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"Je connais surtout le secteur hospitalier via mes patients, puisque je suis médecin généraliste ", précise le Dr Soie Merckx au début de son exposé (1). En réalité, l'élue PTB est l'experte soins de santé pour le Parti des travailleurs de Belgique et a collaboré à l'élaboration du " Plan santé du PTB pour des soins de santé accessibles "." En Belgique, notre système de santé est accessible. Notre sécurité sociale est forte, mais nous avons de plus en plus l'émergence d'une médecine à deux vitesses, tant dans nos hôpitaux qu'en ambulatoire. Pointons la problématique des suppléments d'honoraires en chambre individuelle, des pratiques illégales dénoncées par la presse et les montants records que les patients paient. Une étude de Solidaris a également montré que les patients paient pour plus de 300 millions d'euros de suppléments d'honoraires en ambulatoire. En tant que généralistes, nous sommes confrontés de plus en plus au fait que le patient peut avoir un rendez-vous dans des délais raisonnables en consultation privée mais pas à l'hôpital. "Le PTB propose depuis 2014 la suppression des suppléments d'honoraires en chambre individuelle. Le parti estime que cette suppression apporterait une économie immédiate pour les patients et rendrait les assurances hospitalisation coûteuses quasi superflues. " Chacun doit pouvoir bénéficier de la même qualité de soins ".Pour le PTB, investir dans les soins infirmiers est une priorité. Et de rappeler qu'en Belgique, on compte onze lits par infirmière pour huit, en moyenne, en Europe. " Sur le terrain, le constat est flagrant. Quatre infirmières sur dix avouent que, si elles pouvaient revenir en arrière, elles auraient opté pour un autre métier. Or, en 2016, le " British Medical Journal " a révélé que dans les hôpitaux où les infirmières s'occupent de six patients, le taux de mortalité est inférieur de 20% à celui des hôpitaux où elles sont en charge de dix patients. Ces chiffres doivent nous alerter. En 2014, le "Lancet" publiait que chaque patient supplémentaire par infirmier augmente le risque de mortalité de 7%. "Le Dr Merckx conseille d'engager 20.000 infirmières hospitalières. " Cela ne se fera évidemment du jour au lendemain ", précise la conseillère communale à Charleroi. Ce renfort permettrait une diminution d'un tiers de la charge de travail et une augmentation d'un tiers au niveau des soins et de l'attention apportée au malade. Comment financer ces 20.000 emplois ? " Le coût salarial s'élève à un milliard d'euros. Cela semble énorme. Nous mettrons un terme aux honoraires trop élevés de certains spécialistes, ceux qui gagnent entre 500.000 euros et un million d'euros par an. Nous voulons payer à tous les spécialistes un revenu fixe décent - comparable à celui d'un professeur d'université jusqu'au double de ce montant - comme cela se passe déjà dans les hôpitaux universitaires. Ce système permettrait d'engranger une économie d'un milliard sur les huit milliards d'honoraires actuellement payés aux médecins. En changeant le monde de financement des médecins, nous pourrons mettre un terme à la " prestatite ", aux abus de la surconsommation générée par la médecine à l'acte. Ce n'est un secret pour personne qu'il faut opérer un certain nombre de genoux ou de hanches pour faire tourner la machine. De cette façon, nous pourrions également économiser 300 millions d'euros. " Et de faire référence à la fameuse étude du KCE de 2012 qui avait évalué les revenus des médecins hospitaliers et pointé de grands écarts entre les spécialités. " Cette étude est ancienne, mais il y a une omerta autour de cette question des revenus des médecins. Récemment " De Morgen " a essayé d'obtenir des chiffres mais la plupart des hôpitaux ont refusé de donner leurs chiffres. Les soins de santé sont financés par de l'argent public. Les contribuables ont le droit de savoir ce qui est dépensé exactement et où va leur argent. "Le PTB se déclare favorable à la réforme hospitalière et à une meilleure collaboration entre les institutions afin d'éviter que les mastodontes hospitaliers se fassent une concurrence stérile. " Il faut veiller à ce que suffisamment d'hôpitaux locaux soient maintenus pour assurer les soins hospitaliers de base. L'accessibilité des soins est une priorité. "Le parti dirigé par Raoul Hedebouw propose également de supprimer le numerus clausus. " Nous avons besoin de plus de personnel soignant et de médecins. Le rythme de travail des assistants doit également être allégé. "Le prix des médicaments est également dans le viseur du PTB . " Alors que les firmes pharmaceutiques font des profits énormes, de plus en plus de gens éprouvent des difficultés à payer pour leurs soins de santé. Les patients et la sécurité sociale paient le prix fort pour garantir l'enrichissement des actionnaires. Pendant ce temps, la ministre de la Santé publique, Maggie De Block, diminue le remboursement de certains médicaments et distribue des cadeaux à Big pharma. Le modèle Kiwi permettrait, via des appels d'offre, de réduire le prix des médicaments. Ce modèle pourrait aussi s'appliquer au matériel médical, dont on remarque que les prix réclamés ne sont pas liés aux coûts de production. "Sofie Merckx rappelle que durant cette législature son parti a introduit des propositions de loi pour instaurer un modèle kiwi et le recours à des licences obligatoires pour les médicaments (dans le cadre de l'article 81).A l'instar des socialistes et des écologistes, le PTB veut la gratuité en médecine générale pour le patient et créer une première ligne forte, qui sera dès lors le meilleur partenaire de l'hôpital. " Chacun et chacune doit pouvoir se rendre chez le médecin généraliste sans un euro en poche. Nous instaurons un système de tiers payant généralisé pour tous les patients, par voie digitale, avec le remboursement de ticket modérateur. D'ici 2025, nous voulons inscrire un million d'habitants dans le système au forfait. Nous stimulons les maisons médicales (comme celles de Médecine pour le peuple entre autres) où les patients peuvent recevoir de l'aide et des soins gratuitement. "