...

Frank Vandenbroucke, ministre fédéral de la Santé, se targue, avec ce budget des soins de santé 2023, d'investir dans les soins de santé avec effet immédiat. " Nous le faisons en prenant des mesures pour atténuer la crise de l'énergie et de l'inflation pour le secteur, en posant la condition que les patients doivent être protégés contre les coûts qui augmentent ; en fournissant protection supplémentaire aux patients et en misant résolument sur le maximum à facturer (MÀF) ; en accordant une prime aux prestataires de soins conventionnés, parce qu'ils offrent des garanties au patient quant aux tarifs et en favorisant encore une large utilisation du régime du tiers payant et en évitant le non-recours à l'intervention majorée de l'assurance maladie. "Le budget 2023 inclut des mesures de crises ciblées qui aident tant les patients que les prestataires de soins et les établissements de soins à faire face à la crise.Ainsi, 100 millions d'euros mis sur la table pour soutenir les prestataires de soins conventionnés La justification ? " Les mécanismes d'indexation prévus ne permettent de compenser la hausse des coûts qu'avec un certain décalage ", explique Frank Vandenbroucke. " Les prestataires de soins conventionnés ne peuvent en aucun cas reporter la hausse des coûts sur les patients, car ils appliquent des tarifs fixes. "La même justification s'applique pour les hôpitaux qui ne peuvent répercuter la hausse des coûts énergétiques à leurs patients. " C'est pourquoi une compensation à hauteur de 80 millions d'euros est prévue pour le premier semestre 2023. Il sera évalué d'ici au 30 juin 2023 si, en conséquence des prix de l'énergie, des ressources supplémentaires doivent être libérées. "Pour faire face au Covid-19 et à des éventuels rebonds d'épidémie, une provision de 100 millions d'euros est prévue. À partir de 2024, ces dépenses seront reprises structurellement dans le budget de l'assurance maladie.Pas de miracle, il a fallu, pour élaborer ce budget, réaliser des concessions. Le ministre Fédéral de la Santé prévient le secteur des soins de santé : il devra faire preuve " du sens des responsabilités " et être " ouvert aux réformes ".Cela passera, notamment, par une chasse aux dépenses inutiles. " Pour éliminer les dépenses qui ne conduisent pas à des soins efficaces, des objectifs chiffrés seront utilisés : nous voulons un effort qui rapporte déjà 20 millions d'euros en 2023 et 80 millions d'euros à vitesse de croisière, et ce dès 2024. Cet effort permet de dégager des ressources pour investir, entre autres, dans les besoins non satisfaits dans nos soins de santé (pour le montant complet de 20 millions en 2023, pour 40 millions en 2024). Il incombe aux acteurs de la santé de fournir des efforts concrets en ce sens. Dans le cas contraire, une intervention linéaire interviendra pour que nous atteignions les recettes visées quoi qu'il en soit. "Cet argent mis de côté servira notamment à financer les réformes à venir, soit la réforme de la nomenclature et le New Deal pour les médecins généralistes.Tout est mis en oeuvre dans le budget pour prémunir le patient d'augmenter son budget soins de santé. L'accessibilité financière aux soins est garantie par quatre piliers dans ce budget 2023.Premièrement, les plafonds du ticket modérateur du MÀF ne seront pas indexés en 2023.Deuxièmement, l'Inami prévoit un investissement supplémentaire de 95 millions d'euros affectés à de nouvelles initiatives telles qu'un meilleur remboursement des lunettes, des soins dentaires abordables, une réduction des coûts de transport pour les patients et la promesse de meilleurs soins et d'une meilleure qualité de vie pour les patients oncologiques.Troisièmement, un régime légal est introduit pour garantir aux patients ambulatoires qu'ils peuvent obtenir un IRM ou un scanner à l'hôpital aux tarifs conventionnés. À l'horizon 2024, l'Inami travaille sur une interdiction de facturer des suppléments d'honoraires dans le secteur ambulatoire pour les patients bénéficiant de l'intervention majorée. Une base juridique à cet effet est en cours d'élaboration.Quatrièmement enfin, d'importants efforts sont faits en faveur d'une revalorisation et d'une réforme de la kinésithérapie en vue d'augmenter le taux de conventionnement. Un budget de 25 millions d'euros est débloqué pour de meilleurs tarifs et un meilleur soutien des kinésithérapeutes, également en vue des soins aux patients chroniques.Les mutualités sont, comment souvent, les premières à réagir. Elles se réjouissent que le gouvernement ait pris en compte les trois grandes priorités des soins de santé du Comité de l'assurance du 3 octobre dernier, à savoir l'accessibilité financière des soins, l'accessibilité physique des soins et le bien-être du prestataire de soins (lire ici). " Les soins de santé assurent notamment le bien-être et la cohésion sociale. C'est pourquoi, spécialement en temps de crise, il faut y allouer les moyens nécessaires ", indique Luc Van Gorp, président du Collège intermutualiste national (CIN).Les mutualités sont " particulièrement satisfaites " des sauts d'index concernant les plafonds des tickets modérateurs du maximum à facturer (MAF). " De cette façon, nous protégeons les patients les plus vulnérables en période de forte inflation, sachant qu'ils risquent de reporter des soins, voire de les annuler. Une victoire pour une meilleure protection des patients à hauteur de 55 millions d'euros. "Concernant le conventionnement, les mutualités estiment qu'il faut, sur la base d'une réflexion approfondie, " un travail de renouvellement, d'adaptation ou de réorientation du système de conventionnement soit réalisé afin de promouvoir une accessibilité financière suffisante de tous les soins dans toutes les régions du pays ".