Le 13 mars, tenant également compte de l'activation de la phase fédérale de planification d'urgence, le Comité Hospital & Transport Surge Capacity a proposé au groupe de gestion des risques (RMG) plusieurs recommandations. Elles ont été approuvées par les autorités.
Depuis le 14 mars, tous les hôpitaux généraux et universitaires, psychiatriques et de réadaptation doivent activer la phase d'action de leur plan d'urgence hospitalier.
A cette date, tous les hôpitaux généraux et universitaires, les hôpitaux de réadaptation ainsi que les cliniques privées ont dû annuler toutes les consultations, examens et interventions électives.
Une attention particulière doit être accordée aux interventions qui ont un impact sur la capacité de l'hôpital en matière de soins intensifs.
Toutes les consultations, examens et interventions urgentes et nécessaires peuvent continuer à être mis en oeuvre. En outre, toutes les thérapies nécessaires à la vie courante (par exemple, chimiothérapie, dialyse, etc.) ou la rééducation quotidienne nécessaire seront poursuivies.
Depuis le 14 mars, toutes les visites dans les hôpitaux généraux et universitaires, psychiatriques et de réadaptation seront interdites. A l'exception des groupes suivants : volontaires et stagiaires ; un ou deux parents (ou assimilés) de nouveaux-nés et d'enfants de moins de 18ans hospitalisés ; les parents proches de personnes en phase critique ou finale de leur vie ; accompagnement pour les consultations ou examens nécessaires par une personne (de confiance) au maximum.
Mobilisation générale
Les autorités ont demandé à chaque hôpital général de prendre les mesures nécessaires pour pouvoir traiter les patients qui arrivent en son sein et qui sont contaminés par le Covid-19. "Chaque hôpital contribue autant que possible de manière solidaire et responsable en fonction de ses capacités et de son expertise. Les hôpitaux peuvent, bien entendu, prendre toutes les initiatives pour se coordonner au sein du réseau hospitalier locorégional dont ils sont membres."
Les autorités demandent aux hôpitaux d'élaborer une série de plans pour augmenter leur capacité en termes de lits ventilés, par exemple en libérant des parties du bloc opératoire, de la salle de réveil, ou des salles vacantes, etc.
Un certain nombre de services d'ambulances seront spécifiquement désignés par province, auxquels la centrale 112 fera appel en cas de transport d'un patient infecté par le Covid-19 ou qui présente des symptômes graves induisant une suspicion de Covid-19 (fièvre et troubles respiratoires graves).
En cas de saturation, les hôpitaux doivent mettre en oeuvre le plan d'urgence de l'hôpital de manière adéquate et efficace et contacter l'inspecteur fédéral d'hygiène pour trouver une solution.
Le PUH : une structure qui permet d'être réactif
Le plan d'urgence hospitalière (PUH) a succédé au plan Mash suite aux attentats de 2016. Ce plan d'urgence est tout jeune puisqu'il devait être finalisé dans tous les hôpitaux pour le 31 décembre 2019. La pandémie est donc un test grandeur nature pour éprouver l'efficacité du PUH. Retour d'expérience avec ce qui est mis en place au Grand hôpital de Charleroi (GHDC).
Une pandémie implique un PUH particulier. La différence avec un plan d'urgence classique : la temporalité. "La grande différence entre un PUH classique et le PUH pandémie, c'est que dans le premier cas, la mobilisation est intense, organisée et structurée dans un temps très court pour faire face à un incident majeur. Le plan pandémie - qui rentre dans l'organisation du PUH - est organisé pour faire face à un incident dont la temporalité est tout à fait différente, puisqu'il doit donner sur le court, le moyen et le long terme une réponse efficiente à chaque stade de l'évolution de la pandémie", détaille le Pr Frédéric Thys, coordinateur du PUH du GHDC.
Prêts dès janvier
Concernant le Covid-19, le GHDC s'est préparé très tôt. "Dès les premiers soubresauts en Chine, nous avons activé notre plan pandémie afin d'avoir une structure de planification et de prise de décision. Quatre coordinateurs ont été nommés d'emblée : le directeur médical, le chef de pôle de médecine clinique, la cheffe du département infirmier et moi-même en tant que responsable de la coordination du PUH. Un bureau opérationnel composé des principaux experts nécessaires dans la gestion médicale et opérationnelle de cette pandémie a également été mis en place, dont le travail est axé sur la discussion des procédures, des adaptations en fonction de l'évolution de la pandémie. Le comité de direction est extrêmement mobilisé et réactif"
Ce "bureau exécutif" se réunit chaque jour et enrichit petit à petit le plan pandémie à travers les procédures mises en place. "Par exemple, il a très vite fallu offrir à tous les patients qui sollicitent les urgences la possibilité d'être triés rapidement entre patients suspects et non-suspects. Nous avons donc séparé les prises en charge, ce qui nous a permis d'avoir une réponse adaptée tant en terme d'attitudes qu'en terme de mesures de protection ou de réflexes médicaux."
"Ce centre de commandement nous permet une réactivité surprenante sur le terrain", ajoute le Pr Thys. "Je constate énormément de bonne volonté, de rigueur et de professionnalisme pour que ce plan de pandémie s'organisme au mieux. Les collègues qui ont moins d'activités dû au report ou à l'annulation des consultations s'organisent pour une solidarité au service des patients et de l'hôpital. Cela redistribue les cartes des activités au sein de l'hôpital. Grâce à cette structure, nous pouvons accompagner le mouvement de manière organisée."
Communication
Le GHDC, comme les autres hôpitaux wallons, a des contacts quotidiens avec l'Aviq, Sciensano et le SPF Santé publique. "Tous les jours, nous remplissons, à la demande de Sciensano, une série d'informations concernant les cas Covid-19 suspects ou confirmés que nous avons à traiter dans le cadre du plan pandémie. D'autre part, une plateforme gère les ressources disponibles au sein des hôpitaux (ICMS). Les hôpitaux sont amenés avant 11h à remplir une série de demandes pour que la centrale puisse avoir une idée de la disponibilité en lits aigus, en lits d'hospitalisation."