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L'Absym s'étonne en préambule de la mise en fonction de la revue de médication. Le syndicat rappelle qu'elle avait été avalisée au Comité de l'assurance malgré les réserves du banc médical, mais qu'elle n'a été validée ni à la Concertation médico-pharmaceutique ni à la Commission médico-mut.Sur le fond, la revue de médication sous sa forme actuelle est "inacceptable" aux yeux de l'Absym, qui a essentiellement trois griefs : le médecin généraliste est insuffisamment pris en compte, il y a un risque d'atteinte à la relation médecin/patient et une potentielle responsabilité civile et pénale du médecin. "Si la revue de médication doit être maintenue, elle doit être revue et corrigée, en faisant en sorte que le patient ne soit pas au courant des propositions de modifications du schéma de médication proposées par le pharmacien qui n'ont pas été validées par le médecin et que la responsabilité du pharmacien soit également engagée", expliquent les Drs David Simon et Jos Vanhoof, administrateurs de l'Absym.Le syndicat estime que "l'organisation d'un traitement complexe chez un patient qui souffre de plusieurs problèmes intriqués nécessite la maîtrise de l'approche clinique, technique, diagnostique et thérapeutique intégrant les dimensions physiques, mentales et sociales de la santé du patient. Celle-ci résulte d'un processus long et complexe au cours duquel interviennent non seulement les médecins généralistes mais aussi les médecins spécialistes.""La particularité de la prescription off-label est une réalité qui s'ajoute à la complexité d'un équilibre souvent très fragile", ajoute l'Absym. "Elle prend en compte de nombreuses notions qui ne sont généralement pas connues du pharmacien. Par ailleurs, l'expertise dont l'APB revendique l'exclusivité en termes de maîtrise des effets secondaires, des contre-indications et des interactions des médicaments entre eux se base en fait sur un logiciel qui lance des alertes lorsqu'ils se présentent. Il se fait que ce logiciel est désormais intégré aussi aux logiciels DMI. Ceci confère au médecin une expertise identique." L'Absym demande que la procédure de la revue de médication prévoit explicitement que le patient ne soit pas informé des propositions du pharmacien, mais que seules les modifications du schéma de médication proposées par le pharmacien et validées par le médecin lui soient communiquées. La justification du syndicat ? "Si au terme d'un entretien entre le pharmacien et le médecin, ce dernier n'est pas d'accord avec les modifications proposées par le pharmacien, et que le pharmacien communique néanmoins les conclusions de sa revue de médication au patient, la relation de confiance entre le patient et le médecin sera mise à mal et le médecin risque de se retrouver en situation conflictuelle avec le patient."La pression exercée sur le médecin pourrait l'inciter à modifier un traitement qui fonctionne bien établi à l'aune de la balance risques-bénéfices non dans l'intérêt du patient mais par crainte de ce conflit, met en garde l'Absym. "Ceci pose clairement un problème de responsabilité civile et pénale. Dans la configuration actuelle, en présence de dommages résultant de la modification d'un traitement proposé par le pharmacien, c'est le médecin qui en endossera l'entière responsabilité.""À l'inverse, outre le temps que le médecin devra passer à se justifier devant le patient, si le médecin ne se rallie pas aux propositions du pharmacien, au moindre problème, le patient informé des propositions émises par le pharmacien que le médecin n'aura pas suivies attribuera à ce refus la responsabilité des dommages qu'il pourrait subir, même en l'absence de lien avec celui-ci. C'est au médecin qu'incombera la charge de la preuve." Pour l'Absym, ce n'est pas acceptable. "La responsabilité des modifications du traitement doit être endossée à la fois par le pharmacien et le médecin."