Chef du service d'anesthésie au Grand hôpital de Charleroi, le Dr Lechat continue de pratiquer l'anesthésie à temps plein tout en parvenant à se ménager du temps pour participer à des missions de Médecins sans frontières dans des pays en guerre.
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Depuis juillet, le Dr Lechat, ancien coureur de fond, vient à l'hôpital à vélo depuis Marcinelle. Une façon de trouver le temps de continuer à faire du sport malgré un planning fort chargé. Diriger un service comptant 42 anesthésistes et 21 assistants n'est pas de tout repos. "Homme intelligent, aimable et diplomate, il gère son service d'une main de maître dans un gant de velours", souligne Jean-Guy Sartenaer, gynécologue et chef du pôle mère-enfant du GHdC. Le Dr Lechat reconnaît qu'il est partisan d'un management participatif. " La première fois que j'ai été chef, nous étions six dans mon service. Après la fusion de Notre-Dame avec Reine-Fabiola nous étions quinze. C'était encore relativement facile à gérer. En 2020, je terminerai mon mandat de 5 ans. Depuis 6 mois, nous nous sommes attelés en équipe, à la refonte de l'organisation du service pour mettre les bons rouages en place. Je ne souhaite pas à mon successeur la lourdeur actuelle. Il devra avoir davantage un profil de manager. La conséquence de cette évolution sera qu'il devra consacrer un mi-temps à cette tâche, l'éloignant plus de la clinique, choix qui je n'ai jamais pu me résoudre à faire".Durant sa carrière, Jean-Paul Lechat a dirigé plusieurs services (service d'anesthésie, service des urgences et bloc opératoire) du Centre hospitalier Notre Dame Reine Fabiola. Il n'est pas pour autant un gestionnaire dans l'âme. "Je suis plutôt un homme de terrain. J'ai été choisi par mes pairs pour mener une petite barque qui est devenu au fil des années un demi-paquebot, mais je n'ai pas suivi de formation spécifique en management. Il est trop tard... Je ne suis pas beaucoup dans mon bureau. Je préfère être dans les salles auprès des patients, des assistants et des collègues. Je m'occupe de la partie administrative dans les " temps-morts " du programme opératoire et le week-end."L'anesthésiste Lechat s'est spécialisé dans l'obstétrique, la pédiatrie et la traumatologie. Pour l'obstétrique, il n'a pas dû courir bien loin : Albert Van Steenberge à Sainte-Anne à Anderlecht était une référence internationale. Le chef du pôle mère-enfant de l'hôpital loue d'ailleurs son dévouement à l'égard des femmes enceintes et des enfants. "Chaque procédure est étudiée et adaptée aux situations les plus complexes." " En général, l'obstétrique ne plaît pas beaucoup aux anesthésistes parce que c'est une activité à risque, parfois conflictuelle, et qu'elle n'est pas programmable. Pour ma part, cette spécialité me plaît beaucoup", explique le Dr Lechat. L'expertise en pédiatrie, il l'a développée, tout d'abord dans le service de transplantation des Cliniques Saint Luc et ensuite au fil des contacts dans les divers hôpitaux fréquentés. La traumatologie a nécessité deux ans et demi à l'étranger, d'abord à Paris à la Pitié Salpêtrière et ensuite à la Rhur Universität Bochum après un transit de deux mois dans les " Trauma Centers " du MIEMSS de Baltimore et du Jackson Memorial Medical Center de Miami. Depuis MSF en est le grand bénéficiaire.Jean-Paul Lechat est maître de stage en anesthésie-réanimation depuis 1999. "J'ai voulu très tôt m'occuper des médecins en formation. Cela a été le fil conducteur de ma carrière. C'est pour cela aussi que j'ai dirigé le service des urgences du CHNDRF durant près de trois ans. Il manquait un superviseur des BMA et SMA. " Dans ce plus gros centre de formation en anesthésie non-universitaire wallon, son objectif constant dans l'encadrement des assistants a été la volonté d'être le complément pratique à l'enseignement théorique universitaire. Soucieux toutefois de coller à l'ambition du GHDC de mettre sur pied une unité de recherche clinique, il s'est entouré de collègues aux compétences nouvelles. Ce développement a permis parallèlement d'offrir aux assistants un accompagnement plus pointu dans l'analyse critique de la littérature médicale et la conduite encadrée d'études cliniques. Un petit plus, sans vouloir se substituer à l'Université.Des efforts qui sont payants, le service d'anesthésie est attractif. L'hôpital n'a aucune difficulté à recruter des anesthésistes."Il faut oser sortir de sa salle d'op", conseille l'anesthésiste à ses confrères. " Il faut prendre des responsabilités transversales, comme, chez nous, la gestion de la clinique de jour, la participation à la réflexion sur la construction de notre futur hôpital ou la coordination de la réhabilitation améliorée après chirurgie.""Ses congés, Jean-Paul Lechat ne les passe pas à se reposer: tantôt vous le trouverez en Afrique où il forme les infirmiers locaux aux techniques de sédation et à la lutte contre la douleur, tantôt il partira pour la Syrie ou dans un autre endroit en guerre afin de se mettre au service des blessés ", salue le Dr Jean-Guy Sartenaer. Le Dr Lechat a effectué de nombreuses missions chirurgicales avec Médecins sans vacances en Afrique et, depuis quelques années, il participe à celles organisées par MSF (Afghanistan, République Centrafricaine, Burundi. " C'est très bien organisé. Comme ces actions rassemblent des professionnels venant de tous les pays, il faut suivre le protocole à la lettre : pas de place pour des caprices."Une fois retraité, l'anesthésiste compte bien continuer cette activité. "C'est très important de former des bons professionnels. Lors de ma dernière mission à l'hôpital de Bangassou en 2019, zone précaire où les anesthésistes sont au mieux des secouristes, je n'ai fait que huit interventions sur 142 en première ligne: pour les autres, je les ai conseillés, encadrés et amenés ainsi à plus d'autonomie". En avril, le Dr Lechat partira au Yémen. "Je peux le faire parce que ma famille est "complice" de cet engagement . Au même titre qu'elle l'a été pour que j'investisse beaucoup de temps à l'hôpital."