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Certes, la tendance de nos jours est à une surenchère dans le 'tout sécuritaire', dont certains groupements politiques font, avec un certain succès, leurs choux gras. Mais est-ce à dire que l'insécurité des médecins - en particuliers généralistes - est plus prononcée qu'il y a quelques années? Je me souviens de maintes occasions où en tant que jeune médecin - ce qui nous ramène tout de même à l'époque du PS de Guy Spitaels, du CVP de Wilfried Martens et de la Volksunie, polémiquant déjà sur les livraisons d'armes de la FN à l'Arabie Saoudite -, je n'en menais pas large, lors de mes rôles de garde, face à des patients agressifs en état d'ébriété ou sous l'emprise de drogues. Parfois sur un appel des forces de l'ordre elles-mêmes, persuadées que seule l'intervention d'un médecin pouvait calmer le " patient ". Les anecdotes sont nombreuses, comme cette nuit passée à suturer un homme blessé dont je me suis rendu compte le lendemain que ces blessures avaient été encourues lors d'un " casse " quelque peu raté. Mes confrères - dont cet ami pratiquant dans une région réputée 'difficile', toujours armé au cours de ses visites nocturnes - pourront confirmer que l'époque regrettée de notre jeunesse n'était pas sans agressivité. La sécurité est actuellement un sujet très sensible, tant la commotion reste vive face aux horreurs parisiennes récentes, mais il ne faut pas oublier que deux jours avant cette nuit fatidique, nous commémorions la fin d'une répugnante boucherie qui devait récidiver une vingtaine d'années plus tard. Plus près de nous, les attentats de Septembre Noir, de la Rote Armee Fraktion et autres Brigate Rosse nous rappellent, eux aussi, que la violence est de toutes les époques. Des initiatives ont, certes, été entreprises pour tenter d'améliorer la sécurité des médecins, mais sont-elles suffisantes ou suffisamment réfléchies? C'est ce à quoi il est désormais impératif de réfléchir. La mort d'un homme mérite mieux que certains discours empreints de banalités ou d'inepties, telles " le risque zéro n'existe pas ", ou " le risque est inhérent à certains métiers ". L'objectif doit être de faire bouger les choses, notamment en faisant prendre conscience à tous que le problème est réel, et depuis trop longtemps ignoré. Cette prise de conscience plus que tardive, pourrait-elle permettre d'améliorer la situation? Nous ne pouvons que l'espérer, non sans souligner que si initiatives il y a, celles-ci devront impérativement se faire en concertation étroite avec les médecins de terrain.