...

" Comment va notre population ? " C'est par cette question (simpliste ?) que le chef libéral de l'exécutif wallon a introduit l'une des parties les plus sensibles de son allocution sur " l'Etat de l'Union " en Wallonie mercredi au Parlement wallon : celle consacrée à la santé, et plus particulièrement à la santé mentale. Une enquête régionale sur le sujet est en cours depuis 2023, mais en attendant ses résultats, les données nationales interpellent.En 2023, un adulte belge sur cinq souffrait d'anxiété. Plus inquiétant encore : 18 % des citoyens présentaient des symptômes dépressifs, avec une prévalence particulièrement élevée chez les jeunes de 18 à 29 ans. Le ministre-président note que la période post-Covid a laissé des stigmates profonds : plus d'un jeune sur six a déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide au cours des douze mois précédents, selon une enquête menée en novembre 2023. Entre 2019 et 2023, l'usage des antidépresseurs a connu une hausse de 8 %, une augmentation marquée chez les 12-24 ans.Ces chiffres ont conduit le ministre-président à reconnaître une " urgence d'agir ", notamment en santé mentale. Il s'est engagé à revenir devant le parlement wallon dès que les résultats de l'enquête wallonne seront disponibles.Symptomatique : le ministre-président a chargé le ministre de la Santé, Yves Coppieters (Les Engagés) d'étoffer sa " feuille de route ". L'administration wallonne de la santé annonce un doublement des moyens alloués à la prévention et à la promotion de la santé. Il s'agit une fois encore de renverser la logique curative qui domine encore largement le système de soins et investir en amont pour préserver l'équilibre physique et mental des citoyens.Cette réorientation s'inscrit dans la fameuse stratégie "One Health" qui ambitionne de décloisonner les politiques de santé pour les inscrire dans toutes les dimensions de l'action publique. Sont également prévus : un meilleur accompagnement des jeunes sur les plans du bien-être et des addictions, et une " dé-stigmatisation " active de la santé mentale.En parallèle, la Wallonie entend intensifier la lutte contre les polluants (PFAS, pesticides, pollution de l'air et des sols), avec le soutien de programmes environnementaux tels que Re-use et Green Deal Eau. L'axe santé-social est renforcé par un soutien affirmé aux dispositifs de terrain comme Housing First, destinés à lutter contre la précarité par l'accès au logement.La santé figure aussi dans le second pilier du programme gouvernemental : le renforcement de la cohésion sociale. Ici, la priorité est donnée à l'accessibilité des soins et à une approche également préventive. Le gouvernement annonce vouloir garantir un accès effectif aux services publics et aux ressources essentielles, aux côtés d'autres leviers comme le logement, la transition énergétique, la mobilité et l'alimentation durable.En fin de discours hier mercredi, Édouard Dolimont a évoqué la révolution technologique majeure dont tout le monde parle désormais : celle de l'intelligence artificielle (IA), qu'il compare sans doute erronément à la machine à vapeur du XVIIIe siècle. Selon lui, le secteur de la santé -- avec la médecine, la recherche, la mobilité et l'administration -- sera profondément transformé par cette vague d'automatisation et de réinvention des métiers." Le monde de la santé et de la médecine (...) sera touché par cette révolution ", a-t-il affirmé. " Si l'IA promet des progrès spectaculaires, elle impose aussi une réflexion éthique sur la vie privée, la désinformation, et le rapport à la vérité. "Face à une situation socio-sanitaire très contrastée en Wallonie, Dolimont refuse de fuir les réalités sanitaires, aussi dures soient-elles. Il affirme vouloir les affronter en ponctuant son discours général de l'impératif " osons " : " Osons agir. Osons la prévention. Osons la transformation ". La Wallonie veut faire de la santé un levier stratégique de son redressement en toute transparence notamment budgétaire. Reste à voir si la mise en oeuvre suivra.