Les quatre cercles de la province de Luxembourg et l'arrondissement de Dinant coopèrent de longue date pour pallier le manque d'attractivité de la profession dans la région. La cause est à chercher dans l'organisation de la garde, notamment. Une demande à l'Inami a donc été faite pour l'ouverture de 5 postes médicaux de garde (PMG), mais depuis 2015, Maggie de Block demande aux médecins de la région d'attendre. Mais le temps presse pour les généralistes de la région qui voient leur environnement de travail se dégrader d'année en année.
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Le problème est connu : la pénurie impose une récurrence de gardes de plus en plus conséquente. Un problème qui ne fait que s'aggraver, puisque cela dissuade les assistants de rester dans la région. C'est pour pallier ce problème qu'est née l'ASBL Postes médicaux de garde Luxembourg Dinant (PMGLD) en juin 2011.Sept postes de gardes médicaux (Arlon, Bastogne, Bièvre, Dinant, Libramont, Marche-en-Famenne et Tintigny) sont depuis opérationnels les week-ends ainsi que les jours fériés. " Ces PMG ont la particularité de répondre aux critères du plan de la ministre concernant les soins non-planifiables ", ajoute le Dr Christian Guyot, président du PMGLD. " On pourrait même dire que son plan est calqué sur notre mode de fonctionnement ! "Cette réorganisation fut salvatrice pour le bien-être des MG, puisque cette action a diminué significativement les gardes de weekend. " Il n'empêche que toutes les nuits de semaine, les zones qui sont peuplées de moins de quatre médecins (voir carte, ndlr) ont des récurrences très importantes. En cas de maladie, de grossesse, de vacance, il y a danger de se retrouver avec un seul médecin de garde. "En 2015, les quatre cercles de la province de Luxembourg et l'arrondissement de Dinant s'accordent autour d'un projet de cinq PMG ouverts de nuit. " C'est un projet vraiment solidaire, il faut insister. Les médecins de la commune de Marche et du Sud-Luxembourg n'en ont pas vraiment besoin. Mais ils sont solidaires du projet. "" Nous avions introduit une demande de financement à l'Inami en février 2016. Une demande qui ne concernait que des frais de fonctionnement, le médecin généraliste étant payé par son activité, par ses actes " détaille Christan Guyot. " C'est un budget de 480.000 euros qui permettrait une économie de 360.000 euros en honoraires de disponibilité, puisqu'il y aurait 22 zones de garde en semaine en moins. " Le projet de départ aurait donc été financé à 70 % par ces économies et aurait coûté in fine 120.000 euros à l'Inami."L'absence de réponse du Fédéral nous a poussé à interpeller la Commission médicale provinciale, le Conseil de l'Ordre, la seconde ligne et les politiques de la majorité fédérale. Nous ne sommes pas restés les bras croisés en attendant que cela se passe. Nous avons vraiment bougé autour de ce projet. "Début 2017, un courrier positif arrive sur la table : les 5 PMG pourraient rentrer dans le cadre un projet pilote. Après avoir fourni une analyse quantitative de la charge de travail en garde, fin 2017, il n'y eut toutefois pas plus de répondant de la part du Fédéral. En novembre de la défunte année, le PMGLD a donc décidé de muscler son action. " Nous avons optimisé le budget de manière à générer 82.000 euros d'économies pour l'État et créer six équivalents temps plein."Malgré tout, la réponse de Maggie De Block reste inchangée. "Elle reste optimiste, le projet est vraiment dans les rails, l'accord médicomut le comprend. Mais le projet s'étale sur quatre ans. Sa vision des choses est avant tout d'étendre la garde de week-end et d'uniformiser son fonctionnement. Nous pouvons comprendre sa vision, mais nous avons un besoin urgent de répondre aux problèmes de pénurie, de pénibilité de la garde, et d'attraction des jeunes dans la province de Luxembourg. "" C'est un problème très local et exclusivement wallon. Ce qui explique peut-être que l'attention est moins facilement attirée sur la problématique ", explique le Dr Guyot. " La priorité de d'abord couvrir le pays au niveau de la garde et d'uniformiser son fonctionnement est une autre explication. Or, il faut savoir que 92 % du territoire wallon est couvert, contre 50 % en Flandre, où les besoins sont moins grands. "À ce déséquilibre nord/sud par rapport à la sensibilité au problème s'ajoute la légèreté du poids des syndicats dans la représentation des MG. " C'est de notre faute ", concède Christian Guyot. " Les médecins wallons sont trop peu nombreux à voter pour les élections syndicales. "Enfin, la méthode politique a changé. Les initiatives du terrain ( bottom-up) ont fait place à une Maggie De Block qui essaye d'imposer sa vision des choses (top-down)."Nous continuons à solliciter le Fédéral. Mais face à ce blocage, nous voulons manifester notre désaccord ", exprime le président du PMGLD. "Nous envisageons de fusionner des petites zones de garde, mais cela ne résoudra pas le problème de pénibilité. Nous avions également envisagé de pourrir la situation, c'est-à-dire de mettre des zones rouges s'il y a moins de huit médecins par zone de garde. Le problème, c'est la continuité des soins. Enfin, dernière alternative envisagée : interpréter strictement la loi pour ne garder qu'un seul MG pour 300.000 habitants... Infaisable vu la grandeur de la zone. "Les médecins luxembourgeois et dinantais ne peuvent plus attendre. Ils sont au bord de l'épuisement. L'arrivée de la double cohorte, " voire de la triple cohorte ", renforce cette urgence : c'est aujourd'hui qu'il faut prendre un décision, au risque de voir naître une problématique de santé publique qui coûtera plus cher aux contribuables si elle n'est pas prise en compte aujourd'hui.