Environ 200 personnes ont assisté jeudi en fin d'après-midi, sur le campus Erasme à Anderlecht, à la cérémonie de remise par les autorités de l'Université libre de Bruxelles (ULB) des insignes de Docteure Honoris Causa à la biochimiste hongroise Katalin Karikó, figure majeure de la vaccinologie.
...
Ses recherches portant sur le développement de l'ARN messager transcrit in vitro pour les thérapies protéiques ont permis des avancées significatives dans le domaine de la création de vaccins à ARN, utilisés dans la lutte actuelle contre le Covid-19. Katalin Karikó est aujourd'hui vice-présidente de la société allemande BioNTech RNA Pharmaceuticals. Ses travaux dans le domaine sont porteurs d'avancées en ce qui concerne la recherche sur la vaccination contre les tumeurs.De nombreuses personnalités de la communauté universitaire comme l'épidémiologiste Yves Coppieters (ULB), étaient présentes à la cérémonie aux côtés de l'infectiologue Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral Covid-19, et de représentants politiques parmi lesquels le bourgmestre d'Anderlecht Fabrice Cumps."La crise que nous vivons est multiforme, et demande en retour une réponse elle aussi plurielle, où la science a un rôle à jouer, mais pas uniquement", a souligné dans son discours Marius Gilbert, vice-recteur à la recherche et à la valorisation de l'Université libre de Bruxelles. "Un rôle à la fois créatif et humble, un rôle qui lui permet à elle aussi de réexaminer sa place dans la société et son rapport à la gouvernance, à la décision politique et aux citoyens. Ce qu'il faut restaurer, c'est de la confiance. Une confiance qui elle-même ne peut être aveugle, une confiance critique et vigilante, mais une confiance malgré tout. Sans confiance, sans consensus, il n'y a ni démocratie ni science possibles".Marius Gilbert a mis en valeur le parcours exemplaire de Katalin Karikó à de multiples égards, notamment la persévérance dont elle a su faire preuve dans sa démarche scientifique et son courage face au totalitarisme. "Même après avoir réussi à quitter la Hongrie communiste, sa patrie et sa culture, même après avoir gagné les États-Unis, creuset d'une recherche scientifique des plus dynamiques, elle a dû se confronter aux difficultés d'un parcours exigeant pour une femme de science", a poursuivi le vice-recteur. "Elle est pourtant, aujourd'hui, l'une des scientifiques les plus reconnues au monde et sa contribution a été majeure pour permettre de réduire les conséquences sanitaires, sociales et économiques de la pandémie que nous subissons depuis deux ans.""La route a été longue pour arriver jusqu'ici", a confié Katalin Karikó. "Comme dans la recherche, tout ne va pas en ligne droite et il y a de nombreux détours. J'ai grandi dans une petite ville de 10.000 habitants et mes parents n'avaient pas reçu d'éducation supérieure. Pour moi, en arriver à recevoir ce degré d'honneur est donc incroyable. J'apprécie que mes dizaines années de travail soient aujourd'hui reconnues et j'ai envie d'encourager les étudiants à ne pas abandonner la poursuite de ce qu'ils veulent faire."Face à la mise en lumière soudaine de son travail avec la pandémie, elle remarque que "les acteurs des entreprises et de la communauté scientifique étaient au fait des avancées, les premières conférences sur l'utilisation de l'ARN messager remontant à 10 ans, mais nous n'avons pas éduqué le public avec les médias... Des gens ont parlé de leur peur des effets secondaires, mais les bénéfices des vaccins ont été de loin supérieurs quand on voit ce que peut entraîner une infection sans eux. Certains ne sont plus là pour en parler... Avec la diffusion de l'information, les gens vont aujourd'hui apprendre graduellement, comprendre que cette thérapie par ARN est sûre et voir les nombreuses applications cliniques en cours de développement."Belga