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Commençons outre-Manche. Les travaillistes ont clairement axé leur campagne électorale sur le sauvetage des services publics britanniques, le NHS en tête. Autrefois un modèle, le NHS souffre aujourd'hui. Comme partout, ce sont la pénurie, les temps d'attente extrêmement long aux urgences, ou simplement pour avoir un rendez-vous, qui minent le système de santé. Les travaillistes ont promis des temps d'attente réduit, plus de prévention et une première ligne renforcée. Auront-ils les moyens de leurs ambitions ?En Belgique, c'est encore peu clair. En Wallonie, un gouvernement est attendu dans les prochains jours. Au Fédéral, l'Arizona (N-VA, MR, CD&V, Les Engagés et Vooruit) mettra plus de temps à former un gouvernement. Entre autres parce que les uns veulent faire des économies sur la santé, alors que les autres l'excluent. Si on peut espérer que la santé soit au centre des préoccupations wallonnes, et que la vision des Engagés de ne pas faire d'économies prévaut - sans mauvais jeu de mots - ce n'est pas le cas au Fédéral. La santé passe au second plan, derrière la réforme fiscale, l'énergie, la réforme du marché de l'emploi et, vu le contexte géopolitique actuel, la sécurité. La question demeure donc chez nous : devra-t-on demain faire mieux avec moins de moyens, soit passer de l'efficience à la cure d'austérité pure et dure ? Outre-Quiévrain enfin, c'est le flou total. Aucun parti n'a la majorité absolue. Pourtant, le Nouveau front populaire (NFP), arrivé en tête, entend appliquer tout son programme. C'est qu'en France, malheureusement, le compromis est presque une insulte. Le pays est donc ingouvernable. Le pays doit devenir une vraie république parlementaire, c'est-à-dire opérer un changement profond de sa culture politique, qui est davantage présidentielle. Se belgiciser en quelque sorte. En santé, les enjeux sont sérieux, avec, comme partout, un système de santé public sous financé et un manque de personnel. À cela s'ajoute la présence de déserts médicaux. Le pouvoir en place a déjà oeuvré pour contrer la pénurie (numerus apertus), mais les politiques prises porteront leurs fruits dans plusieurs années. Et le personnel soignant ne peut attendre. Le NFP entend donc, dans son programme, augmenter les effectifs de l'hôpital public, de la santé et du médico-social tout en revalorisant les salaires. Il entend aussi conditionner l'ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence des soins à la participation à la permanence des soins et à la garantie d'un reste à charge zéro pour le patient. Ambitieux, mais comment financer une telle politique sans creuser la dette ? Quel que soit le pays, l'heure est aux questions et non aux réponses. L'avenir dira quel sera le sort réservé à la santé.