La crise sanitaire est un révélateur et un facteur d'aggravation de la détresse psychologique de nombreux jeunes. Nos services de santé, débordés, ne peuvent assurer le suivi. Une commission parlementaire soumet 100 recommandations, adoptées à l'unanimité, pour répondre à l'urgence.
Lu à l'envers, " Léon " se lit " Noël ". Pourtant, quand Isabelle Félix raconte l'histoire de son fils Léon, décédé il y a près d'un an, le 26 décembre 2020, c'est l'inverse de l'idée que l'on se fait d'une fête célébrant la lumière au milieu des ténèbres.
Dans sa détresse existentielle, Léon aurait dû être accompagné par les services de santé mentale, pris en charge par la collectivité et rassuré sur sa capacité à trouver une place dans la société. Ce fut tout le contraire : il n'en était pas à sa première tentative de suicide, mais lors de cette dernière visite aux urgences, on l'a simplement laissé repartir, sans autre forme de suivi. C'est la triste réalité de services saturés.
Notre société fonctionne-t-elle à l'envers ? Certains le pensent. Pour la maman de Léon, la priorité est surtout de chercher à comprendre, informer, sensibiliser.
Notre santé mentale se met à chavirer, dès que notre vie manque de sens, de liens sociaux ou de repères. La psyché humaine est bien faite : elle cherche la plénitude. Peu surprenant, dès lors, que les confinements successifs nous bousculent à ce point !
La pandémie a touché toutes les générations. " Mais sur le plan de la santé mentale, ce sont les 13-25 ans qui ont été les plus atteints ", affirment les experts. " A l'apparition de la première vague, on s'est focalisé sur la saturation des soins intensifs, puis sur l'impact socio-économique. Les jeunes et la santé mentale ont été oubliés. "
Remédier à la détresse psychologique des jeunes requiert un maximum d'intelligence collective.
Pour tenter d'y remédier, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a mis en place, au printemps dernier, une commission sur la santé mentale des jeunes, qui clôture actuellement six mois d'auditions.
Les auditions confirment une tendance : depuis plusieurs décennies, le mal-être des jeunes va crescendo. La pandémie a amplifié cette détresse et l'a mise en lumière. Il y a toutefois une " bonne nouvelle " : les jeunes ont une formidable capacité de résilience. Reste à savoir comment l'activer.
100 propositions adoptées à l'unanimité
C'est le point de départ des 100 recommandations que la commission a adressées, à l'unanimité, ce 27 janvier, au gouvernement. Elles s'articulent autour de 3 axes : prévention, rétablissement et bien-être.
La prévention repose sur la formation et la capacité des acteurs de terrain à établir au plus tôt le diagnostic adéquat. Un baromètre de la santé mentale, reposant sur des enquêtes régulières, viendra en appui. Les jeunes doivent en outre devenir pleinement acteurs du processus. Comment ? Par la mise en place de cercles de paroles, outils extraordinaires de résilience ; en développant leur capacité à gérer leurs émotions ; par des pratiques de "pair-aidance", systématisant l'aide qu'ils s'apportent mutuellement.
En vue de faciliter le rétablissement, deuxième axe d'action, nous voulons faire tomber les tabous autour de la santé mentale. Comme le dit la maman de Léon, " malade mental, c'est une insulte. Léon avait honte de sa dépression, il l'a cachée à ses amis, alors que l'acceptation de la maladie est une des clés de son traitement. Nous en avions parlé ensemble : il aurait préféré qu'on lui détecte une tumeur au cerveau. " Nous recommandons également la mise en place de centres de référence sur le harcèlement, offrant la continuité, l'expertise et la visibilité nécessaires aux solutions existantes.
Le troisième axe vise à favoriser le bien-être. Les auditions ont souligné l'importance du lien social et la fonction protectrice de l'engagement sociétal, qu'offrent la démocratie scolaire ou des initiatives telles que le Service citoyen. "Plus l'adolescent s'engage, moins il est dans la transgression ou la tentation de s'orienter vers des comportements déviants. Un réinvestissement fort de ces liens constituera dès lors l'une des voies de résilience pour l'après-crise ", poursuivait la Professeure Fabienne Glowacz de l'ULiège.
Remédier à la détresse des jeunes requiert un maximum d'intelligence collective. Articulons efficacement le travail entre les acteurs concernés. Cherchons à bâtir une alliance éducative, incluant les parents et les jeunes. Tant d'acteurs réalisent un travail exceptionnel, mais de manière cloisonnée ; ils réclament coordination, cohérence et alignement.
Nous pouvons donner aux jeunes les ressources nécessaires pour remettre le monde à l'endroit. Les causes de leur détresse recèlent de réponses pour ce " monde d'après " qui reste à inventer.
Nicolas Janssen, Député MR à la Fédération Wallonie-Bruxelles est également initiateur et primo-rapporteur de la Commission conjointe sur la santé mentale des jeunes
Lu à l'envers, " Léon " se lit " Noël ". Pourtant, quand Isabelle Félix raconte l'histoire de son fils Léon, décédé il y a près d'un an, le 26 décembre 2020, c'est l'inverse de l'idée que l'on se fait d'une fête célébrant la lumière au milieu des ténèbres.Dans sa détresse existentielle, Léon aurait dû être accompagné par les services de santé mentale, pris en charge par la collectivité et rassuré sur sa capacité à trouver une place dans la société. Ce fut tout le contraire : il n'en était pas à sa première tentative de suicide, mais lors de cette dernière visite aux urgences, on l'a simplement laissé repartir, sans autre forme de suivi. C'est la triste réalité de services saturés.Notre société fonctionne-t-elle à l'envers ? Certains le pensent. Pour la maman de Léon, la priorité est surtout de chercher à comprendre, informer, sensibiliser.Notre santé mentale se met à chavirer, dès que notre vie manque de sens, de liens sociaux ou de repères. La psyché humaine est bien faite : elle cherche la plénitude. Peu surprenant, dès lors, que les confinements successifs nous bousculent à ce point !La pandémie a touché toutes les générations. " Mais sur le plan de la santé mentale, ce sont les 13-25 ans qui ont été les plus atteints ", affirment les experts. " A l'apparition de la première vague, on s'est focalisé sur la saturation des soins intensifs, puis sur l'impact socio-économique. Les jeunes et la santé mentale ont été oubliés. "Pour tenter d'y remédier, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a mis en place, au printemps dernier, une commission sur la santé mentale des jeunes, qui clôture actuellement six mois d'auditions. Les auditions confirment une tendance : depuis plusieurs décennies, le mal-être des jeunes va crescendo. La pandémie a amplifié cette détresse et l'a mise en lumière. Il y a toutefois une " bonne nouvelle " : les jeunes ont une formidable capacité de résilience. Reste à savoir comment l'activer.100 propositions adoptées à l'unanimitéC'est le point de départ des 100 recommandations que la commission a adressées, à l'unanimité, ce 27 janvier, au gouvernement. Elles s'articulent autour de 3 axes : prévention, rétablissement et bien-être.La prévention repose sur la formation et la capacité des acteurs de terrain à établir au plus tôt le diagnostic adéquat. Un baromètre de la santé mentale, reposant sur des enquêtes régulières, viendra en appui. Les jeunes doivent en outre devenir pleinement acteurs du processus. Comment ? Par la mise en place de cercles de paroles, outils extraordinaires de résilience ; en développant leur capacité à gérer leurs émotions ; par des pratiques de "pair-aidance", systématisant l'aide qu'ils s'apportent mutuellement.En vue de faciliter le rétablissement, deuxième axe d'action, nous voulons faire tomber les tabous autour de la santé mentale. Comme le dit la maman de Léon, " malade mental, c'est une insulte. Léon avait honte de sa dépression, il l'a cachée à ses amis, alors que l'acceptation de la maladie est une des clés de son traitement. Nous en avions parlé ensemble : il aurait préféré qu'on lui détecte une tumeur au cerveau. " Nous recommandons également la mise en place de centres de référence sur le harcèlement, offrant la continuité, l'expertise et la visibilité nécessaires aux solutions existantes.Le troisième axe vise à favoriser le bien-être. Les auditions ont souligné l'importance du lien social et la fonction protectrice de l'engagement sociétal, qu'offrent la démocratie scolaire ou des initiatives telles que le Service citoyen. "Plus l'adolescent s'engage, moins il est dans la transgression ou la tentation de s'orienter vers des comportements déviants. Un réinvestissement fort de ces liens constituera dès lors l'une des voies de résilience pour l'après-crise ", poursuivait la Professeure Fabienne Glowacz de l'ULiège.Remédier à la détresse des jeunes requiert un maximum d'intelligence collective. Articulons efficacement le travail entre les acteurs concernés. Cherchons à bâtir une alliance éducative, incluant les parents et les jeunes. Tant d'acteurs réalisent un travail exceptionnel, mais de manière cloisonnée ; ils réclament coordination, cohérence et alignement.Nous pouvons donner aux jeunes les ressources nécessaires pour remettre le monde à l'endroit. Les causes de leur détresse recèlent de réponses pour ce " monde d'après " qui reste à inventer. Nicolas Janssen, Député MR à la Fédération Wallonie-Bruxelles est également initiateur et primo-rapporteur de la Commission conjointe sur la santé mentale des jeunes