David Weytsman, député bruxellois, détaille pour le jdM le programme santé du Mouvement réformateur. Pour lui, le bilan du gouvernement Michel est largement positif : l'accès aux soins de santé a été favorisé notamment avec le tiers-payant obligatoire chez le MG, la diminution du prix de 4.000 médicaments et un travail sur la transparence des soins. Il pointe aussi la baisse des coûts du transport urgent et le démarrage de la mise en réseau des hôpitaux ainsi que le remboursement forfaitaire pour les interventions à basse variabilité. Côté remboursement de nouvelles thérapies, M. Weytsman pointe un meilleur remboursement de l'oncofreezing, de la détection de la trisomie 21, de l'immunothérapie du cancer du poumon, des traitements de l'hépatite C, du traitement du VIH à titre préventif ainsi que le remboursement de huit séances de soins psychologiques en 1ère ligne.
jdM : Commençons par les postes médicaux de garde (PMG). Les cercles de MG francophones ont l'impression que l'argent part vers la Flandre pour développer le concept en Flandre. Le MR parle de développer encore davantage les PMG. Comment ?
David Weytsman : On veut poursuivre le développement des PMG pour garantir l'accessibilité financière des postes de garde et en particulier dans les zones rurales qui sont en difficulté. Nous voulons aussi encourager les jeunes médecins à s'installer dans les lieux de pénurie, dans les campagnes et dans certains quartiers de Bruxelles où les primes Impulseo doivent être mieux utilisées.
Il existe des pénuries de médecins mais nous importons des médecins étrangers... Comment le MR compte-t-il augmenter l'offre de médecins du cru le cas échéant ?
Je me permets de nuancer le constat. Ma perception est qu'il n'y a pas aujourd'hui une pénurie généralisée. Il y a une pénurie à certains endroits pour les MG comme je le disais. Il y a par contre effectivement une pénurie de certaines spécialités. Par contre, on sait que demain, la moyenne d'âge fera qu'il y aura une pénurie généralisée. Deux interventions sont nécessaires : permettre au nombre adéquat de médecins de pratiquer en fonction des besoins de la population et dans un cadre européen. Nous devons nous assurer qu'il y a chaque année suffisamment de médecins mais pas trop non plus car on ne peut pas maintenir un enseignement de qualité s'il faut former 2.000 élèves par an. Une offre surnuméraire de médecins entraînerait un dérapage des coûts des dépenses des soins de santé. Deux possibilités : soit on maintient la méthode du numerus clausus créée en 1997 par des ministres socialistes et toujours maintenue sous la clé de répartition [ communautaire] 40/60. Au MR, nous n'y sommes pas particulièrement attachés. Soit, on s'assure que l'examen d'entrée mis en place depuis deux ans corresponde aux quotas. Enfin, le MR respecte la libre circulation européenne des médecins mais il faut fixer des limites. Il n'est pas tolérable d'avoir des médecins sur le territoire belge qui ne parlent pas au moins une langue nationale. Et ces médecins doivent connaître le système de santé belge. Les directives européennes permettent déjà cela.
Il faut faire face à l'augmentation des dépenses mais pas sur le dos des médecins, des pharmaciens ou des patients. C'est un exercice compliqué. Plus d'empathie est nécessaire.
Offre médicale : marché accompagné
Nous disposons d'un concept de cadastre dynamique des professions de santé sur base des besoins réels mais la clé de répartition nord-sud reste politique. Et puis ce cadastre n'a été véritablement publié qu'une seule fois...
Nous sommes favorables à un outil d'évaluation global. Mais je ne veux pas donner l'illusion qu'aujourd'hui cela n'existe pas. Il en existe déjà un pour les MG et les dentistes. Ce ne sont pas les politiques qui fixent les quotas. Ce sont des quotas conseillés par la Commission de planification. Une fois que la Commission apporte un chiffre qu'elle estime opportun, c'est aux politiques de choisir. Nous avons obtenu 505 numéros Inami par an au lieu de 492, c'est plus élevé que dans le passé, du temps des ministres Onkelinx et Demotte. Pour l'offre médicale, le MR est favorable à un " marché accompagné " qui garantisse à la fois la qualité de la formation et évite les excédents de médecins et un dérapage des dépenses.
Par rapport aux jeunes qui ont passé l'examen d'entrée récemment et qui sont surnuméraires à l'arrivée (l'examen d'entrée n'étant pas un numerus fixus), quel scénario envisagez-vous pour ces jeunes ? Il y a eu une concertation entre les ministres De Block et Marcourt. Tous ces étudiants doivent-ils obtenir un numéro Inami ?
Notre position est très claire : il ne faut pas faire porter sur ces étudiants ou sur les médecins en général ou sur le système de soins de santé, des difficultés politiques qui existent entre le Fédéral et la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). C'était une grosse erreur d'en laisser passer autant et de n'avoir pas respecté les quotas fédéraux. Heureusement, il y a quelques jours, le gouvernement a signé divers arrêtés royaux qui résolvent le problème pour les étudiants surnuméraires ayant terminé en 2019 comme ce fut le cas pour ceux qui ont terminé en 2017 et 2018.
Encadrer les suppléments d'honoraires
Passons aux suppléments d'honoraires : les médecins estiment qu'il s'agit d'un honoraire mérité eu égard à leur formation longue et leur expérience. Cela refinance le déficit des hôpitaux et permet d'investir dans le matériel et le personnel. Or on parle parfois de les interdire y compris dans les chambres seules après les avoir interdits dans les chambres à deux lits...
Je partage votre avis sur ces points. Je ne suis pas d'accord avec le PS et le PTB sur ces questions. Je suis convaincu que ces suppléments d'honoraires rentrent à 80% dans le financement des hôpitaux. Nous ne sommes pas favorables à les limiter à 75% mais nous ne voulons pas des suppléments à 300 ou 400%, même si c'est l'exception. Il faut poursuivre les efforts de transparence sur la facture, il faut une terminologie plus adaptée et un accompagnement (pas un devis) du coût des prestations que le patient devra honorer dans le futur. Il faut une politique claire sur ces suppléments d'honoraires.
Sur les thérapies innovantes, Maggie De Block a créé un cadre permettant de négocier avec les firmes pharmaceutiques pour mettre plus rapidement ces thérapies sur le marché. Les Mutualités chrétiennes estiment que cela fait déraper les budgets. En même temps, les biosimilaires ne se développent pas suffisamment dans les hôpitaux...
Sous cette législature, on a obtenu une baisse générale des coûts de 4.000 médicaments. Pour maîtriser le budget des médicaments, il faut réfléchir avec les autres partis à la tarification à l'unité en pharmacie. On travaille sur les volumes de distribution et sur l'extension du droit de substitution des pharmaciens à toutes les classes de médicament (au lieu de deux classes actuellement, ndlr).
Ne pas utiliser des slogans
Maggie De Block est cependant très critiquée sur ce sujet...
Il faut assurer une collaboration plus appuyée avec les acteurs de soins de santé. Chaque ministre gère la concertation avec le secteur comme il le souhaite. Il est clair que si j'avais dû exercer cette fonction, j'aurais travaillé main dans la main avec tout le secteur et je ne me serais pas laissé emporter dans des oppositions symboliques ou des slogans ou de l'incompréhension l'un vis-à-vis de l'autre. Il faut faire face à l'augmentation des dépenses mais pas sur le dos des médecins, des pharmaciens ou des patients. C'est un exercice compliqué. Plus d'empathie est nécessaire.
La santé mobile fait partie de vos priorités. La ministre De Block a avancé au niveau de l'esanté, de la m-santé et des dispositifs médicaux. Le MR souhaite-t-il accélérer la révolution digitale dans la médecine ? Vous croyez qu'elle améliorera l'efficacité du système ?
On y croit énormément. Le contraire serait une erreur. Il faut orienter cette révolution pour le bien du patient. J'en ai parlé récemment avec la Fédération des infirmières. L'intelligence artificielle (IA) peut aider à trier les millions d'appels et fixer les priorités et les urgences. Certes, tout n'est pas bon dans l'IA. Il faut encadrer, réfléchir... Le MR a écrit avec le Centre Jean Gol une étude sur l'application de l'IA dans la santé. Le jdM en a d'ailleurs fait état. Le MR propose une base de donnée unique incluant tous les produits de santé. On peut également accélérer le remboursement du suivi médical réalisé par ce biais. Tout en protégeant la vie privée de chaque patient.
Les 10 priorités du MR
1. Meilleure transparence du prix des soins
2. Développer les postes médicaux de garde
3. Des médicaments moins chers
4. Étendre la vente de médicaments à l'unité à tous les patients
5. Mieux encadrer les suppléments d'honoraires dans les hôpitaux
6. Encourager le développement des thérapies innovantes
7. Un nombre suffisant de médecins
8. Une génération sans tabac
9. Mise en place d'un plan antidrogue
10. Développement de la santé mobile
jdM : Commençons par les postes médicaux de garde (PMG). Les cercles de MG francophones ont l'impression que l'argent part vers la Flandre pour développer le concept en Flandre. Le MR parle de développer encore davantage les PMG. Comment ?David Weytsman : On veut poursuivre le développement des PMG pour garantir l'accessibilité financière des postes de garde et en particulier dans les zones rurales qui sont en difficulté. Nous voulons aussi encourager les jeunes médecins à s'installer dans les lieux de pénurie, dans les campagnes et dans certains quartiers de Bruxelles où les primes Impulseo doivent être mieux utilisées.Il existe des pénuries de médecins mais nous importons des médecins étrangers... Comment le MR compte-t-il augmenter l'offre de médecins du cru le cas échéant ?Je me permets de nuancer le constat. Ma perception est qu'il n'y a pas aujourd'hui une pénurie généralisée. Il y a une pénurie à certains endroits pour les MG comme je le disais. Il y a par contre effectivement une pénurie de certaines spécialités. Par contre, on sait que demain, la moyenne d'âge fera qu'il y aura une pénurie généralisée. Deux interventions sont nécessaires : permettre au nombre adéquat de médecins de pratiquer en fonction des besoins de la population et dans un cadre européen. Nous devons nous assurer qu'il y a chaque année suffisamment de médecins mais pas trop non plus car on ne peut pas maintenir un enseignement de qualité s'il faut former 2.000 élèves par an. Une offre surnuméraire de médecins entraînerait un dérapage des coûts des dépenses des soins de santé. Deux possibilités : soit on maintient la méthode du numerus clausus créée en 1997 par des ministres socialistes et toujours maintenue sous la clé de répartition [ communautaire] 40/60. Au MR, nous n'y sommes pas particulièrement attachés. Soit, on s'assure que l'examen d'entrée mis en place depuis deux ans corresponde aux quotas. Enfin, le MR respecte la libre circulation européenne des médecins mais il faut fixer des limites. Il n'est pas tolérable d'avoir des médecins sur le territoire belge qui ne parlent pas au moins une langue nationale. Et ces médecins doivent connaître le système de santé belge. Les directives européennes permettent déjà cela.Nous disposons d'un concept de cadastre dynamique des professions de santé sur base des besoins réels mais la clé de répartition nord-sud reste politique. Et puis ce cadastre n'a été véritablement publié qu'une seule fois...Nous sommes favorables à un outil d'évaluation global. Mais je ne veux pas donner l'illusion qu'aujourd'hui cela n'existe pas. Il en existe déjà un pour les MG et les dentistes. Ce ne sont pas les politiques qui fixent les quotas. Ce sont des quotas conseillés par la Commission de planification. Une fois que la Commission apporte un chiffre qu'elle estime opportun, c'est aux politiques de choisir. Nous avons obtenu 505 numéros Inami par an au lieu de 492, c'est plus élevé que dans le passé, du temps des ministres Onkelinx et Demotte. Pour l'offre médicale, le MR est favorable à un " marché accompagné " qui garantisse à la fois la qualité de la formation et évite les excédents de médecins et un dérapage des dépenses.Par rapport aux jeunes qui ont passé l'examen d'entrée récemment et qui sont surnuméraires à l'arrivée (l'examen d'entrée n'étant pas un numerus fixus), quel scénario envisagez-vous pour ces jeunes ? Il y a eu une concertation entre les ministres De Block et Marcourt. Tous ces étudiants doivent-ils obtenir un numéro Inami ?Notre position est très claire : il ne faut pas faire porter sur ces étudiants ou sur les médecins en général ou sur le système de soins de santé, des difficultés politiques qui existent entre le Fédéral et la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). C'était une grosse erreur d'en laisser passer autant et de n'avoir pas respecté les quotas fédéraux. Heureusement, il y a quelques jours, le gouvernement a signé divers arrêtés royaux qui résolvent le problème pour les étudiants surnuméraires ayant terminé en 2019 comme ce fut le cas pour ceux qui ont terminé en 2017 et 2018.Passons aux suppléments d'honoraires : les médecins estiment qu'il s'agit d'un honoraire mérité eu égard à leur formation longue et leur expérience. Cela refinance le déficit des hôpitaux et permet d'investir dans le matériel et le personnel. Or on parle parfois de les interdire y compris dans les chambres seules après les avoir interdits dans les chambres à deux lits...Je partage votre avis sur ces points. Je ne suis pas d'accord avec le PS et le PTB sur ces questions. Je suis convaincu que ces suppléments d'honoraires rentrent à 80% dans le financement des hôpitaux. Nous ne sommes pas favorables à les limiter à 75% mais nous ne voulons pas des suppléments à 300 ou 400%, même si c'est l'exception. Il faut poursuivre les efforts de transparence sur la facture, il faut une terminologie plus adaptée et un accompagnement (pas un devis) du coût des prestations que le patient devra honorer dans le futur. Il faut une politique claire sur ces suppléments d'honoraires.Sur les thérapies innovantes, Maggie De Block a créé un cadre permettant de négocier avec les firmes pharmaceutiques pour mettre plus rapidement ces thérapies sur le marché. Les Mutualités chrétiennes estiment que cela fait déraper les budgets. En même temps, les biosimilaires ne se développent pas suffisamment dans les hôpitaux...Sous cette législature, on a obtenu une baisse générale des coûts de 4.000 médicaments. Pour maîtriser le budget des médicaments, il faut réfléchir avec les autres partis à la tarification à l'unité en pharmacie. On travaille sur les volumes de distribution et sur l'extension du droit de substitution des pharmaciens à toutes les classes de médicament (au lieu de deux classes actuellement, ndlr).Maggie De Block est cependant très critiquée sur ce sujet...Il faut assurer une collaboration plus appuyée avec les acteurs de soins de santé. Chaque ministre gère la concertation avec le secteur comme il le souhaite. Il est clair que si j'avais dû exercer cette fonction, j'aurais travaillé main dans la main avec tout le secteur et je ne me serais pas laissé emporter dans des oppositions symboliques ou des slogans ou de l'incompréhension l'un vis-à-vis de l'autre. Il faut faire face à l'augmentation des dépenses mais pas sur le dos des médecins, des pharmaciens ou des patients. C'est un exercice compliqué. Plus d'empathie est nécessaire.La santé mobile fait partie de vos priorités. La ministre De Block a avancé au niveau de l'esanté, de la m-santé et des dispositifs médicaux. Le MR souhaite-t-il accélérer la révolution digitale dans la médecine ? Vous croyez qu'elle améliorera l'efficacité du système ?On y croit énormément. Le contraire serait une erreur. Il faut orienter cette révolution pour le bien du patient. J'en ai parlé récemment avec la Fédération des infirmières. L'intelligence artificielle (IA) peut aider à trier les millions d'appels et fixer les priorités et les urgences. Certes, tout n'est pas bon dans l'IA. Il faut encadrer, réfléchir... Le MR a écrit avec le Centre Jean Gol une étude sur l'application de l'IA dans la santé. Le jdM en a d'ailleurs fait état. Le MR propose une base de donnée unique incluant tous les produits de santé. On peut également accélérer le remboursement du suivi médical réalisé par ce biais. Tout en protégeant la vie privée de chaque patient.