Face à un déficit historique de 20 millions d'euros pour l'année 2022, l'Hôpital universitaire de Bruxelles (HUB) tente par tous les moyens de faire des économies de bouts de chandelle au détriment du personnel soignant.
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Les hôpitaux belges sont dans une situation alarmante. Ce constat a récemment été confirmé par l'analyse sectorielle Maha de Belfius. À la tête d'une de ces institutions en crise - le HUB (Erasme, Bordet, HUDERF) -, Renaud Witmeur (encarté PS) déclare dans la presse que " face à un déficit de 20 millions d'euros, notre volonté n'est pas de réduire les coûts ". Une fois en Conseil d'entreprise, il dira que " la bonne nouvelle, c'est qu'on fait pire que les autres hôpitaux et qu'on peut donc agir sur les causes de notre mauvais bilan ". Une gestion de crise cynique s'annonce -- bien loin semble-t-il des enjeux de progrès social vitaux pour un secteur hospitalier en souffrance. Dans une volonté de réduction des coûts, la direction du HUB cible d'abord les plus vulnérables. Les jeunes médecins sont particulièrement touchés, voyant leurs avantages historiques, comme leurs congés payés, disparaître. Des modifications de contrats entraînant des pertes salariales importantes, ne sont d'ailleurs communiquées que quelques jours avant la prise de poste. Parallèlement, des coupes budgétaires sévères affectent les services critiques, notamment les soins intensifs, avec une réduction du personnel soignant.Un exemple particulièrement parlant : l'acharnement de la direction du HUB pour récupérer les primes de ses jeunes médecins. Ces primes, conçues pour compenser l'augmentation des coûts de la vie, seront versées directement aux médecins par le SPF Santé, dans une démarche délibérée visant à soutenir directement les professionnels de santé au grand dam de M. Witmeur qui souhaite une rétrocession de celles-ci. Pourtant, en réponse à la crise économique touchant les hôpitaux, le ministre de la Santé a annoncé une mesure d'urgence : une enveloppe supplémentaire de 80 millions d'euros pour le premier semestre 2023, destinée spécifiquement à pallier la hausse des coûts énergétiques. Cette subvention exceptionnelle vient également s'ajouter aux subsides déjà octroyés aux établissements de soins.À son arrivée en 2022, Renaud Witmeur affirmait sa préoccupation pour le personnel soignant : " (l)a seule inquiétude que j'ai concerne le personnel : le manque de médecins, le manque d'infirmières et de technologues... Nous avons là un véritable problème ". Ses actes ultérieurs révèlent cependant un contraste frappant. À l'image de la casse sociale opérée à NLMK, sa gestion du HUB questionne la sincérité de ses préoccupations. Ses décisions seraient-elles influencées par d'autres priorités, bien éloignées de l'empathie initialement exprimée ?Effectivement, Renaud Witmeur persiste et signe. Ignorant les appels au bon sens et un rappel à l'ordre ministériel de M. Vandenbroucke, il adresse un courrier autoritaire au personnel soignant, cosigné par son comité directeur et prétendant une concertation, juste avant l'échéance de la complétion des informations bancaires. L'objectif est clair : oblitérer la fronde pour précipiter la décision des soignants de rétrocéder leurs primes.Au fond, que représente une prime de 1.000 euros lorsqu'on annonce des revenus de 821.412,55 euros en 2020 ? Qualifié de 'roi du cumul' par la presse en 2022, le manager socialiste accumule une soixantaine de mandats. Mais qu'en est-il des administrateurs publics ? Ni l'Université libre de Bruxelles et sa rectrice Schaus - dont la majorité des MSF travaillant au HUB est issue - ni la Ville de Bruxelles - ayant attribué un budget de 5 millions d'euros au HUB en 2022 - et M. Close (PS), pourtant membres du conseil d'administration du HUB et sollicités par nos soins, n'ont à ce jour réagi. Parallèlement, nos hôpitaux voient s'empiler les couches de gouvernance politico-administrative coûteuses, tandis que leurs gestionnaires, à l'image de Renaud Witmeur, se préservent des politiques d'austérité qu'ils imposent au soignant. L'étude Maha de cette année souligne une réalité déconcertante : les soignants ne représentent plus que 53 % de la masse salariale de nos institutions de soins, laissant la part belle aux personnels administratifs, toujours en croissance. Mais quelle est la proportion de ce personnel administratif qui supporte directement les missions essentielles de l'hôpital ? Quelle est la charge salariale et l'investissement dédié aux directions, conseils d'administration et tiers de représentation des nébuleuses des faîtières, associations et fédérations hospitalières ?Les mesures d'économie du HUB, visant à réduire modestement son déficit de 20 millions d'euros, se font au prix fort : le bien-être du personnel, la qualité des conditions de travail et, finalement, celle des soins aux patients. Ce conflit entre nécessités financières et éthique doit être abordé pour maintenir l'intégrité et la motivation des soignants, mais aussi l'attractivité de nos hôpitaux désertés des professionnels de la santé épuisés. Les pratiques actuelles du HUB insufflées par son gestionnaire M. Witmeur ne sont que le symptôme d'un système de santé malade ; elles confirment nos craintes antérieures sur l'influence politico-administrative dans la gestion des soins de santé, rappelant d'autres affaires problématiques dans notre pays.