Le centre de simulation médicale interdisciplinaire de Liège (Smile) propose aux étudiants de master en anesthésie-réanimation et médecine d'urgence, mais aussi au personnel infirmier du CHU, d'apprendre à faire face à des scénarios catastrophes en testant en "live" leurs compétences. Un formidable outil d'apprentissage.
La vedette de ce centre de formation est sans conteste SimMan 3G, un mannequin bourré de dispositifs électroniques capable de simuler de nombreuses pathologies et des paramètres physiologiques (température, transpiration, respiration...). Il ne meurt jamais... mais se retrouve souvent dans des situations difficiles.
Derrière une vitre, une équipe pluridisciplinaire teste différents scénarios auxquels les apprenants doivent faire face. L'objectif n'est jamais de mettre le testé en échec mais de lui permettre de se trouver dans les conditions d'exercice les plus proches de la réalité. "Le mannequin ouvre les yeux, il transpire, parle... On peut le brancher à un respirateur, l'intuber, le défibriller... L'instructeur enregistre l'exercice. Il voit comment les cliniciens interagissent. Ceux-ci peuvent recevoir des données d'imagerie médicale et de biologie clinique. Ils peuvent appeler un médecin de garde à l'aide via un téléphone. Par le passé, il manquait une étape entre l'apprentissage théorique et la réalité de terrain parce que le médecin n'avait jamais pu s'entraîner", explique le Pr Alexandre Ghuysen, directeur du centre et chef du service des urgences associé du CHU de Liège.
"Un avantage de cette approche est l'émulation. Les apprenants ont envie de revenir pour être confrontés à d'autres scénarios. Ce sont des "serious games"", commente le Dr Cardos, manager du centre.
Simulation basse fidélité
Le centre Smile dispose également d'autres outils permettant de faire des simulations "basse fidélité" : des têtes pour intuber, des blocs qui permettent de s'exercer à ponctionner des vaisseaux...
"Dans un local, nous organisons également des jeux de rôle et nous travaillons la communication vers le patient. Par exemple, comment apprendre à annoncer une mauvaise nouvelle à quelqu'un", ajoute Alexandre Ghuysen.
Des caméras ont également été installées dans une salle d'urgence afin de pouvoir débriefer des cas réels. "Le débriefing est basé sur le principe de l'absence de jugement. Tout ce qui se passe au centre de simulation y reste, précise Alexandre Ghuysen. Nous confrontons les expériences et les ressentis. Parfois, rien qu'en regardant comment une équipe est positionnée, nous savons si l'intervention fonctionne ou pas. De nombreux éléments sont liés à la communication non-verbale, au leadership... Tout cela s'ajoute aux connaissances médicales."
Les étudiants en médecine peuvent aussi s'exercer à suturer sur des pieds de cochons. "Il s'agit aussi d'une simulation. Rien n'est plus proche de la peau humaine que la peau de porc. Nous réalisons aussi des exercices d'échographie. À tour de rôle, les futurs urgentistes deviennent les patients. Des condisciples leur font une échographie. C'est win-win", explique le Pr Ghuysen.
"Depuis cette année, nous intégrons la simulation dans le cadre de la formation des futurs urgentistes, Ils viennent dans le centre une à deux fois par mois. Les scénarios que nous leur proposons tiennent évidemment compte de leur niveau de formation. On ne demande pas à un master 1 de jouer le rôle du réanimateur en chef. Nous pouvons également déplacer le mannequin hors de l'hôpital dans des situations un peu hostiles", précise le directeur du centre.
Le centre Smile n'est pas réservé qu'aux étudiants en master. Des médecins et infirmiers/ères chevronnés peuvent également s'y entraîner. "A côté de l'apprentissage, il y a aussi le maintien des compétences et des connaissances. Lors de l'évaluation, il faut faire attention de ne pas créer des situations de blocage. Le patient peut mourir mais, a priori, c'est mieux qu'il ne meure pas. Lorsque l'instructeur se rend compte que la situation n'évolue pas favorablement, il va injecter un facilitateur. La simulation permet d'exposer des soignants à des situations dans lesquelles nous espérons qu'ils ne se retrouveront pas dans le monde réel en leur offrant des modalités de résolution des problèmes", commente le directeur du centre. Il compare la démarche avec celle des conducteurs qui suivent des cours de maîtrise automobile. "Lorsqu'une voiture glisse sur une plaque de verglas, le conducteur panique, même s'il a l'habitude de conduire parce qu'il n'a jamais été confronté à une telle situation. Dans ces cours, on apprend à connaître les conditions du dérapage d'une voiture. Dans notre centre, nous laissons les médecins déraper complétement avant de les "remettre sur la route". Nous essayons qu'ils comprennent eux-mêmes les erreurs."
Cet équipement de pointe sert également lors des concours d'admission pour les spécialisations pour l'ULg et l'UCL. A côté de l'examen écrit et de l'entretien de motivation, le candidat au poste est exposé à un patient qu'il faut interroger et examiner. "Cette approche nous permet de voir l'individu dans toute sa globalité. Cette évaluation est plus correcte qu'une évaluation purement théorique."
Le centre Smile dispose de 3 salles de simulation, 3 salles de débriefing et 2 salles de commande. Il possède une trentaine de mannequins dont 3 mannequins haute-fidélité de type SimMan 3G, SimJunior et SimBaby, ainsi qu'un simulateur de circulation extra corporelle. Le centre de simulation "adultes" est installé sur le site du Sart Tilman du CHU de Liège. Un centre "enfants" et "grossesse" a également été ouvert sur le site Notre-Dame des Bruyères.
Actuellement, cette structure innovante est financée par la Faculté de médecine de l'ULg dans le cadre d'un projet facultaire, en collaboration avec la Faculté de psychologie et d'autres partenaires. "Nous essayons de fédérer parce que nous voulons passer de la simulation "classique" à la simulation virtuelle. Nous comptons aussi utiliser les possibilités du numérique. Par exemple, pour former des infirmières via des jeux intelligents." L'objectif à terme est d'ouvrir un grand centre de simulation pour toute la Belgique francophone. Il faudra encore un peu de temps pour passer de ce rêve à la réalité (virtuelle).
Créer un scénario d'apprentissage prend une semaine. "Les scénarios sont encodés dans notre système, explique le Dr Benoît Cardos, manager du centre de simulation. En fonction de l'état d'apprentissage de l'apprenant, nous faisons évaluer la difficulté du scénario de 1 à 10. La formation est très structurée."
Les objectifs pédagogiques doivent être pensés en fonction des métiers (médecins, infirmiers, étudiants...) et des niveaux d'apprentissage, par exemple, des cours dispensés à l'université. "Nous analysons ensuite des grilles internationales d'évaluation standardisée et les images qui ont été enregistrées durant la simulation. Il est très important pour l'apprenant de se voir agir et de s'entendre."
.
La vedette de ce centre de formation est sans conteste SimMan 3G, un mannequin bourré de dispositifs électroniques capable de simuler de nombreuses pathologies et des paramètres physiologiques (température, transpiration, respiration...). Il ne meurt jamais... mais se retrouve souvent dans des situations difficiles. Derrière une vitre, une équipe pluridisciplinaire teste différents scénarios auxquels les apprenants doivent faire face. L'objectif n'est jamais de mettre le testé en échec mais de lui permettre de se trouver dans les conditions d'exercice les plus proches de la réalité. "Le mannequin ouvre les yeux, il transpire, parle... On peut le brancher à un respirateur, l'intuber, le défibriller... L'instructeur enregistre l'exercice. Il voit comment les cliniciens interagissent. Ceux-ci peuvent recevoir des données d'imagerie médicale et de biologie clinique. Ils peuvent appeler un médecin de garde à l'aide via un téléphone. Par le passé, il manquait une étape entre l'apprentissage théorique et la réalité de terrain parce que le médecin n'avait jamais pu s'entraîner", explique le Pr Alexandre Ghuysen, directeur du centre et chef du service des urgences associé du CHU de Liège. "Un avantage de cette approche est l'émulation. Les apprenants ont envie de revenir pour être confrontés à d'autres scénarios. Ce sont des "serious games"", commente le Dr Cardos, manager du centre. Le centre Smile dispose également d'autres outils permettant de faire des simulations "basse fidélité" : des têtes pour intuber, des blocs qui permettent de s'exercer à ponctionner des vaisseaux... "Dans un local, nous organisons également des jeux de rôle et nous travaillons la communication vers le patient. Par exemple, comment apprendre à annoncer une mauvaise nouvelle à quelqu'un", ajoute Alexandre Ghuysen.Des caméras ont également été installées dans une salle d'urgence afin de pouvoir débriefer des cas réels. "Le débriefing est basé sur le principe de l'absence de jugement. Tout ce qui se passe au centre de simulation y reste, précise Alexandre Ghuysen. Nous confrontons les expériences et les ressentis. Parfois, rien qu'en regardant comment une équipe est positionnée, nous savons si l'intervention fonctionne ou pas. De nombreux éléments sont liés à la communication non-verbale, au leadership... Tout cela s'ajoute aux connaissances médicales." Les étudiants en médecine peuvent aussi s'exercer à suturer sur des pieds de cochons. "Il s'agit aussi d'une simulation. Rien n'est plus proche de la peau humaine que la peau de porc. Nous réalisons aussi des exercices d'échographie. À tour de rôle, les futurs urgentistes deviennent les patients. Des condisciples leur font une échographie. C'est win-win", explique le Pr Ghuysen. "Depuis cette année, nous intégrons la simulation dans le cadre de la formation des futurs urgentistes, Ils viennent dans le centre une à deux fois par mois. Les scénarios que nous leur proposons tiennent évidemment compte de leur niveau de formation. On ne demande pas à un master 1 de jouer le rôle du réanimateur en chef. Nous pouvons également déplacer le mannequin hors de l'hôpital dans des situations un peu hostiles", précise le directeur du centre. Le centre Smile n'est pas réservé qu'aux étudiants en master. Des médecins et infirmiers/ères chevronnés peuvent également s'y entraîner. "A côté de l'apprentissage, il y a aussi le maintien des compétences et des connaissances. Lors de l'évaluation, il faut faire attention de ne pas créer des situations de blocage. Le patient peut mourir mais, a priori, c'est mieux qu'il ne meure pas. Lorsque l'instructeur se rend compte que la situation n'évolue pas favorablement, il va injecter un facilitateur. La simulation permet d'exposer des soignants à des situations dans lesquelles nous espérons qu'ils ne se retrouveront pas dans le monde réel en leur offrant des modalités de résolution des problèmes", commente le directeur du centre. Il compare la démarche avec celle des conducteurs qui suivent des cours de maîtrise automobile. "Lorsqu'une voiture glisse sur une plaque de verglas, le conducteur panique, même s'il a l'habitude de conduire parce qu'il n'a jamais été confronté à une telle situation. Dans ces cours, on apprend à connaître les conditions du dérapage d'une voiture. Dans notre centre, nous laissons les médecins déraper complétement avant de les "remettre sur la route". Nous essayons qu'ils comprennent eux-mêmes les erreurs." Cet équipement de pointe sert également lors des concours d'admission pour les spécialisations pour l'ULg et l'UCL. A côté de l'examen écrit et de l'entretien de motivation, le candidat au poste est exposé à un patient qu'il faut interroger et examiner. "Cette approche nous permet de voir l'individu dans toute sa globalité. Cette évaluation est plus correcte qu'une évaluation purement théorique."Le centre Smile dispose de 3 salles de simulation, 3 salles de débriefing et 2 salles de commande. Il possède une trentaine de mannequins dont 3 mannequins haute-fidélité de type SimMan 3G, SimJunior et SimBaby, ainsi qu'un simulateur de circulation extra corporelle. Le centre de simulation "adultes" est installé sur le site du Sart Tilman du CHU de Liège. Un centre "enfants" et "grossesse" a également été ouvert sur le site Notre-Dame des Bruyères. Actuellement, cette structure innovante est financée par la Faculté de médecine de l'ULg dans le cadre d'un projet facultaire, en collaboration avec la Faculté de psychologie et d'autres partenaires. "Nous essayons de fédérer parce que nous voulons passer de la simulation "classique" à la simulation virtuelle. Nous comptons aussi utiliser les possibilités du numérique. Par exemple, pour former des infirmières via des jeux intelligents." L'objectif à terme est d'ouvrir un grand centre de simulation pour toute la Belgique francophone. Il faudra encore un peu de temps pour passer de ce rêve à la réalité (virtuelle). Informations complémentaires Créer un scénario d'apprentissage prend une semaine. "Les scénarios sont encodés dans notre système, explique le Dr Benoît Cardos, manager du centre de simulation. En fonction de l'état d'apprentissage de l'apprenant, nous faisons évaluer la difficulté du scénario de 1 à 10. La formation est très structurée." Les objectifs pédagogiques doivent être pensés en fonction des métiers (médecins, infirmiers, étudiants...) et des niveaux d'apprentissage, par exemple, des cours dispensés à l'université. "Nous analysons ensuite des grilles internationales d'évaluation standardisée et les images qui ont été enregistrées durant la simulation. Il est très important pour l'apprenant de se voir agir et de s'entendre." .