Avec Chinese Utopias Revisited - Elephants, Bozar présente un panorama de la peinture chinoise contemporaine dont le plus célèbre représentant est sans conteste Liu Xiaodong, valeur sûre sur le marché de l'art international. Porte-drapeau de cette " nouvelle génération " d'artistes chinois nous l'avons rencontré en marge de l'exposition bruxelloise. Extraits choisis de cette interview dont vous lirez l'intégralité dans le Jdm de ce vendredi.
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Le Jdm: Quelle est l'influence du réalisme socialiste dans votre peinture? - C'est le contexte majeur en arrière-fond de cette génération d'artistes qui a grandi avec lui. Le réalisme socialiste n'est pas basé sur l'expérience ou les sentiments personnels. Il s'agit plus de la compréhension des faits sociaux. Après des années de dessin au beau milieu de cette idéologie, dans les années quatre-vingts, nous avons réalisé à quel point ce serait important et puissant d'exprimer nos propres expériences et sentiments avec la peinture. Nous sommes la première génération à nous rendre compte de cela.- Nous pensons en Occident, au travers du cas d'Ai Weiwei, que l'art n'est pas libre en Chine? -C'est compliqué. Il y a des difficultés, mais pas au sens où vous l'imaginez à l'Ouest. Nous faisons face à des problèmes lorsque par exemple si nous louons un studio et que les autorités découvrent que nous avons du succès, ils vont chercher tous les moyens pour augmenter le loyer et vous mettre à la porte. Ce sont donc plutôt des tracasseries pratiques. Bien sûr, les sujets politiques mettent de la pression sur chacun et ont une influence d'une manière ou d'une autre. Mais ce n'est pas totalement restreint. Certains artistes peuvent avoir des réactions plus provocantes face à cette pression, mais il ne s'agit jamais de pressions directes quoi qu'il en soit.- Le confucianisme a t il une grande influence sur l'art chinois d'aujourd'hui? - Le confucianisme coule dans les veines de chacun et cela devient de plus en plus évident en vieillissant. Passés quarante ans... on en revient à la sagesse confucianiste bien plus profonde et ancienne que le communisme.- Peut-on affirmer que la peinture en Chine est plus qu'un art, mais quasiment une philosophie? - Oui, c'est une pratique fondamentale, qu'il s'agisse de l'encre de Chine, ou de la peinture à l'huile. C'est toujours la même philosophie, la même sagesse qui est en arrière-fond.- A propos de lumière, Edward Hopper est-il une influence dans votre travail? - On ne peut distinguer l'influence de l'un ou l'autre artiste. C'est un peu comme se promener dans un parc rempli de fleurs et d'arbres. On peut y sentir différentes odeurs fortes, des essences, mais sans que l'on puisse déterminer celle qui vous inspire ou vous affecte. Tout est mélangé. Mais je sais quelle est la meilleure part de chaque artiste. Et dans le cas de Hopper, j'admire son habileté à utiliser la lumière, et l'âme qui transpire de ses peintures ainsi que l'équilibre entre la technique et l'absence de technique, ce qui est la preuve que cette technique a été digérée et oubliée, en quelque sorte. Je suis très conscient des qualités de chaque artiste; c'est comme si dans ce parc je voulais faire grandir un petit arbuste à côté des grands arbres...