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Durant la pandémie, le Groupe santé CHC a compté jusqu'à 169 patients Covid hospitalisés dont 54 en USI (au 8 avril, ndlr). Ces patients ont été répartis sur les quatre sites hospitaliers du groupe : 99 dont 37 en USI au MontLégia, 27 dont 6 en USI à Hermalle, 28 dont 9 en USI à Heusy et 23 dont 6 en USI à Waremme. La proportion de patients Covid sous assistance respiratoire a atteint 94% durant cette période.Le 4 mars, le CHC prend en charge son premier patient Covid. Quelques jours plus tard, le CHU Saint-Pierre, hôpital de référence est saturé. Les transferts sont impossibles. Le 13 mars, le plan d'urgence hospitalier est déclenché dans tout le pays. Face à cette situation, le Groupe santé CHC décide d'avancer le déménagement vers le MontLégia d'une semaine. Quelque 200 patients des cliniques Saint-Joseph, de l'Espérance et Saint-Vincent sont transférés entre les 20 et 27 mars dans le nouvel hôpital. " Avec le recul, déménager avant le pic de l'épidémie s'est avéré être le bon choix. D'une part, nous aurions dû transférer six fois plus de patients Covid si nous avions maintenu le planning initial ; de l'autre, la mise en service accélérée de la Clinique CHC MontLégia nous a permis d'accroître notre capacité en soins intensifs de 35 à 48 lits, avec la possibilité de déployer 44 lits supplémentaires au bloc opératoire et dans la salle de réveil. Soit un total de 92 lits équipés de respirateurs (voire 98 lits si nous avions arrêté à 100% l'activité opératoire). Quasiment aucun autre hôpital en Belgique n'a été en mesure d'augmenter à ce point sa capacité théorique, jusqu'à la doubler ", explique Alain Javaux, directeur général de l'institution.Le groupe hospitalier a eu la capacité d'anticiper la crise. "Déjà fin janvier, nous avons eu des contacts avec la Ville de Liège, que je tiens à remercier pour sa grande collaboration avec la Croix Rouge pour la mise en place de tentes à l'entrée des hôpitaux", précise le Dr Philippe Olivier, directeur médical de l'institution. Dès le 28 février, une cellule de crise pluridisciplinaire a été mise sur pied. Elle réunissait médecins, hygiénistes, directions (générale, médicale, soins infirmiers, sites hospitaliers...), coordination des plans d'urgence et communication. Cette structure a été chargée de définir les procédures à suivre, d'organiser les flux de patients, de gérer les approvisionnements, mais aussi de solutionner les problèmes et de répondre aux interrogations remontant du terrain. Elle a également informé quotidiennement l'ensemble des 5.000 collaborateurs de l'institution via une newsletter sur l'évolution de la situation.Laurent Jadot, médecin intensiviste et infectiologue, souligne que " la prise en charge des patients s'est faite grâce à une grande collaboration entre les urgences, les salles d'hospitalisation et les soins intensifs. Tous les médecins ont dû faire preuve d'une très grande souplesse et d'une disponibilité importante. Ce fut le cas également des infirmiers et des paramédicaux. Tout cela dans une ambiance de stress assez pénible. Au MontLégia, l'USI a pu compter sur la mobilisation de 45 médecins anesthésistes volontaires pour participer aux quatre lignes de garde. Sur tous les sites du CHC, de nombreux médecins, de différentes spécialités, ont apporté leurs concours pour prendre en charge les patients. L'aspect psychologique a été terrible. Certains de nos patients sont restés 50 jours aux soins intensifs. Sur tous les sites, nous avons pu organiser des appels vidéos quotidiens, fort appréciés par les familles. Nous avons pu aussi bénéficier directement d'un soutien logistique : douche pour le personnel afin d'éviter de contaminer sa famille en rentrant chez soi, des repas durant les pauses et mise à disposition d'un espace repos. Un soutien psychologique a été proposé aux professionnels." Globalement, le CHC a obtenu de bons résultats médicaux, avec un taux de mortalité de 20% similaire à celui enregistré en Flandre. " Nous n'avons presque pas eu de réadmissions des patients Covid qui ont été en USI. La récupération a souvent été rapide pour ces patients après la sortie de l'hôpital. "Le jeune médecin témoigne qu'il n'y a pas eu de " crise dans la crise " : " La crise a été fédératrice. Il y a eu une saine collaboration entre tous les intervenants (infirmiers, médecins, logisticiens, kinés, psys, personnel d'entretien...) Nous avons maintenu la même qualité de soins qu'en temps normal. " Les responsables du groupe hospitalier se déclarent prêts à faire face à une deuxième vague. "Pour faire face à une possible deuxième vague, les autorités prévoient une montée en puissance de la capacité d'accueil en soins intensifs en trois phases. Dès la première vague, nous avons déjà pu gérer l'équivalent de la phase deux, et même de la phase trois sur notre site d'Heusy. Nous sommes donc pleinement confiants pour l'avenir, tout en observant la plus grande vigilance ", souligne Laurence Delcomminette, coordinatrice des plans d'urgence. Vincent Claes