Aujourd'hui se termine la 39e édition de l'International Symposium on Intensive Care and Emergency Medicine (Isicem). Organisé par le Service des soins intensifs de l'hôpital Érasme en collaboration avec la Société Belge de soins intensifs (SIZ), l'Isicem permet de faire le point sur les progrès réalisés en médecine d'urgence et en soins intensifs dans des domaines variés de ces deux disciplines. Plus de 6.000 réanimateurs et urgentistes ont participé au plus grand congrès mondial dans le domaine. On retiendra surtout de l'événement les évolutions liées aux nouvelles technologies.
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Il arrive encore trop souvent que des malades se dégradent dans leur chambre d'hôpital, sans que le personnel s'en rende compte assez tôt. Les hôpitaux doivent avoir non seulement un système d'urgence vital (en cas d'arrêt cardiaque), mais aussi un Rapid response system (RRS) qui peut intervenir plus tôt et aider à prendre en charge les malades dont l'état se dégrade dans les salles d'hospitalisation classique." Aujourd'hui, essentiellement, c'est l'infirmière qui découvre qu'un malade se dégrade ", détaille le Pr Jean-Louis Vincent, président du comité en charge de l'organisation de l'événement. " Il faut un système de réponse rapide pour pouvoir palier une situation potentiellement problématique. "L'intelligence artificielle, par le biais d'algorithmes, permet aujourd'hui de prédire, en fonction de certains paramètres, une potentielle dégradation. Il s'agit donc d'une aide précieuse pour le personnel médical en charge, qui peut suivre le monitoring de plusieurs patients simultanément via des écrans. Cela permet de porter l'attention sur le patient qui en a le plus besoin et de délaisser, pour un temps, les autres patients qui ne doivent pas être nécessairement être réveillés toutes les demi-heures. " C'est également une manière d'optimiser les ressources ", ajoute le Dr Jacques Créteur, chef de service des soins intensifs de l'hôpital Érasme.Telle une boite-noire des données du patient, le monitiring 2.0 permet également de récolter à moindre effort les données épidémiologiques chères aux chercheurs, notamment dans la prise en charge de l'AVC.La technologie est là pour analyser les paramètres de manière non-invasive. " On parle d'une bague au doigt ou d'une smart watch, voire d'une technologie placée sous le matelas ", détaille le Pr Vincent. " Mais il faut que le signal soit suffisamment sûr et fiable pour éviter les fausses alertes ", prévient le Dr Créteur. " Pour le bien du soignant mais également pour le bien du patient à qui l'on doit éviter des alertes dans tous les sens. "" Il va falloir faire des progrès techniques ", continue le spécialiste. " Les appareils de monitoring sont légion, mais la qualité de l'enregistrement n'est franchement pas terrible. " On touche du bout du doigt la bonne technologie, mais son prix reste prohibitif, surtout à côté des applis de monitoring proposées par les smartphones qui certes sont perfectibles, mais sont gratuites." C'est un domaine potentiellement juteux pour l'industrie. De nombreuses start-up se lancent dans le domaine ", ajoute Jean-Louis Vincent. " Parfois, ceci étant, c'est un investissement à perte pour les hôpitaux. Car il y a trop d'artefacts et de fausses alarmes. "Les nouvelles technologies n'ont pas monopolisé l'ensemble des conférences du congrès. On a également parlé communication, recommandations et études.L'évolution des procédures et des protocoles permet par exemple aujourd'hui de prendre en charge un patient polytraumatisé et de le stabiliser en 20 minutes à partir de son arrivée à l'hôpital. " Cela ne nécessite pas de technologie, cela nécessite simplement d'avoir un téléphone embarqué dans l'ambulance et de mettre au point des procédures ", explique le Dr Créteur. " Il s'agit surtout de formaliser la collaboration entre urgentistes et intensivistes. Travailler de concert, c'est cela qui importe. "En outre, très attendue, une large étude multicentrique a comparé l'anesthésie par gaz inhalés à celle par agents anesthésiques intraveineux. Les résultats publiés dans le New England Journal of Medicine, ont toutefois accouché d'une souris puisqu'il n'y a pas de différences sensibles entre les deux techniques. " C'est une étude qui a sa raison d'être car les discussions sur le sujet restent nombreuses et que d'autres études expérimentales suggèrent que les gaz pourraient avoir un effet protecteur au niveau du cerveau et du coeur ", commente le Pr Vincent. " Alors que les agents intraveineux peuvent induire une dépression myocardique ", enchérit le Dr Créteur. " Il y avait un substrat physiologique correct à cette étude qui malheureusement ne se traduit pas en termes de mortalité. "