Le Dr Catherine Fonck estime que la Belgique a déjà pris du retard dans la vaccination. La députée-médecin propose aux autorités plusieurs mesures pour vacciner plus rapidement ceux qui en ont besoin. Elle demande d'associer les médecins généralistes à la Task force vaccination.
"Le rythme de démarrage de la campagne de vaccination est très lent. Or la vaccination est vraiment une course contre la montre pour éviter des décès et des maladies graves liées au Covid, pour réduire l'impact majeur de la crise sur le plan socio-économique et les effets sur la santé mentale de la population. Il faut absolument accélérer cette campagne de vaccination. Durant la semaine de test, il y a eu 700 vaccinations alors qu'on disposait déjà de 10.000 doses. La semaine dernière, la Belgique a reçu 83.000 doses. Seulement, 22.000 personnes ont été vaccinées."
Sans compter que si les vaccinateurs avaient pu directement utiliser les six doses - au lieu de cinq - présentes dans une fiole, on aurait disposé d'un nombre encore plus élevé de doses. " Ce qui est aberrant, c'est que la semaine dernière, près de 90.000 doses ont été stockées dans les congélateurs alors qu'on aurait déjà pu les utiliser. Cela n'a pas de sens de conserver les deuxièmes doses pour la deuxième injection (21 jours plus tard) parce que l'usine de Pfizer étant située à Puurs, en Belgique, il y a peu de risque que les prochaines livraisons n'arrivent pas. En outre, le délai de 21 jours entre les deux injections a été revu à la hausse. Il se situe entre 21 et 42 jours. "
Le Dr Fonck, qui a fait l'expérience de la vaccination Covid en MRS la semaine dernière, concède qu'il aurait peut-être été difficile de vacciner plus rapidement dans les institutions pour des raisons logistiques. "Or, et je l'ai demandé à plusieurs reprises au ministre Vandenbroucke la semaine passée, on aurait pu dès lors lancer la campagne auprès des soignants à risque et des personnes très âgées à risque qui vivent en dehors des MR(S). Pour rappel, au-dessus de 85 ans, sept personnes sur huit vivent en dehors des MR(S). Au-dessus de 65 ans, elles sont 14 sur 15 à vivre à leur domicile."
La députée constate que, sous la pression, Frank Vandenbroucke a demandé d'accélérer le mouvement. "Un plan a enfin été présenté vendredi passé. Il reste encore beaucoup d'éléments à préciser au niveau pratique."
Sept jours sur sept
Le Dr Fonck renvoie également à une comparaison internationale. " Des pays comme le Danemark (où tous les volontaires seront vaccinés avant la fin du mois de juin), l'Italie, l'Espagne, la Slovénie, l'Estonie... sont déjà plus avancés que nous dans la vaccination. Il faut un coup d'accélérateur en Belgique." La députée propose de vacciner sept jours sur sept. " Pour y arriver, il faut disposer de vaccinateurs présents dans les hôpitaux et puis dans les centres de vaccination. Il faudra se rapprocher également des patients qui ne peuvent se déplacer dans les 200 centres de vaccination qui sont annoncés."
La cheffe de groupe estime que les médecins généralistes doivent absolument être associés à la Task force vaccination parce qu'ils seront les principaux vaccinateurs. " Les médecins généralistes ont une vision très pratique de la réalité plurielle des patients. Il n'est pas trop tard pour intégrer les généralistes dans la Task force vaccination. J'espère que le ministre Vandenbroucke va prendre cette proposition en compte même si elle vient de l'opposition."
En tant que néphrologue, Catherine Fonck est particulièrement sensible à la situation préoccupante des patients dialysés et transplantés. "Parmi les patients très à risque, certains le sont encore plus que d'autres ", soutient le Dr Fonck. " Pour les patients dialysés, ces risques ont été évalués. Un service de dialyse est une véritable communauté où les patients se croisent régulièrement dans un espace restreint. On ne peut pas arrêter la dialyse ou la réaliser de façon confinée. Il est regrettable que cet aspect ne soit pas pris en compte par les autorités. Je ne veux pas pour autant opposer les patients les uns aux autres. Les patients cancéreux, immunodéprimés... sont également plus à risque pour le Covid. J'espère que le Conseil supérieur de la santé va établir rapidement une liste des patients prioritaires parmi les prioritaires. On ne peut pas se permettre d'attendre encore."
Trop peu de doses
La députée s'étonne également que la Belgique n'ait pas commandé auprès de Pfizer le nombre de doses auxquelles elle avait droit. Selon ses calculs, en fonction de la clé de répartition, la Belgique aurait pu commander 7,5 millions de doses en tout et pas cinq millions. " J'ignore pourquoi. J'espère que ce ne sont pas des raisons budgétaires. Ce seraient des économies de bout de chandelle par rapport à ce que coûte cette crise. D'autres pays ont commandé le nombre de doses auquel ils avaient droit, voire plus. Par exemple, 49 millions de doses pour la France. Cette décision a été prise en novembre. A cette époque, on connaissait déjà le calendrier de mise sur le marché des vaccins. J'ose espérer que pour les 300 millions de doses supplémentaires, négociées par l'UE, la Belgique ne va pas prendre moins que ce à quoi elle a droit."
La députée avait également proposé de vacciner de façon prioritaire les résidents et travailleurs non-immunisés des MR(S) pour pouvoir vacciner les patients les plus fragiles. " Au final, tout le monde aurait été vacciné, même les immunisés, mais cette stratégie aurait permis d'être plus efficace. La Task force n'a pas retenu cette proposition. Or, les taux d'immunisation dans les maisons de repos s'élèvent parfois jusqu'à 50% ou 60%. Et, selon une récente étude, les anticorps protègent durant huit mois. Nous aurions pu couvrir plus rapidement toutes les personnes fragiles institutionnalisées."
Vincent Claes
"Le rythme de démarrage de la campagne de vaccination est très lent. Or la vaccination est vraiment une course contre la montre pour éviter des décès et des maladies graves liées au Covid, pour réduire l'impact majeur de la crise sur le plan socio-économique et les effets sur la santé mentale de la population. Il faut absolument accélérer cette campagne de vaccination. Durant la semaine de test, il y a eu 700 vaccinations alors qu'on disposait déjà de 10.000 doses. La semaine dernière, la Belgique a reçu 83.000 doses. Seulement, 22.000 personnes ont été vaccinées."Sans compter que si les vaccinateurs avaient pu directement utiliser les six doses - au lieu de cinq - présentes dans une fiole, on aurait disposé d'un nombre encore plus élevé de doses. " Ce qui est aberrant, c'est que la semaine dernière, près de 90.000 doses ont été stockées dans les congélateurs alors qu'on aurait déjà pu les utiliser. Cela n'a pas de sens de conserver les deuxièmes doses pour la deuxième injection (21 jours plus tard) parce que l'usine de Pfizer étant située à Puurs, en Belgique, il y a peu de risque que les prochaines livraisons n'arrivent pas. En outre, le délai de 21 jours entre les deux injections a été revu à la hausse. Il se situe entre 21 et 42 jours. "Le Dr Fonck, qui a fait l'expérience de la vaccination Covid en MRS la semaine dernière, concède qu'il aurait peut-être été difficile de vacciner plus rapidement dans les institutions pour des raisons logistiques. "Or, et je l'ai demandé à plusieurs reprises au ministre Vandenbroucke la semaine passée, on aurait pu dès lors lancer la campagne auprès des soignants à risque et des personnes très âgées à risque qui vivent en dehors des MR(S). Pour rappel, au-dessus de 85 ans, sept personnes sur huit vivent en dehors des MR(S). Au-dessus de 65 ans, elles sont 14 sur 15 à vivre à leur domicile."La députée constate que, sous la pression, Frank Vandenbroucke a demandé d'accélérer le mouvement. "Un plan a enfin été présenté vendredi passé. Il reste encore beaucoup d'éléments à préciser au niveau pratique."Le Dr Fonck renvoie également à une comparaison internationale. " Des pays comme le Danemark (où tous les volontaires seront vaccinés avant la fin du mois de juin), l'Italie, l'Espagne, la Slovénie, l'Estonie... sont déjà plus avancés que nous dans la vaccination. Il faut un coup d'accélérateur en Belgique." La députée propose de vacciner sept jours sur sept. " Pour y arriver, il faut disposer de vaccinateurs présents dans les hôpitaux et puis dans les centres de vaccination. Il faudra se rapprocher également des patients qui ne peuvent se déplacer dans les 200 centres de vaccination qui sont annoncés."La cheffe de groupe estime que les médecins généralistes doivent absolument être associés à la Task force vaccination parce qu'ils seront les principaux vaccinateurs. " Les médecins généralistes ont une vision très pratique de la réalité plurielle des patients. Il n'est pas trop tard pour intégrer les généralistes dans la Task force vaccination. J'espère que le ministre Vandenbroucke va prendre cette proposition en compte même si elle vient de l'opposition."En tant que néphrologue, Catherine Fonck est particulièrement sensible à la situation préoccupante des patients dialysés et transplantés. "Parmi les patients très à risque, certains le sont encore plus que d'autres ", soutient le Dr Fonck. " Pour les patients dialysés, ces risques ont été évalués. Un service de dialyse est une véritable communauté où les patients se croisent régulièrement dans un espace restreint. On ne peut pas arrêter la dialyse ou la réaliser de façon confinée. Il est regrettable que cet aspect ne soit pas pris en compte par les autorités. Je ne veux pas pour autant opposer les patients les uns aux autres. Les patients cancéreux, immunodéprimés... sont également plus à risque pour le Covid. J'espère que le Conseil supérieur de la santé va établir rapidement une liste des patients prioritaires parmi les prioritaires. On ne peut pas se permettre d'attendre encore."La députée s'étonne également que la Belgique n'ait pas commandé auprès de Pfizer le nombre de doses auxquelles elle avait droit. Selon ses calculs, en fonction de la clé de répartition, la Belgique aurait pu commander 7,5 millions de doses en tout et pas cinq millions. " J'ignore pourquoi. J'espère que ce ne sont pas des raisons budgétaires. Ce seraient des économies de bout de chandelle par rapport à ce que coûte cette crise. D'autres pays ont commandé le nombre de doses auquel ils avaient droit, voire plus. Par exemple, 49 millions de doses pour la France. Cette décision a été prise en novembre. A cette époque, on connaissait déjà le calendrier de mise sur le marché des vaccins. J'ose espérer que pour les 300 millions de doses supplémentaires, négociées par l'UE, la Belgique ne va pas prendre moins que ce à quoi elle a droit."La députée avait également proposé de vacciner de façon prioritaire les résidents et travailleurs non-immunisés des MR(S) pour pouvoir vacciner les patients les plus fragiles. " Au final, tout le monde aurait été vacciné, même les immunisés, mais cette stratégie aurait permis d'être plus efficace. La Task force n'a pas retenu cette proposition. Or, les taux d'immunisation dans les maisons de repos s'élèvent parfois jusqu'à 50% ou 60%. Et, selon une récente étude, les anticorps protègent durant huit mois. Nous aurions pu couvrir plus rapidement toutes les personnes fragiles institutionnalisées." Vincent Claes