Le nombre de médecins étrangers travaillant en Belgique est passé de 4 % en 2000 à 14 % aujourd'hui, ce qui représente un peu plus de 10.000 médecins, selon les quotidiens flamands Het Laatste Nieuws et De Morgen sur base de chiffres de l'OCDE.
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Selon les quotidiens flamands Het Laatste Nieuws et De Morgen sur base de chiffres de l'OCDE, 10.071 médecins titulaires d'un diplôme étranger travaillent officiellement en Belgique, soit deux fois plus qu'il y a dix ans. Ces praticiens représentent une proportion croissante du nombre total de médecins dont dispose la Belgique : en 2000, c'était 4 %, en 2011 10 % et aujourd'hui, 14 %." Quiconque obtient un diplôme de médecine en Pologne ou au Portugal, par exemple, peut l'utiliser pour travailler chez nous ", explique le Pr Dirk Devroey, professeur en Médecine générale (VUB), dans la presse néerlandophone de ce lundi.D'où viennent ces médecins formés à l'étranger ? Pas uniquement des pays voisins : la France et les Pays-Bas occupent les deux premières places, avec respectivement 1.620 et 1.590 médecins qui exercent en Belgique. La Roumanie est juste derrière, avec 1.558 médecins. D'autres pays d'Europe de l'Est (Pologne, Bulgarie) et du Sud (Portugal) comptent également un nombre croissant de médecins sur le territoire belge, de même que des pays en dehors de l'UE. Les médecins congolais ont par exemple été plus nombreux à venir travailler en Belgique au cours des trois dernières années (+73) qu'au cours de la décennie précédente (+68), et le nombre de médecins libanais (87) a atteint un niveau record.Les statistiques officielles masquent toutefois une partie de la réalité. " Une grande partie de notre corps médical est composée d'individus de plus de 65 ans ", analyse le Pr Devroey. " C'est environ un tiers. À l'OCDE, ils sont tous comptabilisés comme médecins actifs mais en réalité, ce sont souvent des médecins qui travaillent à un rythme plus lent. Les médecins étrangers sont souvent relativement jeunes. Si l'on applique cette correction aux chiffres, la proportion de médecins étrangers s'élève à environ un sur quatre. "Dans certaines disciplines, le nombre de médecins venus de l'étranger deviendrait majoritaire. Le Pr Devroey déplore par ailleurs que beaucoup de ces médecins ne parlent pas, ou mal, le néerlandais. C'est surtout dans la périphérie bruxelloise que la situation deviendrait problématique. " Si l'évolution se poursuit, il sera de plus en plus difficile d'y consulter un médecin en néerlandais ", estime Dirk Devroey. " Aux Pays-Bas, les médecins doivent passer un test linguistique avant de pouvoir exercer. Pourquoi ne pas faire de même ? Nous devrions également réfléchir au quota que nous imposons à nos étudiants. Seul un nombre limité de citoyens belges est autorisé à entamer des études de médecine chaque année, mais pour les médecins étrangers, nous ne relevons aucun seuil. "Les quotas de médecins au niveau fédéral et flamand ont déjà été augmentés, mais ils devraient l'être plus rapidement pour compenser le vieillissement du corps médical actuel et pallier également le fait que les jeunes travaillent moins d'heures pour préserver un équilibre avec leur vie privée.Le ministre Vandenbroucke n'a pas tardé à réagir, expliquant qu'il voulait des règles linguistiques plus strictes pour les médecins. Il existe déjà des législations en la matière, mais elles pourraient être plus concluantes, selon le vice-Premier ministre Vooruit. En juin, il a demandé à son administration de préparer des modifications réglementaires afin de pouvoir exiger la connaissance d'une des langues nationales. Mais les règlementations européennes doivent aussi être prises en compte. Dès lors, il s'agira d'une seule des trois langues nationales, et la proportionnalité jouera également. En d'autres mots, tous les prestataires de soins ne se verront pas imposer les mêmes exigences linguistiques, en particulier ceux qui n'entrent pas ou à peine en contact avec des patients. Le ministre rappelle aussi qu'il a relevé le quota de médecins pour la deuxième année consécutive. "Les entités fédérées ont fait savoir avant l'été qu'elles suivraient cette proposition. Je les appelle donc à utiliser au mieux leur compétence en matière de sous-quota afin de former suffisamment de médecins généralistes, de psychiatres, de gériatres et autres. De cette manière, nous pourrons éliminer les pénuries dans un certain nombre de disciplines".