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" La solidarité vient toujours à point nommé pour vous redonner le courage de vivre et de combattre, pour vous interdire de désespérer de vos semblables ", a rappelé Moncef Marzouki, opposant historique à la dictature de Ben Ali et qui lui a succédé comme président provisoire de la nouvelle République de Tunisie.En moins d'un mois, après l'immolation de Mohammed Bouazizi, le 17 décembre 2011, sans l'avoir voulu, la révolte du peuple tunisien (la " révolution de Jasmin ") a déclenché ce séisme qu'on appelle le " printemps arabe " et que d'aucuns qualifient déjà d'hiver islamiste. S'en suivit le départ de l'ancien tyran au pouvoir depuis 23 ans et de son clan mafieux, mettant fin au calvaire de tout un peuple avant la reconstruction, jusqu'à ses bases mêmes, d'un Etat de droit enfin doté d'une Constitution digne de ce nom. Processus long et difficile, toujours en cours, que le président Marzouki pilote avec abnégation et résolution.Venu assister à Bruxelles au 4e sommet entre l'Union européenne et l'Afrique, le Dr Moncef Marzouki s'est par ailleurs exprimé devant le parlement belge et à demandé au gouvernement d'annuler les dettes " odieuses " contractées sur le dos du peuple par Ben Ali pour les reconsidérer en projets d'investissements. Cette nouvelle approche de la dette en ferait une bénédiction commune au lieu de la malédiction qui continue de peser sur son pays, le privant annuellement du budget alloué à son développement régional." Transformer la dette, cela signifie tout simplement que nous pouvons construire deux fois plus de routes, d'hôpitaux, d'écoles et sortir des centaines de milliers de nos jeunes du cauchemar du chômage et d'une vie gâchée ", a relevé le président soulignant que la Tunisie traverse aujourd'hui la période la plus délicate de son histoire depuis l'indépendance et a donc un besoin urgent de solidarité des peuples démocratiques.Ce cadeau que vous fait la vie" La solidarité naît du miracle de la rencontre. Tout à coup on réalise que l'autre n'est que le moi empêtré dans d'autres difficultés de l'existence, se débattant dans une histoire autre que la mienne mais si semblable ", a fait part Moncef Marzouki. " Dans cette rencontre qui génère la solidarité, l'amour la sympathie et les sentiments de même nature, s'opère une jonction entre deux subjectivités qui se reconnaissent profondément semblables malgré toutes leurs différences apparentes et trompeuses ". Durant plus de 20 ans, la Tunisie aura vécu une traversée du désert, des années de combat riches d'enseignement, a-t-il indiqué. " C'est dans ces moments-là que vous voyez se détourner de vous beaucoup de ceux que vous avez pris pour des amis et que vous découvrez de quoi peuvent être capables vos ennemis. Mais au moment où vous vous laissez aller au désenchantement, au pessimisme et à un début de cynisme, vous découvrez que le monde est capable d'autant de générosité que de cruauté. Vous découvrez le vrai sens du mot solidarité ".Dans son discours officiel, le Dr Marzouki, psychiatre de formation, a rappelé " ce cadeau que vous fait la vie au moment où vous semblez perdre pied ", et déclaré en avoir ressenti toute la valeur, un jour d'avril 2001, où un certain Dr Michel Jehaes (MG à Ransart) l'a appelé chez lui où il était en quasi résidence surveillée depuis des années, pour soutenir son combat contre un régime tunisien policier et corrompu. " Ce fut le début d'une longue amitié avec de simples citoyens belges et qui dure à ce jour; amitié plus importante par elle-même que par tout ce qu'elle a pu réaliser ", selon Moncef Marzouki. Le président tunisien a exprimé aussi sa profonde gratitude aux Dr Marie-Paule Giaux, épouse du Dr Jehaes, Dr Patrick Jadoulle et son épouse le Dr Geneviève Jadoul, au Pr Dominique Pestiaux et au Dr Carl Vanwelde (ancien collaborateur du Jdm), tous médecins généralistes, et à tous les Belges qui l'ont soutenu, lui et son pays dans leur combat pour la démocratie.