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Fondée en 2009 après le suicide de trois anesthésistes réanimateurs, la commission SMART (santé des médecins anesthésistes réanimateurs au travail) développe des outils pratiques, notamment d'auto-évaluation, pour soutenir les médecins dans leur vie professionnelle.A la base de la campagne Doc, as-tu ton doc ?, il y a ce constat : en France, environ 80% des médecins n'ont pas de médecin traitant personnel. L'objectif poursuivi, grâce à la diffusion d'une douzaine de visuels reflétant la diversité des pratiques existantes, est qu'en 2027, 100% des médecins bénéficient d'un suivi médical. Il s'agit aussi de réduire l'autodiagnostic et l'automédication car un médecin en bonne santé est un médecin qui risque moins de faire des erreurs... Soutenue par de nombreux acteurs institutionnels (une trentaine), cette campagne de longue haleine vise un véritable changement de paradigme culturel, celui de l'image du médecin en "super-héros" jamais malade, toujours d'attaque. Nos confrères du Quotidien du médecin (10/04/2017), média partenaire de la campagne, ont publié récemment une interview du Pr Eric Galam (Professeur Associé Médecine Générale Université Paris Diderot et coordonnateur de l'Association Aide Professionnelle aux Médecins Libéraux) qui a rappelé le statut paradoxal du médecin et, faisant référence au fameux curriculum caché, expliquait: "Le "bon" médecin ne se trompe pas, il n'hésite pas, il ne se dispute pas avec ses collègues ni avec ses patients et il ne se fatigue pas, même s'il travaille 30 heures d'affilée sans dormir. Surtout, il n'est pas sujet aux émotions malgré sa proximité avec les souffrances des patients et les soins qu'il est amené à leur prodiguer. Autant de règles non écrites qui l'empêchent de reconnaître les signes d'un épuisement professionnel." Néanmoins, remarque le Pr Galam, on constate une amélioration au sein de la jeune génération : il en donne pour preuve la publication du livre d'une jeune médecin, Valérie Auslender, qui publie les témoignages d'une centaine d'élèves infirmiers, aides-soignants ou internes en médecine révélant les maltraitances infligées par leur hiérarchie.La souffrance au travail, le burnout qui en est parfois la conséquence et touche de nombreux médecins : c'est l'un des trois axes de la stratégie nationale d'amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé, dont la ministre de la Santé française, Marisol Touraine a présenté le volet ambulatoire le 21 mars. Des campagnes de communication à destination des professionnels mais aussi des patients ont été annoncées. Un numéro vert a été créé par l'association Soins aux professionnels de santé (gratuit et disponible 7j/7 et 24h/24) qui, un mois après son ouverture, recensait déjà 200 appels de soignants en souffrance, comme on peut le lire sur le site pourquoidocteur.fr.L'axe dédié à la sécurité des soignants prévoit de renforcer les accords "santé-sécurité-justice", avec des fiches et guides pratiques et une collaboration renforcée avec le ministère de l'Intérieur. Enfin, troisième axe de cette stratégie, l'amélioration des conditions de pratique, avec notamment l'inclusion d'un module "qualité de vie au travail" dans les formations médicales, paramédicales et formations continues. Mais cette stratégie reste floue concernant le calendrier de mise en place de ses différents volets, et leur financement, contrairement à ce qui avait été mis en place pour le secteur hospitalier, comme le remarque le site pourquoidocteur.fr. Une attitude qui risque de démobiliser els professionnels de santé, à quelques semaines seulement des élections...