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Si les uns et les autres s'arc-boutent sur leur théorie voire leur idéologie, il est difficile voire impossible de trancher définitivement la querelle.Objectivement, les listes d'attente chez les spécialistes et l'importation massive de médecins étrangers ("dépréférence nationale", comme on l'entend aujourd'hui) indiquent qu'on est bien en pénurie ; en même temps, des médecins ruraux ne croulent pas forcément sous la patientèle. Il y a bien une géographie et une sociologie de la pénurie.Ce qui est clair - et on l'a vu lorsque le gouvernement a tourné casaque à propos de la clé de répartition 60/40 -, c'est que les arguments politiques l'emportent ces derniers temps sur les arguments scientifiques.Dans ce contexte, il est remarquable de voir Médecins du Monde, Solidaris, les maisons médicales, la FGTB, la CNE-CSC et santhea plaider mardi pour une forme de dérégulation du contingentement. Une solution plutôt "libérale" en l'occurrence que d'ouvrir le verrou de nos facultés de médecine et de lancer des jeunes médecins à l'assaut de bassins de soins en se disant qu'ils y trouveront bien leur place dans les soins curatifs, ou au sein des innombrables officines administratives et pharmaceutiques?Mais voilà, pour que la Flandre, pourtant bien plus libérale, se range derrière l'injonction légitime de ce consortium pain d'épice, il aurait fallu éviter trente ans de laxisme et de procrastination lorsque la pléthore sévissait et instaurer un examen d'entrée en 1996 comme les Flamands. Question de crédibilité.Enfin, ouvrir les vannes du numerus clausus obligera à multiplier les places de stages et donc leur coût dans les hôpitaux périphériques. Et rien ne dit que nos carabins, proches de leurs inclinations, choisiront les spécialités les plus en pénurie, nonobstant les sous-quotas qui les baliseront.