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En se basant sur des données de Sciensano, le Pr Yves Coppieters (Ecole de Santé publique de l'ULB) et le Dr Quirico Blonda proposent des analyses graphiques de projections mathématiques de l'épidémie Covid-19 en Belgique. Ils ont utilisé une régression logistique qui prédit l'allure de l'évolution des cas totaux infectés, la taille finale attendue (théorique) de l'épidémie, ainsi que les décès totaux et quotidiens dans notre pays. Leur modèle intègre ces données à partir du 28 février 2020 (= J1)."Nos résultats se basent sur l'évolution de l'épidémie de Covid-19 en Corée du Sud (pays qui a réalisé 300.000 tests). Nous utilisons la courbe logistique parce que l'évolution de l'épidémie dans ce contexte a suivi cette allure. Nous avons comparé les valeurs réelles des cas testés positifs en Belgique avec la courbe théorique", expliquent les auteurs de ce rapport. "Cette courbe sigmoïde montre un maximum attendu de cas testés positifs d'environ 25.000 personnes en Belgique sur l'ensemble de la période de l'épidémie. Les cas réels observés au 31 mars 2020 sont à plus de 12.700 personnes, c'est-à-dire plus de la moitié des 25.000 cas théoriques attendus. Quand ce nombre de cas observés est supérieur à la moitié du maximum théorique (ce qui s'est passé le 31 mars 2020), on assiste à un changement de tendance de la courbe (point d'inflexion à mi-parcours) et qui va vers un maximum."Comparaison des valeurs observées des nouveaux cas testés positifs VS la courbe théorique"Le pic épidémique est dépassé depuis le 31 mars 2020. A cette date, il y a eu 1.358 nouveaux cas testés positifs et un total de 12.775 cas positifs observés. Le modèle théorique prédit 1.364 nouveaux cas testés positifs et un total de 12.806 cas attendus. Au 31 mars, nous avons donc dépassé la moitié du maximum théorique de la courbe logistique", estiment le Pr Yves Coppieters et le Dr BlondaLes auteurs ont ensuite calculé les courbes théoriques de mortalité en fonction de la courbe épidémique en y intégrant la mortalité réelle (décès recensés quotidiennement). "Nous observons que la courbe de mortalité réelle augmente avec un petit décalage temporel par rapport aux courbes théoriques (ce qui pourrait correspondre à un décalage entre l'expression de la maladie et sa prise en charge). Cette montée du nombre de décès correspond cependant bien au pic épidémique. On observe en Belgique une létalité (nombre de décès par rapport au nombre de cas testés) qui se situerait entre 5 et 10 % (taux basés sur les données de cas testés positifs collectés). Sur base d'un maximum attendu d'environ 25.000 personnes testées positives d'ici la fin de l'épidémie et en se basant sur un taux de mortalité entre 5 et 10 %, on peut s'attendre à une mortalité théorique cumulée entre 1.250 et 2.500 personnes (la mortalité est de 1.143 personnes au 3 avril, ndlr.) Les professionnels de la santé observent cependant une augmentation de la mortalité sur le terrain qui est un phénomène attendu par le modèle. Il correspond au pic épidémique avec un décalage temporel (ce décalage peut être expliqué par le délai de prise en charge des patients ou par les variabilités du temps d'incubation de la maladie). Le modèle prédit que début mai 2020, le nombre de cas théoriques testés positifs sera nettement plus faible."1 Fred BRAUER, Carlos Castillo CHAVEZ, Mathematical Models in Population Biology and Epidemiology, éd. SPRINGER, 2001