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Vendredi passé, le JDM avait visité, avec Médecins sans vacances, les hôpitaux de la ville congolaise de Bukavu et de ses environs. Cette semaine, nous accompagnons Lumière pour le monde à Lubumbashi et à Kolwezi.Après un vol fatiguant de deux jours, avec étapes, nous arrivons enfin à Lubumbashi. La ville compte quelque trois millions d'habitants et borde la Zambie. Nous y visitons, entre autres, l'hôpital St-Yvonne, soutenu par Lumière pour le monde depuis 2009. A la base, cet établissement faisait partie de l'hôpital St-Bernadette, établissement historique de la région.St-Yvonne est aujourd'hui entièrement autonome : management, finances, entretien, etc. Les patients atteints de troubles ophtalmologiques parcourent parfois 180 km pour venir ici, souvent à pied d'ailleurs. Admission, gestion administrative, diagnostique, traitement et fabrication des verres et des lunettes se déroulent ici, dans l'enceinte de l'hôpital. Jusqu'à 140 paires de lunettes et montures y sont fabriquées chaque jour. Les verres proviennent d'Inde ou du Kenia. Comparé à la plupart des établissements du Congo, St Yvonne fait figure d'exemple, probablement parce que l'ophtalmologie est l'une des activités médicales les plus lucratives dans ce pays pauvre. Lumière pour le monde réinvestit par contre tous les gains dans le fonctionnement de l'hôpital, ce qui n'est évidemment pas le cas des cliniques d'ophtalmologie privées de Lubumbashi, la plupart du temps tenues par des Indiens.A leur arrivée à St Yvonne, les patients se rendent tout d'abord en consultation. Le médecin pose le diagnostique et redirige le patient vers le service adapté : la pharmacie, si le trouble peut être traité par voie médicamenteuse, le service "réfraction", où l'opticien pose les verres adaptés, ou encore le département chirurgie. Le quartier opératoire de St Yvonne compte un chef de service, trois chirurgiens, un anesthésiste et trois membres du personnel infirmier. 10 à 15 opérations sont réalisées ici chaque jour. Les patients arrivent le soir, passent la nuit à l'hôpital et sont opérés le jour suivant.Dans le cas où un échantillon nécessite une analyse complémentaire, en cas de présomption de rétinoblastome par exemple, l'hôpital l'envoie par colis DHL dans un laboratoire de Londres. St Yvonne reçoit ensuite les résultats dans les trois semaines. En un claquement de doigt, comparé aux six mois nécessaires par le passé pour obtenir les informations. Quant à l'accessibilité financière pour le patient et l'hôpital, celle-ci ne serait pas possible sans l'aide de cet ophtalmologue anglais à la retraite, qui donne non seulement deux à trois formations par an aux chirurgiens locaux, mais qui a également accès au laboratoire londonien.Tarifs sociauxLa plupart des patients de St Yvonne sont trop pauvres pour assumer financièrement une intervention chirurgicale. Le service social est donc là pour calculer, sur la base de critères objectifs, la part à payer. En cas d'incapacité totale de paiement, l'hôpital opère gratuitement. Vu sa localisation (commune de Katuba-Kananga, l'un des quartiers les plus pauvres de Lubumbashi), il n'existe, en plus des salles réservées aux femmes et aux hommes, qu'une seule chambre privée.Enfin, l'hôpital dispose aussi d'un low vision departement (section pour les malvoyants, ndt), destiné aux enfants de moins de 16 ans et sollicité, la plupart du temps, pour des troubles de la cataracte, de la vue ou des problèmes de strabisme.