Les soins de santé sont un bien précieux. J'en suis convaincue. Protéger les patients, soutenir les professionnels de soins, permettre le développement d'infrastructures de qualité et investir dans l'innovation, c'est primordial. Et ce n'est pas insurmontable même quand la situation économique est défavorable. Je peux en attester.
Malheureusement, la politique qui est menée aujourd'hui ne va pas du tout dans ce sens et je le déplore profondément. Le Gouvernement a, en effet, décidé de faire porter le tiers de l'effort budgétaire à réaliser sur la sécurité sociale et spécifiquement sur les soins de santé. Notre sécurité sociale qui est pourtant reconnue internationalement et qui est l'essence même de la cohésion de notre pays.
Aujourd'hui, ce sont plus de 900 millions d'économies qui devront être réalisés dans les soins de santé en 2017, soit près de 4 milliards à l'horizon 2019. Et malgré les belles promesses de la ministre Maggie de Block qui répète à l'envi depuis sa prise de fonction en 2014 que le patient ne sera pas touché, nous le savons, il le sera et de plus en plus durement.
Lorsqu'on sait que près d'un patient sur cinq reporte déjà certains soins par manque de moyens financiers et qu'un belge sur cinq présente un risque de pauvreté, les mesures d'économies injustes de Madame De Block auront sans aucun doute des effets désastreux sur bon nombre de citoyens.
Médicaments plus chers
Ainsi, après avoir augmenté le coût de la visite chez certains spécialistes, c'est à présent les antibiotiques que les patients devront payer plus cher. Le prix à la pharmacie sera plus que doublé pour les bénéficiaires ordinaires. Pire, il sera parfois quadruplé pour les bénéficiaires de l'intervention majorée, c'est-à-dire les plus précarisés. Alors que, nous le savons tous, la Ministre aussi, ce n'est pas de cette façon qu'elle réduira la consommation problématique d'antibiotiques dans notre pays. S'il faut en effet encadrer leur prescription, s'il faut continuer à sensibiliser les citoyens, avec cette mesure, ce sont bien uniquement les patients à qui l'on aura prescrit des antibiotiques - dans certains cas tout à fait à raison - qui paieront plus cher leur addition à la pharmacie.
Mais ce n'est pas tout. La ministre va également mettre fin au remboursement des corticostéroïdes nasaux. Cela, dit-elle, pour réduire le risque de surconsommation de décongestionnants nasaux en vente libre mais plus nocifs pour la santé. Comme pour les antibiotiques, je n'y crois pas une seconde, il s'agit d'une décision purement économique et certainement pas de santé publique.
Et avec ces mesures, la facture médicaments des patients va quant à elle augmenter d'environ 9 %.
Ce qui est dramatique c'est également la manière avec laquelle ce Gouvernement ne cesse de s'en prendre aux plus fragiles dans le cadre des économies à réaliser. Ainsi, il est prévu une indexation du Maximum à facturer. En relevant ce seuil, certains patients qui ont des frais de santé très élevés comme les malades chroniques ne pourront plus être remboursés.
Par ailleurs, Madame de Block a décidé de geler les nouvelles demandes de reconnaissance pour l'ouverture de maison médicale. Cette décision - idéologique sans doute - constitue également un blocage de l'accès aux soins de santé pour les patients les plus précarisés. Faut-il rappeler que sont aujourd'hui près de 350.000 Belges qui sont soignés via ce système - souvent forfaitaire - et que ce chiffre ne cesse d'augmenter d'année en années ? Le Gouvernement s'empresse de prendre des décisions pour trouver de millions sans même réfléchir aux conséquences qu'elles pourraient avoir puisqu'on peut légitimement penser qu'il y aura un report de coûts vers les soins de première ligne, à l'acte, ainsi que des coûts en deuxième ligne.
Les hôpitaux trinquent
Et puis, il y a toutes ces économies sur les hôpitaux. J'avais lancé avec beaucoup d'enthousiasme lors de la législature précédente la réforme du financement hospitalier. Cette réforme devait permettre de trouver des solutions aux problèmes de sous-financement de l'ensemble de nos hôpitaux. Si des économies devaient être dégagées, il était clair, à l'époque, qu'elles devaient être réinjectées dans le secteur. Aujourd'hui, nous sommes dans une toute autre logique. L'objectif est de faire des économies à tout va alors qu'on sait la santé de certains hôpitaux déjà très fragiles. La Ministre de la Santé prévoit d'ailleurs 92 millions d'économies en 2017. Outre les économies linéaires sur le BMF (Budget des Moyens Financiers), les pistes avancées sont fort peu réjouissantes : suppression du financement pour les pansements actifs, suppression de plus de 4000 lits agrées, suppression de services de maternité, de services d'urgences, de services de soins intensifs. Dans le même temps, elle compte diminuer les primes de recyclage qui permettent justement aux hôpitaux de réorganiser leurs services en préservant l'emploi. Incompréhensible.
Et si la mise en place de réseaux n'est bien évidemment pas inintéressante, elle doit être intelligemment opérée et s'accompagner de balises importantes. C'est tout le contraire des mesures envisagées aujourd'hui qui auront inévitablement de tristes répercussions sur l'emploi au sein des hôpitaux mais aussi sur les patients qui verront soit la qualité des soins diminuer, soit les tarifs augmenter via des suppléments, soit leur accessibilité mise à mal.
Enfin, il y également ces économies impressionnantes sur les honoraires : Plus de 250 millions.
Je sais que les professionnels du secteur avaient accepté de participer à l'effort puisqu'ils n'avaient pas subi le même saut d'index que celui des autres travailleurs. Il faut vraiment les saluer pour cela. Mais, Madame de Block leur en demande plus. Encore plus. Je peux donc comprendre leur ras-le bol. Et ce que je craignais se confirme. L'accord médico-mut est dénoncé de toutes parts. Et cela va à nouveau indirectement toucher les patients en termes d'accessibilité financière aux soins. C'est vraiment dommage.
J'entends aussi la colère des pharmaciens. On leur supprime des honoraires censés couvrir certaines charges administratives alors que, dans le même temps, le Gouvernement leur demande d'être plus axés vers les patients afin notamment de les guider dans le bon usage du médicament. Madame de Block veut vraiment tout. Le beurre et l'argent du beurre...
Rupture de confiance
A l'entame de la législature, le Gouvernement Michel a diminué la norme de croissance des soins de santé à 1,5 %. Soit. Il avait promis de la respecter. Mais il n'a pas tenu promesse puisque nous serons à peine à 0,5 % en 2017. Quand on voit qu'à nouveau le budget n'a pas pu être approuvé par le Conseil général de l'Inami, cela veut tout dire, il me semble.
Si j'ai dû moi-même réaliser de larges économies dans les soins de santé par le passé, je me suis toujours battue pour que les patients ne soient jamais touchés, pour que les professionnels de soins soient toujours soutenus. Mais aussi pour que des initiatives nouvelles puissent être réalisées. Avec le précédent Gouvernement, nous y étions parvenus : je pense à la mise en place du Plan Cancer, aux mesures prises pour aider les médecins généralistes, à la création du Fonds des accidents médicaux, à la revalorisation du métier d'aide-soignant, à la baisse de prix de plus de 2.500 médicaments...
Aujourd'hui, on sent une véritable rupture de confiance. A juste titre. J'ai moi aussi cette impression que nos soins de santé manquent d'air, qu'ils étouffent. La norme de croissance qu'on leur impose n'est pas tenable. Elle n'offre aucune perspective pour l'avenir et je crains sincèrement que cette politique de soins de santé ne permette pas de répondre convenablement aux besoins futurs des citoyens. Les seules perspectives sont les économies, encore et toujours. Et, malheureusement, encore et toujours plus injustes !
Malheureusement, la politique qui est menée aujourd'hui ne va pas du tout dans ce sens et je le déplore profondément. Le Gouvernement a, en effet, décidé de faire porter le tiers de l'effort budgétaire à réaliser sur la sécurité sociale et spécifiquement sur les soins de santé. Notre sécurité sociale qui est pourtant reconnue internationalement et qui est l'essence même de la cohésion de notre pays.Aujourd'hui, ce sont plus de 900 millions d'économies qui devront être réalisés dans les soins de santé en 2017, soit près de 4 milliards à l'horizon 2019. Et malgré les belles promesses de la ministre Maggie de Block qui répète à l'envi depuis sa prise de fonction en 2014 que le patient ne sera pas touché, nous le savons, il le sera et de plus en plus durement. Lorsqu'on sait que près d'un patient sur cinq reporte déjà certains soins par manque de moyens financiers et qu'un belge sur cinq présente un risque de pauvreté, les mesures d'économies injustes de Madame De Block auront sans aucun doute des effets désastreux sur bon nombre de citoyens.Ainsi, après avoir augmenté le coût de la visite chez certains spécialistes, c'est à présent les antibiotiques que les patients devront payer plus cher. Le prix à la pharmacie sera plus que doublé pour les bénéficiaires ordinaires. Pire, il sera parfois quadruplé pour les bénéficiaires de l'intervention majorée, c'est-à-dire les plus précarisés. Alors que, nous le savons tous, la Ministre aussi, ce n'est pas de cette façon qu'elle réduira la consommation problématique d'antibiotiques dans notre pays. S'il faut en effet encadrer leur prescription, s'il faut continuer à sensibiliser les citoyens, avec cette mesure, ce sont bien uniquement les patients à qui l'on aura prescrit des antibiotiques - dans certains cas tout à fait à raison - qui paieront plus cher leur addition à la pharmacie. Mais ce n'est pas tout. La ministre va également mettre fin au remboursement des corticostéroïdes nasaux. Cela, dit-elle, pour réduire le risque de surconsommation de décongestionnants nasaux en vente libre mais plus nocifs pour la santé. Comme pour les antibiotiques, je n'y crois pas une seconde, il s'agit d'une décision purement économique et certainement pas de santé publique. Et avec ces mesures, la facture médicaments des patients va quant à elle augmenter d'environ 9 %. Ce qui est dramatique c'est également la manière avec laquelle ce Gouvernement ne cesse de s'en prendre aux plus fragiles dans le cadre des économies à réaliser. Ainsi, il est prévu une indexation du Maximum à facturer. En relevant ce seuil, certains patients qui ont des frais de santé très élevés comme les malades chroniques ne pourront plus être remboursés. Par ailleurs, Madame de Block a décidé de geler les nouvelles demandes de reconnaissance pour l'ouverture de maison médicale. Cette décision - idéologique sans doute - constitue également un blocage de l'accès aux soins de santé pour les patients les plus précarisés. Faut-il rappeler que sont aujourd'hui près de 350.000 Belges qui sont soignés via ce système - souvent forfaitaire - et que ce chiffre ne cesse d'augmenter d'année en années ? Le Gouvernement s'empresse de prendre des décisions pour trouver de millions sans même réfléchir aux conséquences qu'elles pourraient avoir puisqu'on peut légitimement penser qu'il y aura un report de coûts vers les soins de première ligne, à l'acte, ainsi que des coûts en deuxième ligne.Et puis, il y a toutes ces économies sur les hôpitaux. J'avais lancé avec beaucoup d'enthousiasme lors de la législature précédente la réforme du financement hospitalier. Cette réforme devait permettre de trouver des solutions aux problèmes de sous-financement de l'ensemble de nos hôpitaux. Si des économies devaient être dégagées, il était clair, à l'époque, qu'elles devaient être réinjectées dans le secteur. Aujourd'hui, nous sommes dans une toute autre logique. L'objectif est de faire des économies à tout va alors qu'on sait la santé de certains hôpitaux déjà très fragiles. La Ministre de la Santé prévoit d'ailleurs 92 millions d'économies en 2017. Outre les économies linéaires sur le BMF (Budget des Moyens Financiers), les pistes avancées sont fort peu réjouissantes : suppression du financement pour les pansements actifs, suppression de plus de 4000 lits agrées, suppression de services de maternité, de services d'urgences, de services de soins intensifs. Dans le même temps, elle compte diminuer les primes de recyclage qui permettent justement aux hôpitaux de réorganiser leurs services en préservant l'emploi. Incompréhensible. Et si la mise en place de réseaux n'est bien évidemment pas inintéressante, elle doit être intelligemment opérée et s'accompagner de balises importantes. C'est tout le contraire des mesures envisagées aujourd'hui qui auront inévitablement de tristes répercussions sur l'emploi au sein des hôpitaux mais aussi sur les patients qui verront soit la qualité des soins diminuer, soit les tarifs augmenter via des suppléments, soit leur accessibilité mise à mal.Enfin, il y également ces économies impressionnantes sur les honoraires : Plus de 250 millions. Je sais que les professionnels du secteur avaient accepté de participer à l'effort puisqu'ils n'avaient pas subi le même saut d'index que celui des autres travailleurs. Il faut vraiment les saluer pour cela. Mais, Madame de Block leur en demande plus. Encore plus. Je peux donc comprendre leur ras-le bol. Et ce que je craignais se confirme. L'accord médico-mut est dénoncé de toutes parts. Et cela va à nouveau indirectement toucher les patients en termes d'accessibilité financière aux soins. C'est vraiment dommage. J'entends aussi la colère des pharmaciens. On leur supprime des honoraires censés couvrir certaines charges administratives alors que, dans le même temps, le Gouvernement leur demande d'être plus axés vers les patients afin notamment de les guider dans le bon usage du médicament. Madame de Block veut vraiment tout. Le beurre et l'argent du beurre...A l'entame de la législature, le Gouvernement Michel a diminué la norme de croissance des soins de santé à 1,5 %. Soit. Il avait promis de la respecter. Mais il n'a pas tenu promesse puisque nous serons à peine à 0,5 % en 2017. Quand on voit qu'à nouveau le budget n'a pas pu être approuvé par le Conseil général de l'Inami, cela veut tout dire, il me semble.Si j'ai dû moi-même réaliser de larges économies dans les soins de santé par le passé, je me suis toujours battue pour que les patients ne soient jamais touchés, pour que les professionnels de soins soient toujours soutenus. Mais aussi pour que des initiatives nouvelles puissent être réalisées. Avec le précédent Gouvernement, nous y étions parvenus : je pense à la mise en place du Plan Cancer, aux mesures prises pour aider les médecins généralistes, à la création du Fonds des accidents médicaux, à la revalorisation du métier d'aide-soignant, à la baisse de prix de plus de 2.500 médicaments...Aujourd'hui, on sent une véritable rupture de confiance. A juste titre. J'ai moi aussi cette impression que nos soins de santé manquent d'air, qu'ils étouffent. La norme de croissance qu'on leur impose n'est pas tenable. Elle n'offre aucune perspective pour l'avenir et je crains sincèrement que cette politique de soins de santé ne permette pas de répondre convenablement aux besoins futurs des citoyens. Les seules perspectives sont les économies, encore et toujours. Et, malheureusement, encore et toujours plus injustes !