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"D ans notre profession, il manque une partie de la vraie vie, je n'avais pas envie de terminer vieux chirurgien " nous dit Denis Munck, qui fêtera bientôt ses 70 ans.C'est au Ceria à Anderlecht que l'aventure commence. Après trois années de cours à raison de dix heures semaine, il décide de se lancer à la recherche d'un vignoble. " Bien entendu, on s'intéressait au vin depuis longtemps, c'était notre côté épicurien ", nous affirme-t-il d'un air malicieux. Si les recherches se sont d'abord orientées dans les Corbières, c'est sur les hauteurs de Lussac Saint-Émilion qu'il a trouvé une propriété qui correspondait à ses attentes. Son nom : le château Lion Perruchon.Ce domaine, acquis en août 2001, se compose d'une jolie maison vigneronne et d'un corps de ferme. Tout autour, dix hectares de vignes descendent lentement de part et d'autre d'un chemin.Le jour de notre visite, sa compagne reliait des rosiers en tête de rangée. Derniers instants de labeur avant le retour au bloc opératoire. Le voyage vers Bruxelles était en effet prévu pour le lendemain.Pour rejoindre l'autoroute, il n'y a pas pléthore de possibilités. Il est impossible de ne pas longer quelques étiquettes aux noms prestigieux dont le fameux Petrus, distant de quelques kilomètres. Il est des voisins moins en vue.Denis Munck est d'un caractère pragmatique et raisonné. Et quand il nous raconte ses vignes, sa passion et son goût de la transmission le rendent particulièrement attachant. Il nous parle de la Chambre d'agriculture tout d'abord dont il suit les conseils en matière de traitement, sans pour autant fermer la porte à une probable évolution vers le bio. " Le passage au bio n'est pas si facile " fait-il remarquer. Particulièrement versé dans l'éco-responsabilité, il évolue vers le dernier échelon du certificat HVE (haute valeur environnementale).Devant un pied situé en bord de chemin, il vente les bienfaits de la taille " Guyot double " et des premières feuilles de mai qui apportent tant à la grappe. " Les conditions météos de cette année laissent présager une récolte exceptionnelle. Ceci, malgré des gelées tardives qui laissent des stigmates sur certaines grappes " glisse-t-il, non sans fierté.C'est dans sa cuisine qu'il nous fait déguster un verre de la Griffe : le cuvée prestige de la maison. Dans le ballon, des arômes de bois et de prunelle. Un terroir qui convient particulièrement au Merlot et dont un passage dans des cuves béton, inox et en jeunes fûts de chêne, a donné une très jolie complexité. Son vin a été auréolé de la médaille d'or de Bruxelles en 2016." Dans cette profession, le relationnel est primordial " fait-il remarquer entre deux palettes de vin. Les 60.000 bouteilles produites chaque année ne permettent pas encore à sa structure d'être rentable mais cet objectif est proche. Une partie importante est déjà commercialisée au sein du groupe Carrefour Belgique. Le marché suédois et l'Afrique de l'ouest sont prometteurs. À Bruxelles, on le retrouvera au Cercle Gaulois, chez quelques fromagers ou à la Mirabelle, le célèbre restaurant de la chaussée de Boondael.Le Docteur Munck fait désormais partie d'une confrérie prestigieuse de la nouvelle Aquitaine : la Jurade de Saint-Émilion. Ce regroupement d'ambassadeurs du vin fête d'ailleurs cette année une date importante : les 20 ans de reconnaissance du vignoble de Saint-Émilion au patrimoine de l'Unesco.Fait particulier, Denis Munck a ouvert une partie de sa propriété à des connaissances et amis. C'est au sein d'un groupement foncier agricole (GFA) que 150 personnes se sont associées en prenant des parts de son domaine. En fonction des rendements, les membres reçoivent entre deux et trois cartons par an. Des vins de la propriété qui se commercialisent entre 10 et 20 euros la bouteille. Avis aux amateurs !