L'arrivée de Trump à la tête des États-Unis sonne le glas de toute politique ancrée sur des valeurs de solidarité et d'équité. Le système Obamacare, cette " horrible chose " selon Trump, pourrait à terme être remis en cause, bien que la menace soit reportée à plus tard, la contestation grandissant sur bien des domaines suite à son élection. Cette menace portant sur l'ébauche d'un système de solidarité pour les plus démunis aux USA doit nous amener à réfléchir sur la situation en Europe et particulièrement en Belgique.
Depuis quelques années, on ne parle plus que d'économies pour assumer les énormes intérêts de la dette nationale. L'un des moyens est la maîtrise des coûts dans les finances publiques. Les soins de santé y sont systématiquement confrontés, essentiellement au travers de mesures "d'économies linéaires". Ce type d'économie n'a d'autre substantifique moelle qu'une rationalité tactique de court terme, à l'image de l'enveloppe fermée rabotée de quelques pourcents, sans jamais intégrer une réelle politique de santé. Cette situation a empiré avec l'émiettement du budget des soins de santé vers les entités fédérées, logique de la 6ème réforme de l'état, touchant à de nombreuses compétences et sans réelle cohérence dans le morcellement dont elle a acouché. Cette nouvelle répartition coûte finalement plus cher, et d'aucuns pourraient la considérer comme la conséquence d'une absence de gestion du pays par le monde politique belge, au profit de logiques immédiates - plaire à un électorat, boucler un budget, organiser une "sortie" médiatique.
Etau
Cela fait maintenant plusieurs années que les économies sur les soins de santé se chiffrent en centaines de millions d'euros. La prévision pour 2017 est de 900 millions d'euros complémentaires : les honoraires, les médicaments, mais également 92 millions d'euros pour le budget des moyens financiers (BFM) - ce dernier étant déjà sous-financé... L'étau ne cesse de se resserrer et nous oppresse de plus en plus. Les hôpitaux tremblent, le personnel - tous corps confondus - s'inquiète de l'avenir : pourra-t-on encore garantir une qualité et une accessibilité des soins pour tous ? Les valeurs de solidarité, d'équité ou de qualité, considérées comme fondamentales en vue de la réforme du financement des hôpitaux, risqueraient à terme d'être mises à rude épreuve.
La Belgique a, depuis la fin des années 60, une politique particulièrement limitée en matière de santé. Le Cartel (GBO - MoDeS - ASGB) a quand a lui toujours défendu la nécessité de politiques ambitieuses, passant par exemple par une organisation en bassins de soins. Or, ce qui incitera les hôpitaux à se rapprocher dès demain, ce n'est pas une gestion cohérente et intelligente de l'offre de soins mais l'asphyxie économique en santé voulue par le gouvernement actuel. Il est certes de nombreuses voies pour amener du bon sens dans le système de soins, mais cela ne pourra se faire que via une réelle organisation des soins et l'utilisation ubiquitaire d'outils communs. Par exemple, il faut renforcer la cohérence et la communication avec la première ligne. Un des outils primordiaux est l'informatique, qui devrait également à termes permettre de diminuer la duplication inutile des examens techniques. Autre élément, la définition du "géographique" dans un bassin de soins est rarement liée à la distance qui sépare les acteurs... Transcender des barrières linguistiques serait par exemple une innovation.
Solidarité
La solidarité est le ciment de notre système de soins. Cette valeur n'est pas descendue du ciel : elle est le fruit de l'expérience de toute la société belge. Nous ne pouvons que nous en réjouir, même si cette volonté se traduit par des impôts et cotisations sociales élevées. Elle permet à chaque citoyen de bénéficier d'une sécurité sociale intelligente en plus de se faire soigner à des prix très raisonnables. L'accessibilité est néanmoins en perte de vitesse - à l'image du taux de report de consultation médicale pour des raisons financières, et ceci doit nous inciter à réagir. N'oublions pas qu'à l'instar de la nourriture et du logement, la santé fait partie des Droits de l'Homme, dimension humaniste dans laquelle la Belgique s'est inscrite. Néanmoins, le sentiment de plus en plus partagé est que cette solidarité est menacée. La 6ème réforme de l'état en est l'incarnation entre communautés linguistiques. La succession d'économies en matière de santé en est la suite logique et favorisera une médecine à plusieurs vitesses...
Un volet des économies concerne les acquis sociaux pour le personnel travaillant dans les hôpitaux. Ce point fait d'ailleurs référence à la manifestation du non marchand prévue le 24 novembre 2016. Non seulement, les économies demandées imposent un stress en matière de garantie d'emploi dans le secteur santé pour le personnel, mais elles contribueront aussi à dégrader les conditions de travail. Il s'agit pour le gouvernement d'asséner deux violents coups de manière concomitante. Travailler dans le secteur des soins est difficile par notre mission même, et la poursuite de ce travail ne peut se faire que dans un climat serein en ce qui concerne les conditions de son exercice. Or, suite à ces mesures, l'anxiété augmente et cela pourrait se ressentir jusque sur la qualité des soins.
Enfin, le secteur des honoraires est également touché. Cela est maintenant une habitude pour les médecins. Si une réforme des honoraires en médecine spécialisée pourrait être la bienvenue, on assistera ici encore à des économies linéaires. A force de resserrer l'étau, la convention pourrait être mise à mal, à l'image des derniers évènements en commission médico-mutuelliste. Or, la convention est l'une des pierres d'angle de cette solidarité. Face à tant de mépris pour le secteur des soins, le monde médical ne peut rester passif. Le démantèlement des soins n'est pas une politique acceptable : le monde médical doit marquer son indignation !
Depuis quelques années, on ne parle plus que d'économies pour assumer les énormes intérêts de la dette nationale. L'un des moyens est la maîtrise des coûts dans les finances publiques. Les soins de santé y sont systématiquement confrontés, essentiellement au travers de mesures "d'économies linéaires". Ce type d'économie n'a d'autre substantifique moelle qu'une rationalité tactique de court terme, à l'image de l'enveloppe fermée rabotée de quelques pourcents, sans jamais intégrer une réelle politique de santé. Cette situation a empiré avec l'émiettement du budget des soins de santé vers les entités fédérées, logique de la 6ème réforme de l'état, touchant à de nombreuses compétences et sans réelle cohérence dans le morcellement dont elle a acouché. Cette nouvelle répartition coûte finalement plus cher, et d'aucuns pourraient la considérer comme la conséquence d'une absence de gestion du pays par le monde politique belge, au profit de logiques immédiates - plaire à un électorat, boucler un budget, organiser une "sortie" médiatique.Cela fait maintenant plusieurs années que les économies sur les soins de santé se chiffrent en centaines de millions d'euros. La prévision pour 2017 est de 900 millions d'euros complémentaires : les honoraires, les médicaments, mais également 92 millions d'euros pour le budget des moyens financiers (BFM) - ce dernier étant déjà sous-financé... L'étau ne cesse de se resserrer et nous oppresse de plus en plus. Les hôpitaux tremblent, le personnel - tous corps confondus - s'inquiète de l'avenir : pourra-t-on encore garantir une qualité et une accessibilité des soins pour tous ? Les valeurs de solidarité, d'équité ou de qualité, considérées comme fondamentales en vue de la réforme du financement des hôpitaux, risqueraient à terme d'être mises à rude épreuve. La Belgique a, depuis la fin des années 60, une politique particulièrement limitée en matière de santé. Le Cartel (GBO - MoDeS - ASGB) a quand a lui toujours défendu la nécessité de politiques ambitieuses, passant par exemple par une organisation en bassins de soins. Or, ce qui incitera les hôpitaux à se rapprocher dès demain, ce n'est pas une gestion cohérente et intelligente de l'offre de soins mais l'asphyxie économique en santé voulue par le gouvernement actuel. Il est certes de nombreuses voies pour amener du bon sens dans le système de soins, mais cela ne pourra se faire que via une réelle organisation des soins et l'utilisation ubiquitaire d'outils communs. Par exemple, il faut renforcer la cohérence et la communication avec la première ligne. Un des outils primordiaux est l'informatique, qui devrait également à termes permettre de diminuer la duplication inutile des examens techniques. Autre élément, la définition du "géographique" dans un bassin de soins est rarement liée à la distance qui sépare les acteurs... Transcender des barrières linguistiques serait par exemple une innovation.La solidarité est le ciment de notre système de soins. Cette valeur n'est pas descendue du ciel : elle est le fruit de l'expérience de toute la société belge. Nous ne pouvons que nous en réjouir, même si cette volonté se traduit par des impôts et cotisations sociales élevées. Elle permet à chaque citoyen de bénéficier d'une sécurité sociale intelligente en plus de se faire soigner à des prix très raisonnables. L'accessibilité est néanmoins en perte de vitesse - à l'image du taux de report de consultation médicale pour des raisons financières, et ceci doit nous inciter à réagir. N'oublions pas qu'à l'instar de la nourriture et du logement, la santé fait partie des Droits de l'Homme, dimension humaniste dans laquelle la Belgique s'est inscrite. Néanmoins, le sentiment de plus en plus partagé est que cette solidarité est menacée. La 6ème réforme de l'état en est l'incarnation entre communautés linguistiques. La succession d'économies en matière de santé en est la suite logique et favorisera une médecine à plusieurs vitesses...Un volet des économies concerne les acquis sociaux pour le personnel travaillant dans les hôpitaux. Ce point fait d'ailleurs référence à la manifestation du non marchand prévue le 24 novembre 2016. Non seulement, les économies demandées imposent un stress en matière de garantie d'emploi dans le secteur santé pour le personnel, mais elles contribueront aussi à dégrader les conditions de travail. Il s'agit pour le gouvernement d'asséner deux violents coups de manière concomitante. Travailler dans le secteur des soins est difficile par notre mission même, et la poursuite de ce travail ne peut se faire que dans un climat serein en ce qui concerne les conditions de son exercice. Or, suite à ces mesures, l'anxiété augmente et cela pourrait se ressentir jusque sur la qualité des soins.Enfin, le secteur des honoraires est également touché. Cela est maintenant une habitude pour les médecins. Si une réforme des honoraires en médecine spécialisée pourrait être la bienvenue, on assistera ici encore à des économies linéaires. A force de resserrer l'étau, la convention pourrait être mise à mal, à l'image des derniers évènements en commission médico-mutuelliste. Or, la convention est l'une des pierres d'angle de cette solidarité. Face à tant de mépris pour le secteur des soins, le monde médical ne peut rester passif. Le démantèlement des soins n'est pas une politique acceptable : le monde médical doit marquer son indignation !