Par conséquent, d'ici à 2030, dans les pays les plus favorisés, plus de femmes mourront d'un cancer du poumon que d'un cancer du sein. Cette hausse du taux de mortalité du cancer du poumon chez les femmes est un effet secondaire pervers de l'émancipation de la femme. La génération féminine d'après-guerre a copié le comportement tabagique des hommes. Le tabac étant le principal facteur de risque du cancer du poumon, le taux de mortalité chez les femmes atteintes de ce cancer se rapproche de plus en plus de celui des hommes. Si ce phénomène se manifeste maintenant, c'est parce que le cancer du poumon survient seulement après +/- 20 ans de tabac et parce que les femmes ont commencé à fumer massivement des dizaines d'années après les hommes.
Taux de mortalité en Flandre
Chez nous aussi, le cancer du poumon est de plus en plus répandu dans la population féminine. D'après une analyse des taux de mortalité en Flandre réalisée par l'Agence flamande Soins et Santé (Agentschap Zorg en Gezondheid) 2, en 2014, le cancer du poumon a été le principal responsable de la mortalité féminine dans les catégories des 55-64 ans et des 70-74 ans. Autrefois, le principal responsable était le cancer du sein.
En 2014, toujours en Flandre, le taux de mortalité du cancer du poumon était nettement plus haut chez les hommes que chez les femmes, à partir de 55 ans... Mais le taux de mortalité chez les femmes se rapproche de plus en plus de celui des hommes. Alors que le risque de décès dû au cancer du poumon chez les hommes de 40 à 84 ans a baissé entre 2004 et 2014, il a augmenté chez les femmes de plus de 50 ans durant cette même période.
Dans les taux de mortalité masculine, on observe déjà l'effet de la prévention tabagique et de la baisse du nombre de fumeurs. Mais chez les femmes, le pic de mortalité est encore à venir. Un effet pervers de l'émancipation féminine !
Le même type d'analyse des taux de mortalité par catégorie d'âge en Région wallonne n'étant pas disponible, les chiffres présentés ici ne concerne que la Flandre. Ils vont toutefois dans le même sens que les chiffres internationaux ; nous pouvons donc en déduire que notre conclusion est également valable pour la Région wallonne.
Disparités hommes-femmes
Si hommes et femmes peuvent développer une addiction à la nicotine, une étude génétique récente montre des disparités hommes-femmes dans le métabolisme de la nicotine, et ce en défaveur des femmes chez qui une plus faible dose de nicotine suffit pour que la dépendance s'installe.
Le tabac rend malade et tue aussi bien les hommes que les femmes, mais on constate de plus en plus que les femmes deviennent plus vite dépendantes de la nicotine et ont plus de risque de développer un cancer du poumon que les hommes, même à une exposition plus faible (c'est-à-dire en fumant moins) 3.
Ce problème de dépendance se confirme également dans la dernière étude sur la santé 4 : on observe une baisse du nombre de fumeurs chez les jeunes belges de 15 à 24 ans, passant de 25 % (en 2008) à 22 % (en 2013). Si l'on se penche sur les différences hommes-femmes, on constate une nette baisse chez les jeunes hommes (de 29 % à 21 %) et une augmentation chez les jeunes femmes (de 21 % à 22,5 %). En 2013, le pourcentage de jeunes fumeuses était donc pour la première fois plus élevé que le pourcentage de jeunes fumeurs.
Ce n'est pas le genre d'émancipation que je souhaite aux femmes ! Défendons plutôt l'égalité des salaires à travail égal et davantage de moyens pour la prévention tabagique !
Références :
1. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30068667
2. https://www.zorg-en-gezondheid.be/sterfte-door-longkanker-2014
3. http://www.who.int/tobacco/resources/publications/general/policy_brief.pdf
4. https://his.wiv-isp.be/fr/documents%20partages/wb_fr_2013.pdf