, le nouvel accord médico-mut n'avait pas encore été signé. Y trouvera-t-on une mesure octroyant une prime de pratique intégrée aux spécialistes ? Rien n'est moins certain.