L'émergence de thérapies coûteuses comme les thérapies cellulaires et géniques requiert de revoir les méthodes de prévision des dépenses en médicaments. Jusqu'à présent, les prévisions reposent sur les tendances passées, sans vraiment tenir compte des nouveaux traitements (antiviraux, anti-inflammatoires, anticancéreux). Comment changer la donne? L'Inami a demandé au KCE de plancher sur le sujet. Une piste serait d'instaurer un système de suivi systématique du pipeline pharmaceutique, appelé "horizon scanning", pour anticiper l'impact des médicaments sur le budget fédéral.

Trop de pression sur le budget

L'évolution du budget des médicaments dépasse la norme de croissance: "entre 2017 et 2021, les dépenses brutes en médicaments ont connu une hausse annuelle de 5 à 7 % (7 à 17 % dans les hôpitaux)", souligne le Centre fédéral d'expertise des soins de santé. Le budget 2024 des médicaments remboursés dépasse les 6 milliards d'euros, soit 15 % des dépenses totales du fédéral en soins de santé. Or, d'ici l'an prochain, on estime que 246 nouveaux médicaments sortiront sur le marché, plus 189 extensions d'indications. Fameuse pression sur le budget!

Pour le moment, le système (Inami, à court terme, et Bureau du plan à long terme) se base la consommation de médicaments/les demandes de remboursement introduites des années écoulées. Comme si les tendances allaient se maintenir dans le futur... Pour identifier les traitements hypercoûteux et "préparer le système à leur arrivée sur le marché, le pipeline pharmaceutique doit faire l'objet d'un suivi systématique", conseille le KCE. "Connu sous le nom "horizon scanning", ce suivi est déjà réalisé à l'échelon européen (International Horizon Scanning Initiative) où la Belgique est impliquée. Un tel horizon scanning n'existe toutefois pas à l'échelon national belge, alors même qu'il peut livrer des informations cruciales concernant les produits qui seront lancés dans un avenir relativement proche."

Comment l'implémenter chez nous? Le KCE a analysé la situation actuelle et la littérature scientifique, comparé les systèmes mis en place aux Pays-Bas, en Écosse et aux États-Unis et consulté des experts belges et internationaux.Une étude pilote a ensuite été réalisée en prenant le cancer du sein à titre exemplatif.

Un mix des deux

Résultat? Il faudrait faire... les deux : combiner les projections actuelles basées sur les tendances historiques avec des prévisions issues d'un système national d'horizon scanning. "Ceci permettrait de préparer la politique du médicament pour les deux à trois années à venir", conclut le KCE. "Une équipe 'horizon scanning' à créer au sein de l'Inami identifierait les nouveaux médicaments onéreux et potentiellement disruptifs susceptibles de faire leur entrée sur le marché européen", ce qui permettrait de prévoir les futures pressions budgétaires pour en avertir les décideurs. Ce système permettrait aussi d'améliorer la sécurité et le rapport coût/efficacité des médicaments et de mieux préparer les négociations avec les firmes.

Petit bémol, cependant : il faut des mois pour disposer des données de dépenses en médicaments , alors qu'en Suède, ces dépenses sont connues après deux semaines à peine. "Des mesures législatives seraient indiquées pour assurer un accès simple et rapide aux sources d'information pertinentes", recommande le KCE. Enfin, les projections devraient être vérifiées chaque année, en les comparant avec les dépenses réelles et en identifiant les erreurs commises pour améliorer la qualité des prévisions.

L'émergence de thérapies coûteuses comme les thérapies cellulaires et géniques requiert de revoir les méthodes de prévision des dépenses en médicaments. Jusqu'à présent, les prévisions reposent sur les tendances passées, sans vraiment tenir compte des nouveaux traitements (antiviraux, anti-inflammatoires, anticancéreux). Comment changer la donne? L'Inami a demandé au KCE de plancher sur le sujet. Une piste serait d'instaurer un système de suivi systématique du pipeline pharmaceutique, appelé "horizon scanning", pour anticiper l'impact des médicaments sur le budget fédéral.L'évolution du budget des médicaments dépasse la norme de croissance: "entre 2017 et 2021, les dépenses brutes en médicaments ont connu une hausse annuelle de 5 à 7 % (7 à 17 % dans les hôpitaux)", souligne le Centre fédéral d'expertise des soins de santé. Le budget 2024 des médicaments remboursés dépasse les 6 milliards d'euros, soit 15 % des dépenses totales du fédéral en soins de santé. Or, d'ici l'an prochain, on estime que 246 nouveaux médicaments sortiront sur le marché, plus 189 extensions d'indications. Fameuse pression sur le budget!Pour le moment, le système (Inami, à court terme, et Bureau du plan à long terme) se base la consommation de médicaments/les demandes de remboursement introduites des années écoulées. Comme si les tendances allaient se maintenir dans le futur... Pour identifier les traitements hypercoûteux et "préparer le système à leur arrivée sur le marché, le pipeline pharmaceutique doit faire l'objet d'un suivi systématique", conseille le KCE. "Connu sous le nom "horizon scanning", ce suivi est déjà réalisé à l'échelon européen (International Horizon Scanning Initiative) où la Belgique est impliquée. Un tel horizon scanning n'existe toutefois pas à l'échelon national belge, alors même qu'il peut livrer des informations cruciales concernant les produits qui seront lancés dans un avenir relativement proche."Comment l'implémenter chez nous? Le KCE a analysé la situation actuelle et la littérature scientifique, comparé les systèmes mis en place aux Pays-Bas, en Écosse et aux États-Unis et consulté des experts belges et internationaux.Une étude pilote a ensuite été réalisée en prenant le cancer du sein à titre exemplatif.Résultat? Il faudrait faire... les deux : combiner les projections actuelles basées sur les tendances historiques avec des prévisions issues d'un système national d'horizon scanning. "Ceci permettrait de préparer la politique du médicament pour les deux à trois années à venir", conclut le KCE. "Une équipe 'horizon scanning' à créer au sein de l'Inami identifierait les nouveaux médicaments onéreux et potentiellement disruptifs susceptibles de faire leur entrée sur le marché européen", ce qui permettrait de prévoir les futures pressions budgétaires pour en avertir les décideurs. Ce système permettrait aussi d'améliorer la sécurité et le rapport coût/efficacité des médicaments et de mieux préparer les négociations avec les firmes.Petit bémol, cependant : il faut des mois pour disposer des données de dépenses en médicaments , alors qu'en Suède, ces dépenses sont connues après deux semaines à peine. "Des mesures législatives seraient indiquées pour assurer un accès simple et rapide aux sources d'information pertinentes", recommande le KCE. Enfin, les projections devraient être vérifiées chaque année, en les comparant avec les dépenses réelles et en identifiant les erreurs commises pour améliorer la qualité des prévisions.