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Le Dr Derue a toujours eu cette volonté de se former et de transmettre ses connaissances. Et si elle n'avait pas été médecin, elle aurait été institutrice. A l'aube de sa pension, elle résume sa carrière, en disant " qu'elle a été très variée et qu'elle ne s'est jamais ennuyée ". Mais parmi toutes les activités réalisées, celle qu'elle a préférée c'était de former les infirmières. Et malgré un emploi du temps très chargé, où il n'y a pas vraiment de place pour les hobbies, elle a toujours veillé à garder du temps pour elle et a essayé de maintenir une vie de famille avec son mari et ses deux filles. Née en 1955 à Haine Saint Paul, le Dr Geneviève Derue a grandi dans la région de Soignies. Son goût pour la médecine, elle le doit à son médecin de famille qui lui a remis de la documentation lors d'une visite alors qu'elle cherchait son orientation professionnelle. Premier enfant à réaliser des études universitaires dans une famille qui n'était pas composée de médecins, elle a pourtant réussi tout son cursus avec la plus grande distinction.Après ses études, elle décide de poursuivre sa formation en Angleterre pour faire de la recherche clinique. Elle y sera désignée Lauréate du prix " Vocatio ". A son retour, après deux ans passés à la Clinique de Braine-Le-Comte, elle intègre le service de médecine interne de Jolimont. A la question: "pourquoi avoir choisi cette spécialité ?" Elle répond : " Je pense que je me serais ennuyée à toujours faire la même chose. J'avais une idée de la médecine assez vaste. Avant d'être médecin assistante, je n'avais de notion de la médecine que la médecine générale et cela s'est imposé naturellement".Sa spécialité, elle la trouve très belle, intéressante et variée. Selon elle, même si elle est difficile, il s'agit d'une spécialité d'avenir. Et s'il y avait un message à transmettre, ça serait de dire qu'il y a un énorme besoin d'internistes généraux s'investissant dans cette fonction. " Chaque interniste général et chaque service de médecine interne sont différents. Un service est une réponse à un besoin. Et ces besoins peuvent être différents d'un service à l'autre ", explique la spécialiste. " Lorsque j'ai commencé, le chef de service voulait quelqu'un qui connaisse bien les maladies systémiques, car à l'époque c'étaient les internistes qui s'en occupaient et non les rhumatologues. J'ai donc été me former à Londres. Par la suite, quand je suis arrivée à Jolimont, il fallait s'occuper de la diabétologie. C'était le démarrage de cette spécialité. Il fallait faire l'apprentissage aux patients et au personnel. Toute mon équipe s'est formée. Nous nous sommes investis, et après cela, les diabétologues sont arrivés. Ensuite, nous avons dû nous occuper de l'organisation de la distribution des antibiotiques. J'ai voyagé aux États Unis pour voir la façon de travailler et mettre en place une politique d'antibiothérapie. Ensuite je suis allée à Lille, où je me suis formée en antibiothérapie. Entre-temps il y a eu la problématique de l'hygiène hospitalière et nous avons été pris dans les projets pilotes du Groupe de gestion de l'antibiothérapie (GGA), car nous nous y sommes intéressés bien avant tout le monde. Aujourd'hui, nous avons un infectiologue, deux hygiénistes, et mon équipe et moi-même, nous nous sommes intéressés plus particulièrement à la nutrition. Il faut toujours se former et former les autres. Mais il est important aussi de tenir compte du fait que les projets suivent les besoins de la région et l'évolution du temps. L'interniste doit toujours s'adapter à ces besoins."" La médecine interne générale a été très malmenée au cours de ces 20 dernières années car les spécialités se sont constituées et elles ont pris de l'ampleur. Donc tout le monde s'est spécialisé et nous avons été un peu mis de côté. Mais il va falloir revenir à la médecine interne, qui est plus présente sur le terrain, stimuler la collaboration avec les spécialités médicales et intégrer les pathologies." Cette formation attire-t-elle les jeunes? Pas vraiment. " Nous avons du mal à recruter car il y a très peu de candidats formés. Les jeunes ne sont plus prêts à cela car ils préfèrent se spécialiser dans des domaines très pointus. De plus, la médecine interne générale prend du temps et demande de la patience. Il faut travailler avec tout le monde, aussi bien avec les MG que les spécialistes ou encore le personnel des services. Il est clair que nous ne sommes pas compétents dans tous les domaines mais nous travaillons en relation avec les collègues."" Nous faisons appel pour les diagnostics et les traitements à une technologie de plus en plus pointue. La médecine interne générale fait appel aux méthodes de biologies moléculaires et de génétique. Nous obtenons des diagnostics avec des techniques ultra performantes de radiologie, de Petscan, de radiologie interventionnelle entre autres. Quant aux aspects thérapeutiques, nous faisons appel aux spécialistes nécessaires pour les prises en charge adaptées. Dans un cas de cancer pulmonaire multimétastasé par exemple, nous nous adresserons à l'onco-pneumologue."Comment se passe la relation entre la spécialiste et ses patients ? Même quand ils viennent pour un problème très précis, je les examine de haut en bas et je les interroge de manière générale. Mais les patients que nous recevons maintenant ne sont pas les mêmes qu'il y a 20 ans. Avant ils venaient pour des questions bien spécifiques et de nos jours, les gens sont vraiment polypathologiques. Ils arrivent pour un problème qui n'a pas encore été trouvé. Ils savent qu'ils vont être écoutés."Le Dr Geneviève Derue a développé durant sa carrière des rapports étroits avec les médecins généralistes. " La collaboration n'est pas formalisée. Ils me connaissent. J'en ai formé comme stagiaires et nous avons des rapports interpersonnels. Nous nous appuyons. En outre, le service a toujours essayé d'organiser et de participer à des réunions de formation continue pour les MG."