L'irruption d'eHealth dans la pratique médicale a provoqué davantage d'inquiétude que d'enthousiasme. Au contraire de nombreux métiers où l'ordinateur s'est imposé de longue date, les médecins ont sauvegardé jusqu'ici la possibilité de gérer leurs données, prescriptions, certificats et autres attestations de soins sur support papier s'ils le souhaitaient.
La création d'un vaste réseau de transmission sécurisée des données médicales (eHealth) fut initialement accueillie avec incrédulité par un corps médical traditionnellement méfiant devant toute initiative supposée contraignante. Paradoxalement, l'ampleur du projet rassura: pareil cahier de charge ne verrait sans doute jamais le jour, ou dans un avenir tellement éloigné qu'il ne concernerait plus les médecins actuellement en fonction. L'idée même de faire transiter en temps réel l'entièreté des données administratives, le contrôle d'assurabilité, le remboursement des prestations, les protocoles médicaux, l'imagerie, les contacts avec le médecin conseil, les prescriptions Bf, le partage en ligne d'un dossier clinique minimal consultable en urgence semblait sortie en droite ligne de l'imagination fertile d'un auteur de science-fiction Le constat que toute cette infrastructure fonctionnait, et fort bien, dans bon nombre de cabinets médicaux qui avaient franchi le cap depuis plusieurs mois en désarçonna plus d'un. L'annonce de la suppression programmée à court terme et irréversible des prescriptions manuscrites, ainsi que le recours obligatoire au tiers-payant par voie électronique pour les patients défavorisés accentua cette inquiétude. L'inéluctabilité de cette évolution, et les délais courts pour s'y conformer ont surpris bon nombre de praticiens non- informatisés, poussant vers une retraite précipitée les plus âgés, et vers une incertitude anxieuse les autres. Celle-ci se justifie-t-elle ?
Combat d'arrière-garde
Peut-être, mais elle se soigne. Le projet eHealth s'inscrit dans une trajectoire d'interconnexion dépassant largement le cadre médical et s'en abstraire est un combat d'arrière-garde. Ses utilisateurs sont unanimes à reconnaître l'efficience et le confort accru dont bénéficient leurs consultations, accroissant le temps consacré au patient par une meilleure gestion des multiples données le concernant. La simplification des procédures que permet l'accessibilité en ligne aux données des organismes assureurs, la consultation de protocoles hospitaliers au-travers des réseaux de santé tels Abrumet et le RSW se révèlent rapidement sécurisants et confortables. Et contrairement à une idée reçue et répandue, l'utilisation de ces outils se révèle en outre extrêmement aisée moyennant l'utilisation d'un logiciel médical labellisé qui les intègre de manière transparente.
Reste une difficulté réelle pour ceux que l'idée même d'une informatisation insécurise, acculés à acquérir en un temps limité un matériel adéquat, un logiciel compatible et une expertise, pour des changements imposés sans concertation et sans voie alternative. Que leur proposer ? Une intéressante expérience d' "informatisation heureuse" est tentée par un cercle local avec pour objectif de mettre à niveau l'entièreté de ses membres au terme d'une année, quelle que soit leur familiarité informatique de départ (1). Le partage d'expérience par des utilisateurs chevronnés, sans visée commerciale, s'organise autour de rencontres en cabinet, échanges par voie électronique via un forum dédicacé, contacts avec des firmes de logiciels suivis de débats contradictoires. L'aptitude des programmes médicaux à intégrer de manière transparente les divers modules eHealth fait l'objet d'une évaluation particulièrement critique. Rompre l'isolement, éviter les erreurs d'investissements dans des systèmes obsolètes, épauler les mises en route, répondre quotidiennement aux multiples petits problèmes constitue un beau défi qui ne peut qu'améliorer la qualité des relations entre les membres de cette association qui prend ainsi un pari optimiste sur le futur. Expérience par ailleurs aisément reproductible dans d'autres cercles qui seraient intéressés.
Question éthique
Demeure la question éthique, liée aux craintes portant sur la confidentialité des données partagées. Elles ne sauraient se voir esquivées, quelles que soient l'attention et la prudence que leur apportent les concepteurs et les utilisateurs du réseau. Le cryptage des données, leur limitation aux seuls patients liés par un lien thérapeutique, l'identification préalable des utilisateurs, l'utilisation d'un code et d'un certificat protégés, la traçabilité des accès constituent autant de garanties. De récentes divulgations de données sensibles bien protégées (NSA, WikiLeaks, LuxLeaks) appellent néanmoins à la plus extrême vigilance et justifient une implication maximale du corps médical dans la gestion future du réseau eHealth, raison supplémentaire pour ne pas s'en désintéresser.
La création d'un vaste réseau de transmission sécurisée des données médicales (eHealth) fut initialement accueillie avec incrédulité par un corps médical traditionnellement méfiant devant toute initiative supposée contraignante. Paradoxalement, l'ampleur du projet rassura: pareil cahier de charge ne verrait sans doute jamais le jour, ou dans un avenir tellement éloigné qu'il ne concernerait plus les médecins actuellement en fonction. L'idée même de faire transiter en temps réel l'entièreté des données administratives, le contrôle d'assurabilité, le remboursement des prestations, les protocoles médicaux, l'imagerie, les contacts avec le médecin conseil, les prescriptions Bf, le partage en ligne d'un dossier clinique minimal consultable en urgence semblait sortie en droite ligne de l'imagination fertile d'un auteur de science-fiction Le constat que toute cette infrastructure fonctionnait, et fort bien, dans bon nombre de cabinets médicaux qui avaient franchi le cap depuis plusieurs mois en désarçonna plus d'un. L'annonce de la suppression programmée à court terme et irréversible des prescriptions manuscrites, ainsi que le recours obligatoire au tiers-payant par voie électronique pour les patients défavorisés accentua cette inquiétude. L'inéluctabilité de cette évolution, et les délais courts pour s'y conformer ont surpris bon nombre de praticiens non- informatisés, poussant vers une retraite précipitée les plus âgés, et vers une incertitude anxieuse les autres. Celle-ci se justifie-t-elle ? Peut-être, mais elle se soigne. Le projet eHealth s'inscrit dans une trajectoire d'interconnexion dépassant largement le cadre médical et s'en abstraire est un combat d'arrière-garde. Ses utilisateurs sont unanimes à reconnaître l'efficience et le confort accru dont bénéficient leurs consultations, accroissant le temps consacré au patient par une meilleure gestion des multiples données le concernant. La simplification des procédures que permet l'accessibilité en ligne aux données des organismes assureurs, la consultation de protocoles hospitaliers au-travers des réseaux de santé tels Abrumet et le RSW se révèlent rapidement sécurisants et confortables. Et contrairement à une idée reçue et répandue, l'utilisation de ces outils se révèle en outre extrêmement aisée moyennant l'utilisation d'un logiciel médical labellisé qui les intègre de manière transparente. Reste une difficulté réelle pour ceux que l'idée même d'une informatisation insécurise, acculés à acquérir en un temps limité un matériel adéquat, un logiciel compatible et une expertise, pour des changements imposés sans concertation et sans voie alternative. Que leur proposer ? Une intéressante expérience d' "informatisation heureuse" est tentée par un cercle local avec pour objectif de mettre à niveau l'entièreté de ses membres au terme d'une année, quelle que soit leur familiarité informatique de départ (1). Le partage d'expérience par des utilisateurs chevronnés, sans visée commerciale, s'organise autour de rencontres en cabinet, échanges par voie électronique via un forum dédicacé, contacts avec des firmes de logiciels suivis de débats contradictoires. L'aptitude des programmes médicaux à intégrer de manière transparente les divers modules eHealth fait l'objet d'une évaluation particulièrement critique. Rompre l'isolement, éviter les erreurs d'investissements dans des systèmes obsolètes, épauler les mises en route, répondre quotidiennement aux multiples petits problèmes constitue un beau défi qui ne peut qu'améliorer la qualité des relations entre les membres de cette association qui prend ainsi un pari optimiste sur le futur. Expérience par ailleurs aisément reproductible dans d'autres cercles qui seraient intéressés. Demeure la question éthique, liée aux craintes portant sur la confidentialité des données partagées. Elles ne sauraient se voir esquivées, quelles que soient l'attention et la prudence que leur apportent les concepteurs et les utilisateurs du réseau. Le cryptage des données, leur limitation aux seuls patients liés par un lien thérapeutique, l'identification préalable des utilisateurs, l'utilisation d'un code et d'un certificat protégés, la traçabilité des accès constituent autant de garanties. De récentes divulgations de données sensibles bien protégées (NSA, WikiLeaks, LuxLeaks) appellent néanmoins à la plus extrême vigilance et justifient une implication maximale du corps médical dans la gestion future du réseau eHealth, raison supplémentaire pour ne pas s'en désintéresser.