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Le comité Nobel considère que " ces découvertes sont des révolutions qui ont fourni à l'humanité de nouveaux moyens puissants pour lutter contre ces maladies qui touchent des centaines de millions de personnes chaque année. Les conséquences en termes d'amélioration de la santé humaine et de réduction de la souffrance sont incommensurables. "William Campell et Satoshi Comura, qui ont reçu la moitié du prix (850.000 euros), ont été récompensés pour leurs travaux ayant abouti à la découverte d'une substance originale, l'avermectine, dont les dérivés se sont montrés très actifs dans le traitement de la filariose et de l'onchocercose, tout en montrant une efficacité contre un nombre de plus en plus grand d'autres maladies parasitaires.L'avermectine et ses dérivés agissent en bloquant la transmission de l'influx nerveux et de la contraction musculaire en stimulant la libération et la fixation de l'acide ?-aminobutyrique (GABA) au niveau des terminaisons nerveuses. Les filarioses sont des nématodoses tissulaires dues à des vers filiformes blancs, transmises par des arthropodes, largement répandues dans le monde (un milliard de sujets exposés, plus de 200 millions de personnes atteintes). Les espèces filariennes décrites chez l'homme sont au nombre de neuf et se répartissent selon leur impact en santé publique en filarioses majeures (pathogènes) et filarioses mineures (peu ou pas pathogènes).La filaire de Bancroft provoquant la filariose lymphatique (oedèmes des membres, éléphantiasis...) est la plus répandue. L'onchocercose ou volvulose est une filariose cutanéo-dermique due à Onchocerca volvulus. Elle est grave par ses complications oculaires (cécité des rivières) et constitue par la nuisance de son vecteur, un obstacle important au développement des zones rurales irriguées et fertiles, où elle sévit à l'état endémique.Youyou Tu, 84 ans, remporte l'autre moitié de ce prix. Elle était depuis un certain temps déjà sur la liste des nobelisables pour sa découverte d'un traitement s'inspirant de la médecine traditionnelle chinoise, efficace contre le paludisme : il s'agit d'un extrait de la plante armoise annuelle, l'artémisinine.L'artémisinine est une lactone sesquiterpénique portant un groupe peroxyde qui semble être la clé de son efficacité. Elle bloquerait une enzyme qui permet au parasite de pomper le calcium et l'empêchant ainsi de se développer.La molécule de peroxyde réduite de l'artémisinine, réagit avec le fer des globules rouges pour créer des radicaux libres qui, à leur tour, détruisent les membranes du parasite ou de certaines cellules cancéreuses et les tuent. À noter cependant que la présence de toute substance protégeant des dommages radicalaires (antioxydant) pourrait contrarier son efficacité.La chercheuse chinoise est la douzième femme à être récompensée par le Nobel de médecine depuis la création du prix en 1901.