La cartographie d'Eurostat, publiée à l'occasion de la Journée mondiale de la santé 2025, donne à voir une Europe dans laquelle plus de huit personnes sur dix vivent à moins de 15 minutes en voiture d'un hôpital. À première vue, le chiffre est flatteur. L'image est celle d'un continent bien irrigué par ses infrastructures de soins, où les distances critiques semblent maîtrisées. C'est d'ailleurs ce que laisse entendre la présentation officielle, qui souligne une progression constante depuis vingt ans, dans la plupart des États membres.

Cependant, dans plusieurs régions d'Europe centrale ou méridionale, la promesse des 15 minutes reste hors d'atteinte. C'est le cas dans des zones rurales de Roumanie, de Bulgarie, ou dans les archipels grecs, mais aussi dans certaines provinces montagneuses du sud de l'Espagne ou du nord de l'Italie. Moins de la moitié des habitants y ont accès à un hôpital dans ce laps de temps. Eurostat le formule sans détour : " les conditions géographiques et la faible densité de population rendent difficile une couverture équitable, ce qui peut affecter directement la rapidité de prise en charge". Le constat est clair : derrière la moyenne européenne, un accès au soin à plusieurs vitesses.

Une densité hospitalière élevée... mais des écarts plus marqués qu'on ne le croit

À l'échelle européenne, la Belgique se situe dans le peloton de tête. Son maillage hospitalier dense, combiné à une urbanisation concentrée et à un réseau routier performant (quoi que l'on pense de l'état des routes), lui assure des taux d'accessibilité parmi les plus élevés de l'Union. C'est particulièrement visible dans certaines agglomérations : à Charleroi, Bruges ou encore Ypres, l'ensemble de la population vit à moins de quinze minutes d'un hôpital. Liège, Mons et Bruxelles affichent également des scores proches de la perfection, dépassant les 98 %, avec un taux de 99 % pour Mons et une couverture totale à Bruxelles.

Mais dès que l'on zoome au niveau des arrondissements (NUTS 3, lire encadré), le vernis s'écaille. Sur les quarante-trois entités belges recensées dans les statistiques d'Eurostat, dix présentent une accessibilité inférieure à 90 %, et certaines dégringolent bien en dessous. C'est le cas notable de Philippeville (28,8 %) et Diksmuide (48,7 %), les deux seuls arrondissements sous les 50%. Même dans des provinces réputées bien dotées, comme celle d'Anvers, des disparités internes émergent : l'arrondissement de Malines, par exemple, n'atteint "que" 91,7 %, tandis que Turnhout reste juste en dessous des 90 %. À Namur aussi, l'accessibilité reste incomplète, avec un taux de 89,4 %, en deçà de la moyenne nationale.

Ces écarts ne sont pas anecdotiques. Ils révèlent des fragilités durables dans le paysage des soins. Contrairement à ce que laisse entendre la moyenne nationale, la couverture géographique reste inégale. La proximité n'est pas uniforme, et l'équité dans l'accès aux soins reste une promesse plus qu'une réalité.

Une illusion d'équité ?

Une telle densité hospitalière, combinée à des chiffres nationaux flatteurs, pourrait faire croire à un système sans faille. Les cartes d'Eurostat montrent une Belgique densément maillée, majoritairement dans les tons verts, indicateurs de performance. Mais derrière cette représentation rassurante, on l'a dit, se cache une série de biais. L'accessibilité mesurée est exclusivement géographique : il s'agit du temps estimé pour rejoindre un hôpital en voiture, dans des conditions normales de circulation. Ce critère ne tient ni compte de l'heure de la journée, ni de l'existence d'un réseau de transports publics adapté, ni des capacités réelles de prise en charge une fois le seuil de l'hôpital franchi.

"L'indicateur ne mesure ni la qualité ni la disponibilité effective des services. Il ne tient pas compte de l'accès pour les personnes non motorisées", confesse Eurostat. Autrement dit, on peut vivre à dix minutes d'un hôpital, sans pouvoir y accéder facilement, et sans y trouver les soins recherchés. La proximité n'est pas une garantie de qualité ni de prise en charge immédiate. Une maternité peut avoir été fermée, un service de soins intensifs déplacé, un service d'urgence saturé.

En Belgique, cette dissociation entre distance et accès réel se manifeste notamment dans les structures satellites des réseaux hospitaliers. Certaines structures assurent encore une présence physique mais ont vu leurs plateaux techniques, voire leurs services d'hospitalisation, être transférés ailleurs dans le cadre de la réforme du paysage hospitalier et des réseaux, aujourd'hui encore au point mort. Les patients, eux, voient parfois l'hôpital rester en façade, mais la capacité réelle s'éroder peu à peu. Le seuil reste proche, mais la réponse s'éloigne.

"L'accessibilité géographique est une condition nécessaire, mais non suffisante", souligne Eurostat.

Des poches d'éloignement bien réelles, même en Belgique

"Même dans les pays aux taux d'accessibilité les plus élevés, certaines régions périphériques ou montagneuses affichent des valeurs nettement inférieures", remarque Eurostat. Ce constat s'incarne aussi dans certaines zones belges. Virton (52,7 %), Philippeville (28,8 %), Marche-en-Famenne (56,5 %) ou encore Neufchâteau (62,5 %) affichent des taux d'accessibilité à moins de 15 minutes qui les placent très en deçà non seulement de la moyenne nationale, mais aussi de la moyenne européenne. On reste ici dans des territoires belges où la distance à l'hôpital devient, objectivement, un facteur de risque.

Ces chiffres ne sont pas le fruit du hasard : ils concernent essentiellement le sud de la province de Namur et la majorité de la province de Luxembourg. Relief plus accidenté, habitat dispersé, axes routiers plus rares ou sinueux : le maillage y est plus difficile à maintenir, et les temps de trajet s'allongent malgré la présence d'infrastructures hospitalières dans les villes principales. L'accessibilité n'est plus alors une simple question de kilomètres, mais de configuration du territoire.

La carte européenne montre que ces contrastes ne sont pas propres à la Belgique. Des zones rurales d'Italie, de Grèce ou de Slovaquie affichent elles aussi une accessibilité inférieure à 50 %, parfois bien davantage. Dans ces régions, l'éloignement est structurel, ancien, et souvent aggravé par l'effondrement des services de transport ou la désertification démographique. Eurostat n'y va pas par quatre chemins : "Ces disparités territoriales peuvent induire une perte de chance pour les patients dans les cas de soins urgents ou spécialisés."

La menace silencieuse des réorganisations hospitalières

Si l'accessibilité géographique semble relativement assurée dans une majorité de régions belges et européennes, une autre dynamique vient bousculer cette réalité apparente : celle des réorganisations hospitalières. Depuis une dizaine d'années, plusieurs pays de l'Union ont engagé des processus de rationalisation de leur offre hospitalière, invoquant la qualité des soins, la maîtrise budgétaire et l'efficience des équipements. En France, des dizaines de services d'urgences ont été convertis, recentrés ou tout simplement fermés. En Allemagne, des établissements de petite taille ont fusionné ou disparu, laissant certaines zones rurales sans point d'ancrage hospitalier.

La Belgique a choisi une voie plus graduelle. La création des réseaux hospitaliers locorégionaux a permis d'organiser la répartition des missions entre institutions, d'éviter les redondances, de mutualiser certaines fonctions. Mais ce mouvement a aussi conduit, dans les faits, à une centralisation de certains services - urgences spécialisées, pédiatrie, soins intensifs - dans un nombre plus restreint de sites. Dans plusieurs provinces wallonnes ou flamandes, des patients doivent désormais parcourir davantage de kilomètres pour accéder à un plateau technique complet, même si le bâtiment "hôpital" est toujours là.

"La centralisation peut améliorer la qualité clinique, mais si elle n'est pas accompagnée d'alternatives concrètes de transport ou de première ligne, elle aggrave les inégalités territoriales", met en garde Eurostat, sans citer de pays en particulier. L'alerte est claire : l'accessibilité ne se mesure pas seulement à la présence d'un hôpital, mais à la capacité effective d'y obtenir les soins nécessaires. Un service qui ferme, ce n'est pas toujours un hôpital qui disparaît. Mais c'est parfois un trajet plus long pour un accouchement, une prise en charge différée pour un AVC, ou une minute de trop face à un infarctus. Et cela, les cartes d'Eurostat ne le mesurent pas encore.

Une première ligne absente des indicateurs mais centrale dans l'accès aux soins

L'un des angles morts des rapports d'Eurostat est sans doute le plus structurant : aucun indicateur ne mesure l'accès aux soins de première ligne. L'infrastructure hospitalière est visible, cartographiable, quantifiable. Ce n'est pas le cas du maillage ambulatoire, pourtant essentiel dans le fonctionnement des systèmes de santé européens. Or c'est bien là, dans la relation avec un généraliste, une maison médicale ou un centre de santé mentale, que se joue souvent l'accès réel aux soins.

En Belgique, cette dimension est centrale. Le généraliste est le pivot du système. Mais dans plusieurs zones rurales wallonnes, ce maillage est en tension. Le KCE, la Fédération des maisons médicales, les syndicats médicaux ou encore Sciensano alertent régulièrement sur les pénuries croissantes de généralistes, notamment dans les zones à faible densité ou à population vieillissante. Certains patients se retrouvent sans médecin traitant, ou contraints d'attendre plusieurs semaines pour un rendez-vous de base. Dans ces conditions, même la proximité d'un hôpital ne garantit rien. Elle peut au contraire traduire un contournement : quand la première ligne est absente, les urgences deviennent la porte d'entrée par défaut.

Eurostat n'ignore pas cet enjeu. Dans ses conclusions, l'institut rappelle que "l'accessibilité géographique est une condition nécessaire, mais non suffisante pour garantir un accès effectif aux soins." Il invite à regarder au-delà des cartes, à considérer la complexité des parcours de soins. Et à ne pas confondre proximité et accessibilité.

Sources

  • Eurostat (7 avril 2025). Health care accessibility: 83% of EU's population live within 15-minute drive of a hospital.Eurostat (2024).
  • Health statistics at regional level.Eurostat (2024).
  • Regional Yearbook 2024 - Chapter 2: Health. Données NUTS 3.

NUTS, de quoi parle-t-on ?

Les données régionales utilisées par Eurostat reposent sur la nomenclature NUTS (Nomenclature of Territorial Units for Statistics), qui permet de comparer les territoires entre pays européens :

NUTS 1 : le pays (ex. : Belgique)

NUTS 2 : grandes régions (ex. : Région wallonne, flamande, Bruxelles-Capitale)

NUTS 3 : provinces ou arrondissements (ex. : Liège, Hainaut, Anvers, Philippeville)

La cartographie d'Eurostat, publiée à l'occasion de la Journée mondiale de la santé 2025, donne à voir une Europe dans laquelle plus de huit personnes sur dix vivent à moins de 15 minutes en voiture d'un hôpital. À première vue, le chiffre est flatteur. L'image est celle d'un continent bien irrigué par ses infrastructures de soins, où les distances critiques semblent maîtrisées. C'est d'ailleurs ce que laisse entendre la présentation officielle, qui souligne une progression constante depuis vingt ans, dans la plupart des États membres.Cependant, dans plusieurs régions d'Europe centrale ou méridionale, la promesse des 15 minutes reste hors d'atteinte. C'est le cas dans des zones rurales de Roumanie, de Bulgarie, ou dans les archipels grecs, mais aussi dans certaines provinces montagneuses du sud de l'Espagne ou du nord de l'Italie. Moins de la moitié des habitants y ont accès à un hôpital dans ce laps de temps. Eurostat le formule sans détour : " les conditions géographiques et la faible densité de population rendent difficile une couverture équitable, ce qui peut affecter directement la rapidité de prise en charge". Le constat est clair : derrière la moyenne européenne, un accès au soin à plusieurs vitesses.À l'échelle européenne, la Belgique se situe dans le peloton de tête. Son maillage hospitalier dense, combiné à une urbanisation concentrée et à un réseau routier performant (quoi que l'on pense de l'état des routes), lui assure des taux d'accessibilité parmi les plus élevés de l'Union. C'est particulièrement visible dans certaines agglomérations : à Charleroi, Bruges ou encore Ypres, l'ensemble de la population vit à moins de quinze minutes d'un hôpital. Liège, Mons et Bruxelles affichent également des scores proches de la perfection, dépassant les 98 %, avec un taux de 99 % pour Mons et une couverture totale à Bruxelles.Mais dès que l'on zoome au niveau des arrondissements (NUTS 3, lire encadré), le vernis s'écaille. Sur les quarante-trois entités belges recensées dans les statistiques d'Eurostat, dix présentent une accessibilité inférieure à 90 %, et certaines dégringolent bien en dessous. C'est le cas notable de Philippeville (28,8 %) et Diksmuide (48,7 %), les deux seuls arrondissements sous les 50%. Même dans des provinces réputées bien dotées, comme celle d'Anvers, des disparités internes émergent : l'arrondissement de Malines, par exemple, n'atteint "que" 91,7 %, tandis que Turnhout reste juste en dessous des 90 %. À Namur aussi, l'accessibilité reste incomplète, avec un taux de 89,4 %, en deçà de la moyenne nationale.Ces écarts ne sont pas anecdotiques. Ils révèlent des fragilités durables dans le paysage des soins. Contrairement à ce que laisse entendre la moyenne nationale, la couverture géographique reste inégale. La proximité n'est pas uniforme, et l'équité dans l'accès aux soins reste une promesse plus qu'une réalité.Une telle densité hospitalière, combinée à des chiffres nationaux flatteurs, pourrait faire croire à un système sans faille. Les cartes d'Eurostat montrent une Belgique densément maillée, majoritairement dans les tons verts, indicateurs de performance. Mais derrière cette représentation rassurante, on l'a dit, se cache une série de biais. L'accessibilité mesurée est exclusivement géographique : il s'agit du temps estimé pour rejoindre un hôpital en voiture, dans des conditions normales de circulation. Ce critère ne tient ni compte de l'heure de la journée, ni de l'existence d'un réseau de transports publics adapté, ni des capacités réelles de prise en charge une fois le seuil de l'hôpital franchi."L'indicateur ne mesure ni la qualité ni la disponibilité effective des services. Il ne tient pas compte de l'accès pour les personnes non motorisées", confesse Eurostat. Autrement dit, on peut vivre à dix minutes d'un hôpital, sans pouvoir y accéder facilement, et sans y trouver les soins recherchés. La proximité n'est pas une garantie de qualité ni de prise en charge immédiate. Une maternité peut avoir été fermée, un service de soins intensifs déplacé, un service d'urgence saturé.En Belgique, cette dissociation entre distance et accès réel se manifeste notamment dans les structures satellites des réseaux hospitaliers. Certaines structures assurent encore une présence physique mais ont vu leurs plateaux techniques, voire leurs services d'hospitalisation, être transférés ailleurs dans le cadre de la réforme du paysage hospitalier et des réseaux, aujourd'hui encore au point mort. Les patients, eux, voient parfois l'hôpital rester en façade, mais la capacité réelle s'éroder peu à peu. Le seuil reste proche, mais la réponse s'éloigne."Même dans les pays aux taux d'accessibilité les plus élevés, certaines régions périphériques ou montagneuses affichent des valeurs nettement inférieures", remarque Eurostat. Ce constat s'incarne aussi dans certaines zones belges. Virton (52,7 %), Philippeville (28,8 %), Marche-en-Famenne (56,5 %) ou encore Neufchâteau (62,5 %) affichent des taux d'accessibilité à moins de 15 minutes qui les placent très en deçà non seulement de la moyenne nationale, mais aussi de la moyenne européenne. On reste ici dans des territoires belges où la distance à l'hôpital devient, objectivement, un facteur de risque.Ces chiffres ne sont pas le fruit du hasard : ils concernent essentiellement le sud de la province de Namur et la majorité de la province de Luxembourg. Relief plus accidenté, habitat dispersé, axes routiers plus rares ou sinueux : le maillage y est plus difficile à maintenir, et les temps de trajet s'allongent malgré la présence d'infrastructures hospitalières dans les villes principales. L'accessibilité n'est plus alors une simple question de kilomètres, mais de configuration du territoire.La carte européenne montre que ces contrastes ne sont pas propres à la Belgique. Des zones rurales d'Italie, de Grèce ou de Slovaquie affichent elles aussi une accessibilité inférieure à 50 %, parfois bien davantage. Dans ces régions, l'éloignement est structurel, ancien, et souvent aggravé par l'effondrement des services de transport ou la désertification démographique. Eurostat n'y va pas par quatre chemins : "Ces disparités territoriales peuvent induire une perte de chance pour les patients dans les cas de soins urgents ou spécialisés."Si l'accessibilité géographique semble relativement assurée dans une majorité de régions belges et européennes, une autre dynamique vient bousculer cette réalité apparente : celle des réorganisations hospitalières. Depuis une dizaine d'années, plusieurs pays de l'Union ont engagé des processus de rationalisation de leur offre hospitalière, invoquant la qualité des soins, la maîtrise budgétaire et l'efficience des équipements. En France, des dizaines de services d'urgences ont été convertis, recentrés ou tout simplement fermés. En Allemagne, des établissements de petite taille ont fusionné ou disparu, laissant certaines zones rurales sans point d'ancrage hospitalier.La Belgique a choisi une voie plus graduelle. La création des réseaux hospitaliers locorégionaux a permis d'organiser la répartition des missions entre institutions, d'éviter les redondances, de mutualiser certaines fonctions. Mais ce mouvement a aussi conduit, dans les faits, à une centralisation de certains services - urgences spécialisées, pédiatrie, soins intensifs - dans un nombre plus restreint de sites. Dans plusieurs provinces wallonnes ou flamandes, des patients doivent désormais parcourir davantage de kilomètres pour accéder à un plateau technique complet, même si le bâtiment "hôpital" est toujours là."La centralisation peut améliorer la qualité clinique, mais si elle n'est pas accompagnée d'alternatives concrètes de transport ou de première ligne, elle aggrave les inégalités territoriales", met en garde Eurostat, sans citer de pays en particulier. L'alerte est claire : l'accessibilité ne se mesure pas seulement à la présence d'un hôpital, mais à la capacité effective d'y obtenir les soins nécessaires. Un service qui ferme, ce n'est pas toujours un hôpital qui disparaît. Mais c'est parfois un trajet plus long pour un accouchement, une prise en charge différée pour un AVC, ou une minute de trop face à un infarctus. Et cela, les cartes d'Eurostat ne le mesurent pas encore.L'un des angles morts des rapports d'Eurostat est sans doute le plus structurant : aucun indicateur ne mesure l'accès aux soins de première ligne. L'infrastructure hospitalière est visible, cartographiable, quantifiable. Ce n'est pas le cas du maillage ambulatoire, pourtant essentiel dans le fonctionnement des systèmes de santé européens. Or c'est bien là, dans la relation avec un généraliste, une maison médicale ou un centre de santé mentale, que se joue souvent l'accès réel aux soins.En Belgique, cette dimension est centrale. Le généraliste est le pivot du système. Mais dans plusieurs zones rurales wallonnes, ce maillage est en tension. Le KCE, la Fédération des maisons médicales, les syndicats médicaux ou encore Sciensano alertent régulièrement sur les pénuries croissantes de généralistes, notamment dans les zones à faible densité ou à population vieillissante. Certains patients se retrouvent sans médecin traitant, ou contraints d'attendre plusieurs semaines pour un rendez-vous de base. Dans ces conditions, même la proximité d'un hôpital ne garantit rien. Elle peut au contraire traduire un contournement : quand la première ligne est absente, les urgences deviennent la porte d'entrée par défaut.Eurostat n'ignore pas cet enjeu. Dans ses conclusions, l'institut rappelle que "l'accessibilité géographique est une condition nécessaire, mais non suffisante pour garantir un accès effectif aux soins." Il invite à regarder au-delà des cartes, à considérer la complexité des parcours de soins. Et à ne pas confondre proximité et accessibilité.Sources