L'annonce de la suppression du numerus clausus par la ministre française de la Santé (lire en Une) relance en Belgique le débat sur la pertinence de ce système de filtre. Ecolo - opposé au contingentement de l'offre médicale - a d'ailleurs profité de cette déclaration d'Agnès Buzyn pour réclamer la suppression du système dans notre pays. Les écologistes proposent depuis des années que le numerus clausus et les quotas Inami soient remplacés par une planification territoriale de l'offre de soins et la mise en place d'un cursus de formation pluridisciplinaire au sein d'une école de santé.
Plus fondamentalement, on peut se demander si un numerus clausus - dont les effets ne se font sentir qu'à la fin des études, soit au mieux neuf ans après l'examen d'entrée- peut s'adapter efficacement aux changements radicaux qui s'annoncent dans le secteur de la santé : nouvelle répartition des tâches entre prestataires de soins, disparition de certaines spécialités, regroupement des activités en association ou réseau, introduction progressive de l'intelligence artificielle...
D'autant plus que certains estiment que l'organisation de ce numerus clausus coûte beaucoup d'argent et est susceptible d'être régulièrement remise en question puisqu'il ne fait pas l'unanimité - loin s'en faut - au sein de la classe politique. Sans compter évidemment, le rapport de force Nord/Sud qui influence depuis des décennies ces discussions. "Puisque le numerus clausus fonctionne en Flandre, pourquoi ne pourrait-il pas fonctionner dans le reste du pays ? ", entend-on régulièrement.
Une certitude : la problématique de la pénurie relative de médecins dans certaines régions du pays ne sera pas résolue par la mise en place d'une planification de l'offre médicale via un numerus clausus. Il faut mettre en place une politique proactive qui détermine, grâce aux cadastres dynamiques de l'offre médicale, les " déserts médicaux " et pousse (oblige?) les nouveaux médecins à s'y installer temporairement.
Vincent Claes, rédacteur en chef