Consacré au burnout, le séminaire de l'Absym Bruxelles du 19 octobre a fait le plein. Les nombreux participants ont eu l'occasion de prendre connaissance d'informations pertinentes et de statistiques sur le burnout des médecins, d'échanger et de faire des propositions concrètes. La chambre syndicale bruxelloise présidée par le Dr Gilbert Bejjani compte réaliser un mémorandum sur le sujet et le défendre auprès des décideurs politiques.
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Le Dr Goffinet, membre du Réseau pluridisciplinaire du suivi et prévention de la souffrance au travail (reseauburnout.org) a souligné que le burnout est une maladie de longue durée : " Un travailleur malade sur 501 reprend progressivement le travail. Il y a deux fois plus de reprises progressives dans les grandes entreprises que les petites. 49,71% des travailleurs reprennent progressivement dans les 90 jours ; 73, 14% dans les six mois et 10% après plus d'un an d'absence. Le nombre de ruptures de contrat pour force médicale majeure s'élève à 3,14 % dans le secteur non-marchand. "Le psychiatre a également présenté un trajet de soins en réseau pour revivre après l'épuisement professionnel : d'abord, la mise au point et traitement, ensuite la phase psy, suivie de la phase de coaching. Il a aussi insisté sur la prévention des rechutes lorsque le collaborateur revient au travail : il faut préparer le retour, prévoir la présence d'un représentant des ressources humaines lors du retour, faire le point dans les trois jours qui suivent la reprise et accompagner durablement le travailleur. Il a rappelé les douze étapes du burnout (lire ci-contre) communément présentées dans la littérature.Gilbert Bejjani s'est livré à une comparaison du phénomène du burnout des médecins dans différents pays (Etats-Unis, France, Canada, Royaume-Uni). " On va dans le mur si on ne réagit pas au burnout des médecins. Le taux de suicide des médecins est également effrayant. Depuis que je travaille, j'ai connu personnellement une dizaine de suicides de confrères ces dernières années ", a-t-il témoigné.A entendre les statistiques, le burnout est une véritable crise de santé publique. Sa prévalence varie selon les études en fonction des critères retenus et des pays : 54% (Mayo Clinic), 65% (NEJM Catalyst), 78% (Physicians Foudation), 49% (méta-analyse française)...Le Dr Bejjani a également présenté le classement des médecins américains qui sont le plus en burnout. Le top dix (par ordre décroissant) est constitué des urologues, des neurologues, des spécialistes en médecine physique et réadaptation, des internistes, des urgentistes, des généralistes, des diabétologues et endocrinologues, des spécialistes en maladies infectieuses, des chirurgiens généraux et des gastroentérologues.Durant le colloque, l'assistance, fort nourrie, a posé de nombreuses questions et réagi aux exposés. La charge de travail des assistants en médecine a fait l'objet de nombreux commentaires en comparaison avec la situation des médecins qui étaient en formation par le passé. Les résultats de l'enquête du Cium sur les conditions de travail de 1.200 médecins candidats spécialistes belges francophones ont marqué les esprits. Le Dr Giovanni Briganti a expliqué que 60% des répondants estiment que le salaire n'est pas suffisant en regard des heures prestées et des responsabilités ; que 47% trouvent que le rythme de travail présente des répercussions négatives sur leur efficacité professionnelle ; que 67% aimeraient avoir plus de temps libre pour se reposer et que 81% aimeraient avoir plus de temps pour étudier/faire des recherches. Près d'un tiers des MACS déclarent avoir été en souffrance psychique ou physique (troubles cardiaques, immunitaire, fausse couche..) à cause de la formation. 6% ont reconnu avoir eu des idées suicidaires. 20 médecins francophones en formation ont fait des tentatives de suicide.Ces constats qui concernent la relève du corps médical font évidemment réfléchir. " Nous avons tous à gagner de lutter contre le burnout parce qu'il est reconnu qu'un médecin en bonne santé rend des prestations de qualité ", souligne l'Absym-Bruxelles.